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L’Allemagne met 200 milliards dans son industrie, et nous ?

Hamilton/Pool/ABACAPRESS.COM

Emmanuel Macron, Elisabeth Borne et Bruno Le Maire auraient grand tord de ne pas écouter l’avertissement des patrons de terrain. Alors que le gouvernement distribue à l’envie des chèques aux ménages en proie aux difficultés, il mésestime ouvertement le choc sur nos industriels. Contrairement à l’Allemagne qui va mettre 200 milliards d’euros dans son appareil économique, notre exécutif pare au plus pressé en oubliant l’essentiel pour notre avenir : à savoir l’impérieuse nécessité de la réindustrialisation. Objectif décrété pourtant il y a peu comme priorité nationale, dans un unanimisme politique pas si fréquent et que la crise énergétique semble avoir fait exploser dans un calcul à courte vue. Où sont passées toutes ces nobles déclarations ?

Alors que le coût de l’énergie a quadruplé ou quintuplé, que la baisse des impôts de production semble s’éloigner à petits feux, que la taxe foncière pourrait s’envoler de 7 % pour compenser les promesses présidentielles de suppression de la taxe d’habitation, et j’en passe…

Alors certes que le gouvernent ne s’inquiète pas trop. Il n’y a guère de risque de voir nos industriels venir manifester dans la rue avec à leur tête la Cpme, le Medef ou l’Ethic. Ce n’est pas dans la culture de nombre d’industriels et ils ne sont pas assez nombreux pour bloquer le pays.

En revanche, et c’est bien plus inquiétant, nombre de nos plus belles PMI pourrait connaître prochainement de sérieux déficits, voire même être cédées à des groupes internationaux, quand ce n’est pas mettre la clé sous la porte. Des décisions ponctuelles souvent à bas bruit mais qui seront désastreuses pour notre pays tout entier et sa fameuse souveraineté industrielle.

Le gouvernent tente bien au coup par coup de sauver ce qui est sauvable. Bercy s’attache à surveiller actuellement quelques 300 entreprises. Il vient de le faire par exemple via son bras armé Bpifrance pour sauver par exemple MetEx, le spécialiste clermontois de l’alimentation animale, via le recours à la fermentation chimique. Déjà actionnaire de 25,95% de Metabolic

Explorer, la banque publique va injecter 8 millions d’euros pour 33 % du capital pour l’aider à faire face à la flambée des hausses des prix du gaz.

Tout le monde n’a pas Bpifrance à son capital et c’est heureux. Et ne faudrait-il pas mieux une décision globale, comme supprimer l’ensemble des impôts de production (40 milliards au bas mot, soit bien plus que la seule CVAE) comme le réclament de nombreux patrons de terrain, à l’image du dirigeant des thés Kusmi (Orientalis), le pragmatique Sylvain Orebi ? Une mesure saine et surtout un vraie bouteille d’oxygène pour nos industries asphyxiées par le renchérissement de l’énergie.

Il serait quand même terrifiant « qu’une ETI française sur deux connaisse cette année des pertes et qu’une sur dix soit même menacée dans sa survie », comme l’avertit, prémonitoire, l’excellent Philippe d’Ornano, président de Sysley.

Rappelons qu’également co-dirigeant du mouvement des ETI (METI), on ne peut lui reprocher de ne pas disposer d’informations de première main en la matière. Il est temps pour nos politiques d’entendre au plus près le message de nos entrepreneurs familiaux, ceux qui investissent le plus et ne délocalisent que rarement. À elles seules, ces entreprises moyennes n’ont-elles pas créé 55 000 emplois dans les 18 derniers mois ?

Robert Lafont


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