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La tentation de l’intolérance

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La chronique hebdomadaire de Bernard CHAUSSEGROS

Les camps d’extermination

On avait atteint le paroxysme de la haine et de la perversité humaine. On avait dépassé les limites de l’intolérance ! Certes, la guerre de 1914/1918 avait laissé dans les esprits des anciens combattants de nombreuses fractures de folies innommables et insurmontables, mais ce que les soldats alliés trouvèrent en 1944 et 1945 dans les camps de concentration et surtout les camps d’extermination nazis dépassait de beaucoup l’indicible. Trop souvent, on en vient à confondre les deux. Et Pourtant, la différence est fondamentale. Les premiers étaient des camps où les déportés étaient exploités pour des travaux pénibles à cause desquels ils mourraient d’épuisement ou étaient liquidés lorsqu’ils étaient épuisés par les excès. Dans les centres d’extermination, les personnes déportées étaient gazées immédiatement à leur arrivée, et leurs dépouilles brûlées dans les fours crématoires.

À la fin de la guerre, les nazis voulurent faire disparaître les traces de leur bestialité, et beaucoup de déportés eurent à subir des marches de la mort dans les forêts de Pologne et d’Allemagne. Un grand nombre, malgré tout, survécurent à ces épreuves, mais ce n’était rien en comparaison du nombre de ceux qui furent torturés, exécutés, gazés et brûlés. Et ceux qui, aux bords des routes, étaient comme des morts vivants, la peau sur les os, dans des guenilles passées à la postérité comme étant l’uniforme rayé des déportés, souffrant de famines, rongés de maladies et marqués au fer rouge de l’inhumanité qu’ils avaient rencontrée.

En juillet 1944, les forces soviétiques furent les premières à pénétrer dans l’important camp de mise à mort de Majdanek en Pologne, Les nazis avaient bien tenté de dissimuler les preuves des meurtres de masse, en détruisant le camp, en mettant le feu au fours crématoires mais, dans la hâte de l’évacuation, les chambres à gaz avaient été oubliées, intactes.

Les Soviétiques libérèrent aussi Auschwitz en 1945 et n’y trouvèrent que quelques milliers de prisonniers aux regards émaciés, mais de nombreuses preuves des meurtres de masse. On retrouva, avec les rares survivants¸ les effets personnels des victimes, des centaines de milliers de costumes masculins et quasiment 1 million de tenues féminines, ainsi que plus de 7.000 kg de cheveux humains.

Le 11 avril 1945, les troupes américaines libérèrent le camp de concentration de Buchenwald près de Weimar en Allemagne, évacué par les nazis. Plus de 20.000 prisonniers vivants étaient encore présents dans le camp. De leur côté, les troupes britanniques libérèrent des camps en Allemagne du Nord, comme celui de Bergen-Belsen, pour y découvrir environ 60.000 survivants, dont la plupart se trouvaient atteints d’une épidémie de typhus qui devait en tuer plus de 10.000 dans les semaines qui suivirent leur libération.

Les libérateurs furent partout confrontés aux conditions de vie et de mort indicibles des camps nazis. Ils y découvrirent notamment une grande quantité de cadavres non inhumés, des amoncellements de corps, d’os et de cendres humaines qui témoignaient de l’extermination de masse. Et c’est donc après la libération de tous ces camps que l’on prit conscience pleinement de l’étendue réelle des horreurs nazies. Un exemple pervers de l’intolérance humaine !

Après leur libération, nombreux furent les survivants juifs qui refusèrent de rentrer chez eux au sein de la vieille Europe, à cause de l’antisémitisme qui persistait dans leurs pays. En Pologne par exemple, des « pogroms », comme à Kielce, le 4 juillet 1946 où beaucoup de juifs furent violentés et où 42 d’entre eux furent tués.

Le procès de Nuremberg

Six millions de juifs ont péri dans l’Holocauste. Intenté par les puissances alliées contre 24 des principaux responsables nazis de la solution finale, se tint du 20 novembre 1945 au 1er octobre 1946 dans le palais de justice de Nuremberg, permettra de juger pour la première fois des crimes identifiés comme étant des crimes contre la paix, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Le verdict sera de 12 condamnations à mort, de 10 condamnations à la réclusion à perpétuité, d’un acquittement et d’un non-lieu pour raison de santé mentale.

