« Il faut chercher à bien faire ce que l’on a à faire, c’est ce que j’essaye de faire passer à mes enfants ». La leçon est limpide. Et c’est précisément ce que tente de leur laisser James Berry, cet antiquaire des Yvelines, qui, à plus de 70 ans, continue de travailler comme pour s’entretenir. « Il ne faut jamais s’arrêter surtout quand cela plaît et que l’on a la santé ».
Message transmis à Sophie Binet de la CGT pour réviser ses fiches sur la retraite. Ancien banquier (BNP, Crédit Agricole ou Lazard), ce fringant senior n’a rien trouvé de mieux pour occuper ses vieux jours que de s’installer antiquaire dans une ferme avec cour fermée dans un hameau à Maulette (78), près de Houdan.
Là, avec plusieurs confrères brocanteurs, il s’adonne à sa passion dans un paysage champêtre. Mais ne lui parlez plus de son ancien métier de banquier : « Aujourd’hui, c’est du marketing, ils ont tellement de produits à placer. Moi, j’ai passé ma vie à essayer de connaître chacun de mes clients. Souvent, je les invitais à déjeuner. Et je savais ce que valait la boîte. J’en ai financé des trucs infinançables, mais au total, je ne me suis pas trompé. L’entreprise, c’est d’abord l’homme ! »
Et il raconte qu’à mes débuts de jeune entrepreneur de presse, je prenais aussi soin de rencontrer mon banquier une fois par an au moins pour tout expliquer. Mais comme celui-ci changeait chaque année, j’ai préféré renoncer…
Et puisqu’on en est au stade des confidences. Je peux révéler aujourd’hui, il y a prescription, qu’un directeur de banque m’a avoué un jour sous le sceau du secret avoir été interdit par sa grande direction de financer mon projet de reprise du journal Le Sport parce que le concurrent, L’Équipe (Amaury), était l’un de leurs principaux clients. Authentique, nous étions en 1989 ! Anecdote racontée plus tard à un banquier suisse qui n’y a pas cru ses yeux, prenant soin de rajouter : « Vous les Français, le jour où vous arrêterez de mettre de la politique partout, vous serez très forts. »
Robert Lafont
