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Les sondages vont-ils nous voler l’élection présidentielle ?

Entreprendre - Les sondages vont-ils nous voler l’élection présidentielle ?

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La question mérite d’être posée tant les estimations de vote deviennent prégnantes dans le débat public. Observez bien ce qui s’est passé ces derniers temps.

Il y a quelques semaines pour la primaire des Républicains, les instituts, comme un seul homme, nous ont dit que Xavier Bertrand était le mieux à même de l’emporter au final. Une position enviable dont se servait habilement le président des Hauts- de-France pour demander à être désigné sans vote. Avec le recul, Il n’est pas neutre de remarquer que ce dit candidat naturel était aussi celui qui était le plus souhaité par le pouvoir en place, Emmanuel Macron et le mouvement En Marche.

Patatras, on a vu les résultats des militants LR infirmer complètement ces prévisions. Pourtant dans les débats, Xavier Bertrand a plutôt fait bonne figure, mais si bien de ses postures restaient des postures et que cela se voyait. Les électeurs LR ne se sont pas fait dicter leurs choix et ont placé Éric Ciotti, candidat souvent vilipendé dans les médias, en tête de leurs suffrages. Le message sur l’insécurité et l’immigration sera-t-il suffisamment repris par Valérie Pécresse ?

Les habiles combinaisons des sondeurs

Sa spectaculaire percée, avec plus de 10 points acquis en 4 jours, suite à sa désignation a de quoi interroger également. Nos instituts ne favorisent-ils pas par d’habiles combinaisons des candidats qui au final vont dans la direction du système ou des pouvoirs en place. Le gouvernement avec les moyens du SIG (Service d’Information du Gouvernement) dispose en la matière d’un moyen de pression non négligeable sur les différents instituts.

Faut-il rappeler qu’en un an et demi, et jusqu’à fin 2018, le gouvernement d’Edouard Philippe a commandé pas moins de 159 enquêtes d’opinion, soit une enveloppe de 13,9 millions d’euros attribuée aux 6 principaux instituts dont l’IFOP, Opinion Way, BVA ou Harris Interactive.

Résultats biaisés ?

On se souvient que l’inaltérable Philippe de Villiers avait dans un livre récent, Le moment est venu de dire ce que j’ai vu (paru chez Albin Michel) démonté aussi un tel mécanisme. Preuves à l’appui, le fondateur du Puy du Fou avait justifié que si vous ne faites pas travailler de près ou de loin ces machines à sonder, vous avez de bonnes chances de pas être bien pris en compte dans les présentations. Rassurons-nous donc, les pouvoirs publics ont les moyens de « faire parler » les sondages à leur guise en cas de besoin impérieux.

Les moyens de biaiser les résultats restent au total nombreux. Choix orienté des questions, présence ou non de candidats hypothétiques. À ce sujet, la présence à droite de l’échiquier dans les questionnaires de Jean Lassalle voire de Nicolas Dupont-Aignan (ou à gauche de Nathalie Artaud ou Philippe Poutou) qui ne sont pas sûrs d’aller jusqu’au bout stérilisent au moins 3 % des voix. Ce n’est pas négligeable et peut entraîner de notables conséquences sur la qualification au second tour d’une Pécresse, d’un Zemmour ou d’une Le Pen. C’est donc essentiel.

Dissuader les électeurs

Autre exemple d’influence : le faible score pour un candidat comme celui estimé actuellement à Arnaud Montebourg, de l’ordre de 2,5% des intentions de vote, peut dissuader complètement les électeurs à même de se porter sur sa candidature dès lors qu’ils savent que leur candidat n’a plus aucune chance de gagner.

Ce vote utile, lié aux résultats des sondages, change beaucoup la donne. En 2017, François Fillon n’était pas si loin de se qualifier au second tour si beaucoup d’électeurs n’avaient pas été découragés par le fait qu’on le présentait comme n’ayant plus beaucoup de chance.


Anne Hidalgo, qui ne dépasse pas les 5% des intentions, pourrait être « débranchée » alors même que la campagne n’a pas commencé. Comme pour les paris sportifs de ZEbet ou du PMU, on ne parie pas sur une équipe qui n’est pas qualifiée.


À droite, dans le match à trois qui s’annonce plus ouvert que jamais, malheur à celui qui décrochera le premier en janvier ou février 2022. Et ce sont les sondages seuls qui le diront. Outre le fait de la descente, la perte de chance d’être au second tour accentuera définitivement sa descente aux enfers finale.

Guider le bon peuple…

Les sondages influent donc de façon majeure sur le vote final. Ne serait-ce aussi que par la place qui lui est donnée par les commentaires dans les médias et les chaînes d’info. Les interdire est-il pour autant la solution ? Dans ce cas-là, les résultats circuleraient sous le manteau. Est- ce mieux ?

Une chose est sûre, c’est étonnant, mais on a souvent l’impression que les Instituts guident toujours le bon peuple pour ne pas trop s’écarter de la doxa dominante. C’est ce que dit Philippe de Villiers. Il semble connaître d’assez près ce sujet sensible. Remarquez qu’on peut dire aussi la même chose des groupes médias.

Robert Lafont


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