À la suite de cet épisode sombre et sanglant de l’histoire européenne (environ 50 millions de morts au total) qui venait après les presque 20 millions de morts de la 1ère guerre mondiale, les grands dirigeants se consacrèrent à la construction d’une oasis de paix en Europe qui aboutit progressivement à la construction de la Communauté Européenne bâtie autour de l’amitié franco-allemande. À l’échelle du continent, pour mettre fin à ces guerres qui avaient ensanglanté le continent, les responsables politiques européens entamèrent le processus de construction de ce qui est devenu l’Union européenne.

C’est dans cet espace pacifié que s’est réalisée la reconstruction des pays ravagés par la guerre et faisant partie de l’espace européen. Cette volonté pacifiste se devait de s’inscrire dans une politique de développement démocratique, s’opposant aux velléités autocratiques et aux dictatures qui, pourtant, persistèrent çà et là, comme en Espagne et au Portugal, puis en Grèce. Au niveau européen, on put ainsi assister au développement du marché économique commun, garantie première pour évider les conflits, ainsi qu’à la création des instances judiciaires propres à donner une structure d’État de droit aux institutions européennes. Fondée en 1951, la Communauté européenne du charbon et de l’acier sera le premier pas vers une paix durable. En 1957, le traité de Rome établira la Communauté économique européenne (CEE) et ouvrira une nouvelle ère de coopération toujours plus étroite en Europe. Juridiquement, cela se traduira par la création en 1952 de la Cour de justice de l’Union européenne, une des sept institutions de l’UE, destinée à veiller tout autant au respect du droit européen en contrôlant les actes des autres institutions qu’à son application par les États membres, puis, en 1959, de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) qui est une juridiction internationale ayant mission d’assurer le respect des engagements souscrits par les États signataires de la Convention européenne.

Dans ce cadre juridiquement stable, on pouvait s’attendre, on devait espérer l’instauration de grands principes de tolérance mutuelle, ce qui fut en partie le cas. Mais les États-membres, par leurs cultures propres et leurs héritages particuliers, ont poursuivi une lente transformation personnelle. Bien évidemment, ils n’ont pas forcément créé seuls l’ensemble des écueils qu’ils ont rencontrés dans leurs entreprises, les difficultés politiques, économiques et sociales auxquelles sont confrontés leurs gouvernements, et les fréquentes crises gouvernementales survenues en Europe occidentale.

Ces crises de régime affaibliront les démocraties occidentales qui se sentaient à l’époque menacées par le danger communiste avec le début de la Guerre Froide. La stabilité politique d’un pays n’eut cependant pas d’influence directe sur sa disposition à participer au processus d’unification européenne, comme le montre les dictatures espagnole et portugaise. La paix, tout le monde en attendait les bienfaits. L’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) est créée comme une alliance intergouvernementale pour la sécurité entre les États-Unis, le Canada et 10 pays d’Europe occidentale, pour regrouper, en 2020, 30 membres, dont 21 pays de l’UE.

Ce pan de notre histoire, tant pour les Français que nous sommes que pour les Européens que nous tentons de devenir en rassemblant des cultures parfois disparates, montre à quel point le manque de tolérance, je devrais dire l’intolérance foncière de l’être humain peut faire disparaître l’humanité, dans ses valeurs les plus fondamentales et les plus fondatrices. Ce que nous prenions pour un simple épisode « malheureux » de l’histoire s’expliquant par l’accumulation d’erreurs et de crises (traité de Versailles, crise de 1929, etc.) pouvait se reproduire, et on peut craindre qu’en dépit des efforts déployés depuis 1945 pour améliorer le sort des peuples, cela ne soit en train de se reproduire. Trop de conflits, trop de crises et trop d’actes de barbarie sont survenus partout dans le monde, voire aux frontières de notre oasis européenne et surviennent désormais de plus en plus au sein de notre communauté, pour que l’on ne s’inquiète pas du retour en force de l’intolérance et des intolérants.

Comme l’écrivait Voltaire, « La tolérance est aussi nécessaire en politique qu’en religion ; c’est l’orgueil seul qui est intolérant » !

La volonté de paix et les espoirs de tolérance

En France, à la Libération, on pouvait penser qu’après le discours de Bayeux du général de Gaulle en 1946, les antagonismes hérités de la IVe République allaient s’estomper pour aider à la reconstruction d’un pays nouveau. Mais très vite, le pays est retombé dans ses errances passées et l’homme de Londres et de la France Libre a rapidement « jeté l’éponge » en laissant le pays s’enfoncer dans le désordre de la politique des partis, l’accroissement de la dette publique et l’absence de politique industrielle et économique pouvant redonner sa place à notre pays.

