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L’homme qui veut sauver Atos !

Axel Ruckert est tout sauf un amateur. C’est l’un des plus grands restructurateurs d’entreprises. En plusieurs décennies, il a remis en selle de nombreux canards boiteux bien mal en point comme Philips Téléphonie mobile, Chapelle d’Arblay, BSN Glasspack ou Bull.

Entreprendre - L’homme qui veut sauver Atos !

Ce matin, entre café et croissant, Axel Ruckert m’explique avoir un plan pour sauver Atos. Le fleuron de l’informatique français (11 milliards d’euros de chiffre d’affaires) sur lequel Bruno Le Maire indique vouloir désormais « utiliser tous les moyens à sa disposition pour préserver les activités stratégiques » (sic).

Ancien consultant chez McKinsey, Ruckert conseille et exhorte Bercy à refuser tout démantèlement. « Il vaut mieux chercher des partenaires minoritaires stratégiques par type d’activité. Et puis surtout remobiliser les 110 000 salariés en les associant avec un prix privilégié sur les actions. Leur proposer d‘investir par exemple 1000 € chacun dans le capital. Tout repose sur eux... » Il n‘a rien à reprocher au nouveau dirigeant Jean-Pierre Mustier à qui Ruckert a déjà exposé son plan : « sauf qu‘on ne redresse pas un tel groupe à mi-temps, entre la France et l’Italie. Une telle mission impose une mobilisation de tous les instants. Le manager doit se confronter à toutes les idées. Et son bureau doit être ouvert en permanence avec un discours basé sur la qualité d‘exécution. Pragmatisme oblige, un seul leitmotiv: peu importe les états d’âmes, priorité aux solutions. »

Passer de la théorie à l’exécution. C’est l’obsession d’Axel Ruckert, passablement lassé des énarques du microcosme financier parisien (il en a tellement vus à l’œuvre), « enfermés au siège et qui ne voient jamais ni une usine, ni un ouvrier et encore moins un client ! » Le discours est enlevé. Il n‘y a pas une minute à perdre. Les banquiers d’affaires et les grands cabinets d‘avocats internationaux lorgnent déjà avec envie sur la grande bête blessée de l’informatique tricolore.

Ruckert est convaincu qu‘il faut tout faire pour maintenir l’intégrité d‘Atos en l’état quitte à nationaliser au moins pour une période limitée. Il a même contacté Bruno Le Maire pour ce faire et attend un rendez-vous. Je lui suggère de voir au plus vite aussi David Layani, le nouveau champion du service informatique avec One Point qui ne cache plus ses ambitions. David me répond directement sur son portable, son accord pour le rencontrer. Ne nous y trompons. De telles grandes manœuvres nous concernent tous au premier chef. Elles conditionnent la souveraineté et la puissance économique de notre pays pour les années à venir. En quittant la brasserie des Fontaines, Porte de Saint-Cloud, je garde en mémoire le mot du plus français des patrons allemands et du plus allemand des dirigeants français: «Il y en a marre des paroles, place à l’exécution!» C’est tellement vrai et dans tous les domaines. Regardez autour de vous…

Robert Lafont


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2 commentaires sur « L’homme qui veut sauver Atos ! »

  1. Bonjour, bravo, enfin une proposition intelligente, et française!!
    La honte des dirigeants d’Atos qui n’informent pas les actionnaires grugés
    Les énarques ont largement foutu par terre notre pays, stop!
    Une nationalisation temporaire !
    Cordialement Jean Pierre Renaud

    Répondre
  2. L’idée que nous, les employés, devrions sortir 1000 balles de notre poche est complètement à côté de la plaque, surtout quand on sait que la boîte est radine au point de gratter sur les primes annuelles, qui dépassent à peine les 50 euros. Et ne parlons même pas des primes de 1000 euros qui nous passent sous le nez, alors qu’elles nous seraient normalement dues. Autant dire que la confiance en nos chefs est au niveau zéro, surtout avec leur blabla habituel en réunion, où on a l’impression d’assister à un show de motivation bon marché, alors qu’ils sont complètement déconnectés de la réalité (le fameux : Tout va bien ne vous inquiétez pas ! Sérieusement ? Tu penses qu’on est si con que ça ?!!)

    On a beau avoir un des meilleurs centres HPC de France, voire d’Europe, ça ne change rien au fait que ceux qui tiennent les rênes sont dans leur bulle, avec des salaires bien dodus, pendant que nous, on galère au quotidien. Entre les clients qui commencent à douter sérieusement de nous à cause de ce qu’ils lisent dans les journaux, et les fournisseurs à qui on doit de l’argent parce que la boîte est devenue un mauvais payeur notoire ne veulent plus livrer sans paiement, c’est le cirque complet.

    Franchement, à un moment donné, si les têtes pensantes ne se bougent pas pour remonter le moral des troupes, le navire va couler encore plus vite. Et rappelons-le, ce n’est pas eux qui rament, c’est nous : les employés, les chefs d’équipe, et tous les autres qui tiennent la baraque au quotidien.

    Ce qu’il nous faut vraiment, c’est un bon coup de balai pour virer tous les chefs inutiles (et Dieu sait qu’ils sont nombreux !) et se concentrer à fond sur nos points forts : la cyber et le HPC. C’est là qu’on est vraiment bons, et c’est là-dessus qu’il faut miser à fond !

    Répondre

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