Cela bouscule pas mal d’idées reçues. Et le déterminisme social n’est pas forcément ce qu’on en dit. Et si c’était cela le vrai rêve français.
À en écouter beaucoup, la France serait devenue un pays impossible où tout est figé, enkysté. Un pays qui reproduit les positions sociales, où aucune promotion sociale ou réussite individuelle n’est envisageable. Où les pauvres seraient condamnés à le rester. Et où les plus privilégiés, les plus à même de prospérer. Un pays où les grandes fortunes seraient essentiellement l’émanation d’héritiers voire d’horribles rentiers.
Pourtant, à observer le classement des fortunes de France que vient de publier nos amis du magazine « Challenges », on constate que c’est tout l’inverse puisqu’on retrouve neuf entrepreneurs de première génération sur les treize premiers grands milliardaires français. Des bâtisseurs de dynasties qui ne doivent rien à personne, sauf précisément à leur génie propre et à la qualité de leurs équipes, et qui illustrent dans les faits la possibilité de ce « rêve français » tout incarné dans l’édification d’un empire industriel.
- Le premier : Bernard Arnault, l’empereur du luxe français dans le monde avec LVMH.
Le cinquième : Rodolphe Saadé, le tycoon marseillais devenu prince du fret maritime et troisième armateur mondial avec CMA CGM.
Le 7ème : François Pinault, self-made-man breton qui a à partir d’une petite menuiserie bâti un conglomérat mondial du luxe avec Kering, sans oublier son empire viticole Artemis Domaines.
Le 8ème : Gérard Mulliez, l’épicier du Nord devenu empereur de la grande distribution avec Auchan, Décathlon, Boulanger ou Leroy-Merlin.
Le 9ème : Pierre Castel, troisième négociant mondial du vin et de la bière, présent en France et sur tout le continent africain.
Le 10ème : Emmanuel Besnier, consolideur mondial de l’industrie fromagère et laitière avec Lactalis à partir d’une PME de Laval en Mayenne.
Le 11ème : Xavier Niel, l’entrepreneur touche-à-tout des Télécoms (Free), de la formation (Station F) ou des centres commerciaux (Unibail-Rodamco-Westfield).
Le 12ème : Vincent Bolloré, propriétaire de Vivendi, fédérateur des médias (Prisma), de la télévision (CNews), de la radio (Europe 1), de la pub (Havas) ou de l’édition (Lagardère), alternative francophone à la domination des géants anglo-saxons sur le secteur.- Le 13ème : Patrick Drahi, l’ex-pionnier du câble devenu orfèvre financier international avec le contrôle d’Altice ou de Sothebys.
Un tel classement pourrait donner du baume au cœur à tous les ambitieux qui croient en leur étoile. Oui, il est possible de faire fortune en France en partant de zéro. Pas besoin pour cela d’aller en Californie ou à Dubaï…
Pour Sandrine Rousseau et l’extrême gauche, c’est bien sûr tout un monde qui s’écroule. Ils ne peuvent plus, à la suite d’un tel état de fait, continuer à proférer que misère et pauvreté restent une fatalité dans nos sociétés. C’est même le contraire qui se produit. Quand on a du talent, du mérite, du courage, il est parfaitement possible d’y parvenir, même si cela n’est jamais garanti.
C’est ce ressort essentiel de rêve ou de réussite à la française que devraient davantage porter nos principaux médias, notamment auprès de la nouvelle génération. Dommage qu’ils fassent presque l’inverse, ce qui ne peut que contribuer à les maintenir un peu plus dans un certain fatalisme !
La France a tout pour réussir ; encore faut-il qu’elle mette en œuvre ses atouts !
Robert Lafont