Comme on le sait, il faudra attendre la crise algérienne et 1958 pour voir les responsables politiques de l’époque faire appel au général qui s’était retiré à Colombey-les-deux-Eglises et lui proposer de prendre les rênes de président du conseil d’un gouvernement provisoire. Entouré de personnalités fiables et compétentes, le chef du gouvernement lancera les chantiers de la Constitution qui sera votée le 4 octobre 1958 et réorganisera l’État en le dotant de structures de commandement solides. Alors que la France était quasiment en faillite, les institutions nouvelles de la Ve République vont permettre à la France de renouer avec le succès et la rentabilité. Il faut sur ce point citer le rôle incontournable du Commissariat au Plan, les nationalisations des industries phares de la reconstruction, transports, énergies, automobiles, aviation, etc.

C’est ainsi qu’une France gagnante structurellement, culturellement et industriellement fera l’admiration de l’Europe dont elle sera la grade administratrice au début des années 70 et que, malgré la démission en 1969 du général de Gaulle qui ne peut imposer sa conception d’un pouvoir exécutif fort et préfère quitter le pouvoir malgré son prestige personnel acquis pendant la guerre à la tête de la France libre. Malgré tout, après son départ, le pays continuera à « régner » sous la direction des deux chefs de l’État suivants.

Les choses vont considérablement évoluer à compter de 1981, jusqu’à aujourd’hui. Pour des raisons différentes tenant notamment à des personnalités fondamentalement opposées, notre pays est entré dans une lente « dégringolade » qui n’a pas toujours été perçue par l’opinion publique, les électeurs étant plus intéressés par les querelles partisanes et soi-disant politiques, comme ils le sont encore aujourd’hui que par les réalités économiques. En tout état de cause, les politiques économiques farfelues ont progressivement entrainé le pays vers un gouffre d’endettement qui, en 2023, dépasse désormais les 3.000 milliards d’euros.

On peut y voir différentes raisons que j’ai déjà pu évoquer dans mes récentes chroniques. La première des causes est le choix de l’ensemble de ces pays pour une économie capitaliste non plus fondée sur la satisfaction primaire des besoins populaires (capitalisme social et solidaire) mais sur la maximisation des profits individualistes et égoïstes.

L’élévation globale du niveau de vie a engendré une société de consommation qui a perdu son lien initial avec les valeurs démocrates du bien-être collectif. Après les périodes noires des guerres, les occupations militaires et les années de misère sociale, l’afflux des biens de consommation, parfois inutiles, le plus souvent méprisables compte tenu des inégalités créées, a fait perdre de vue le rôle qui incombait aux démocraties fondées sur le Contrat Social, le bien-être des peuples et le besoin de sécurité.

Aux excès de revenus chez certains se sont opposés les signes croissants de la pauvreté des autres. Alors que l’on pensait que la croissance allait atténuer les inégalités qui avaient été le lot de bien des classes sociales d’avant-guerre, voire des siècles passés, elle n’a été que le vecteur de nouvelles inégalités, sans doute encore plus criantes, dans un monde devenu grâce aux progrès technologiques, beaucoup plus transparent et donc socialement plus dur. Les créateurs d’entreprises qui auraient pu être acteurs d’une véritable nouvelle répartition des richesses n’ont souvent fait que creuser le fossé des inégalités.

Et de leur côté, les élus conscients des richesses créées dans le pays, se sont soudain crus propriétaires de l’argent public, du bien public et de la richesse nationale. Ils ont donc considéré que même sans être eux-mêmes créateurs de valeurs, ils pouvaient profiter de l’effort commun pour améliorer leur propre quotidien, mieux se rémunérer pour le « service » rendu à la collectivité, multiplier les instances et les organismes de l’État et des collectivités locales qui pouvaient justifier de façon trompeuse la « réalité » de façade de leur action (on devrait parfois parler de leur « inaction »).

Depuis le début des années 80, le constat doit être fait d’un grand « laisser-aller » de la part des politiques. Au contraire de ce qui avait été l’âme de la politique gaullienne, l’État s’est retiré du « jeu », laissant la place au domaine privé, par la vente des richesses nationales, les privatisations et l’absence de politique interventionniste. Le règne du laisser-aller, avec l’usage immodéré de la « planche à billets » pour financer des politiques laxistes et des promesses populistes.

