Sur des fonctions aussi stratégiques que le numérique ou l’intelligence artificielle, quelques milliardaires (la plupart américains : Elon Musk – X, Tesla, SpaceX-, Bill Gates – Microsoft -, Jeff Bezos – Amazon -, Mark Zuckerberg – Facebook, Meta -, Sergey Brin et Larry Page – Google – ou Sam Altman – OpenAI, ChatGPT) disposent d’une véritable mainmise. Et notre consœur, Christine Kerdellant, signe un excellent essai sur le sujet intitulé « Ces milliardaires plus forts que les états » (Éditions de l’Observatoire) où elle les nomme explicitement, prenant soin d’ajouter que :
« Plus ces milliardaires prendront le pas sur les États, moins la démocratie régnera, plus l’arbitraire s’installera, plus les inégalités et distorsions s’accroîtront… » Cela promet. Au même moment où l’on apprend que justement Mistral AI, la pépite française de l’intelligence artificielle, censée assurer une certaine souveraineté européenne en la matière, ne trouve rien de mieux que d’accueillir à son capital Microsoft au lieu de le faire avec OVH ou Iliad, par exemple.
Autant de signaux qui doivent pousser à consolider au niveau mondial le droit des nations et des États. Ce qui n’empêche nullement de chercher à favoriser au maximum la liberté pour les citoyens sur le terrain comme je le suggère à Michel Onfray, le formidable philosophe qui a tendance à trop vite passer par pertes et profits les avantages du libéralisme à l’intérieur même d’une nation.
Un exemple à mettre en œuvre immédiatement au niveau mondial : la bonne régulation de l’IA afin d’exiger une certification pour tout texte ou vidéo publiés et produits par l’intelligence artificielle. Sinon, la confusion va être à son comble, et on ne pourra plus distinguer ce qui est humain ou vrai de ce qui est artificiel ou spéculatif, et on ne pourra plus échanger en confiance. Ce qui reste la base de la civilisation. Ne l’oublions jamais !
Robert Lafont