Un État peu influent, un savoir en perte de vitesse

Parallèlement, l’exécutif a perdu toute volonté de protéger les valeurs ancestrales de notre pays qui se devait d’accueillir toutes les souffrances du monde. Ce manque de volonté dans l’action et cette manie de ne pas protéger les valeurs de notre République est fondé sur une référence perpétuelle à l’esprit de tolérance. Le pays dit des Droits de l’Homme, ce pays dont la philosophie et les valeurs sont héritées du Siècle dit des « Lumières » se doit de préserver des principes qu’il croit nés dans le sang du peuple révolutionnaire, Liberté, Égalité et Fraternité, que l’on sait relier à la Tolérance, en oubliant un peu trop vite que cette Tolérance doit être mutuelle. On ne peut évidemment pas tolérer sur notre sol ceux qui ne nous tolèrent pas et ne respectent pas nos principes et nos valeurs.

Tout a commencé par l’école de la République. Durant les années d’après-guerre, lorsque nos instituteurs, à peine démobilisés des camps de prisonniers, des maquis ou du service du travail obligatoire, étaient encore plus ou moins formés au moule des « Hussards de la République » chers à Jules Ferry et aux valeurs françaises du début du XXe siècle, l’Éducation Nationale était une institution d’enseignants et d’éducateurs dont les membres s’engageaient à transmettre des savoirs ancestraux et des valeurs républicaines.

Mais progressivement, notamment avec les évolutions des mentalités forgées par la honte des guerres coloniales, en Indochine, en Algérie, puis au Vietnam, par le lent cheminement des idées soixante-huitardes, les instituteurs sont devenus des enseignants qui ont cessé de considérer que leur rôle éducatif était de former des petits Républicains.

L’obligation de devoir tolérer ceux qui remettaient en cause leur parole et leur engagement, l’obligation de devoir accepter une culture fourre-tout qui niait leurs valeurs intrinsèques, les a démotivés et démobilisés. Peut-être que l’action (soutenue par tous) mise (enfin) en place par notre jeune ministre de l’éducation, Gabriel Attal, portera ses fruits, en espérant qu’il ne soit pas déjà trop tard.

Le basculement dans un wokisme coupable et le retour des intolérances

La lente révolution des rapports sociaux et de la vie politique, en France comme ailleurs, montre à quel point les esprits sont désormais dévorés par l’intolérance. On peut en être les auteurs ou les victimes, mais le fait est là, les fondements philosophiques de la démocratie, du Contrat Social, et de l’art citoyen du « vivre ensemble » en bonne intelligence sont battus en brèche par des aspirations forcenées à renouer avec les idéologies claniques.

Dans le grand désordre des institutions auquel nous assistons depuis les années 80, et dont on peut attribuer la paternité aussi bien aux majorités d’un bord ou de l’autre, on ne peut que faire le constat désolant que l’exécutif a cessé de diriger le navire ! Et en fait, cette image est révélatrice, voilà plus de 30 ans que le pays ne dispose d’aucune stratégie de fond, notamment pour ce qui concerne le respect des valeurs, de la politique sécuritaire, et des moyens donnés tant aux policiers et gendarmes qu’à l’institution judiciaire.

On se souvient du 25 juillet 1995, l’attentat dans le RER au métro Saint-Michel ! Le premier contact des Parisiens affolés avec l’indicible. Et ces terribles évènements de l’été 1995 où Paris était ensanglantée et endeuillée par une vague d’attentats terroristes qui, en l’espace de quelques semaines, faisaient plonger la France dans une véritable psychose, celle d’actes meurtriers aveugles et imprévisibles. Pour les enquêteurs, il apparut très vite qu’il s’agissait là d’actes islamistes, qu’on a relié ces faits au groupe « GIA » Algérien qui avait détourné six mois plus tôt un airbus d’Air France !

Dès le 11 septembre 2001, avec les attentats de New-York, l’opinion publique mondiale avait compris qu’une guerre était ouverte entre deux modes de civilisation et que notre pays, depuis longtemps à la croisée de ces cultures antagonistes pouvaient être les témoins d’actions à venir. D’autres exemples viendront donc avant les horribles attentats du 13 novembre 2015 dans les restaurants de Paris, à Saint-Denis ou au Bataclan. Et les spécialistes bien connus du grand public ont largement analysé les raisons de ces actes de guerre commis sur notre sol par des terroristes djihadistes.

Mais il ne faut pas trop facilement accuser ! La France est depuis des années gagnées par le Wokisme, cet « art » de tout accepter de tout le monde pour éviter d’être dans une attitude attentatoire à l’universalisme républicain. À force de répéter qu’il existe une menace grave pour la République, le wokisme ou « islamo-gauchisme », les citoyens finissent par être convaincus qu’il est de mauvais ton de vouloir défendre ses valeurs ancestrales.

Car un citoyen ouvert doit rester éveillé, être toujours vigilant, ne pas être anesthésié par les opinions réactionnaires ! L’usage de ce mot permet de lutter contre toutes les discriminations, religieuses ou raciales, mais aussi celles visant les personnes LGBT, les femmes, les immigrés, etc. ce qui interdit à tout citoyen de développer des critiques et des polémiques pour défendre ses acquis culturels, sous peine d’être discrédité. Pour être dans la norme bienpensante, un inventaire où tout se mélange, défendre les droits des groupes minoritaires (race, religion, orientation sexuelle, etc.), lutter contre le sexisme et l’écriture inclusive, être antiraciste, défendre les immigrés, être pour la justice sociale, se mobiliser pour le climat, défendre les droits des animaux, etc.

Le wokisme est un phénomène complexe aux nombreuses facettes. Il est le reflet d’une prise de conscience nécessaire des injustices sociales, mais il suscite aussi des tensions autour des questions de liberté d’expression et de « politiquement correct ». Comme pour tout mouvement social, il faudra trouver le bon équilibre entre cette reconnaissance des injustices et le respect de la diversité des opinions. Mais cela soulève souvent des oppositions entre les « progressistes » qui estiment toujours avoir raison en tout et les « conservateurs » qui sont toujours critiqués pour leur fidélité aux valeurs ancestrales. On sait depuis longtemps que les querelles entre les « Anciens » et les « Modernes » ne peuvent pas systématiquement faire table rase du passé. Une société se construit par strates et bien des « novations » sont balayées de nouvelles modes, un peu de recul et par le simple bon sens.

Il faut savoir faire le tri entre la réalité des faits et les fantasmes. Il faut aussi savoir nommer les choses sans s’abriter derrière des considérations « politiquement correctes » et wokistes. Au risque de constater l’apparition de nouvelles intolérances et d’en susciter de nouvelles. L’État de droit qui ne remplit pas son rôle, fatalement, ouvre la voix aux intolérants, parce qu’il laisse la place libre à des discours individualistes et partisans.

Le principe de l’identité nationale n’est pas une position rétrograde émanant de nostalgiques regrettant l’affaiblissement de l’État de droit, c’est une opinion fortement ancrée dans les esprits d’une majorité qui s’exprime peu, mais qui pense beaucoup. Il faut se souvenir qu’un mouvement de contestation comme celui des Gilets Jaunes n’a pas à être accaparé par l’ultra gauche comme étant la parole unique de la France Insoumise. Le mouvement est avant tout celui de français des classes moyennes qui refusent que leur voix ne soient pas entendues dans le débat public que porte l’exécutif. La récupération qui en a été faite a contribué largement à rendre son discours inaudible, surtout quand les casseurs black blocs de l’ultra gauche sont venus ternir l’image de citoyens en demande pacifique de réponses loyales. Le sujet, à la base, c’était le prix des carburants et la réforme des retraites. On a vu deux ans plus tard que leur inquiétude était fondée, mais le gouvernement, depuis lors sans majorité, a abusé du recours à l’article 49-3 de la Constitution.

Il faut que les citoyens puissent « critiquer » leur gouvernement sans être immédiatement taxés de gauchistes ou de réactionnaires, il faut aussi qu’ils puissent porter un jugement sur la France insoumise sans pour autant être dénoncés comme étant des ennemis du peuple occupés à faire lit de l’extrême droite ! « Je suis la République, poussez-vous de là, ma personne est sacrée ! » a hurlé ce tribun excédé que l’on puisse perquisitionner son domicile dans le cadre d’une enquête de police. Il n’est pourtant que l’un des représentants d’une démocratie malade de son pouvoir et, en tant que membre ou ancien membre du pouvoir législatif, il est tenu comme tout un chacun à respecter les lois de son pays, le nôtre ! mais ce « monsieur » tant par son comportement que par ses propos, se croit « au-dessus des lois ».

De la même manière, il faut cesser de faire des amalgames dès lors que l’on veut rendre compte de faits divers. Ce week-end, nouvel attentat terroriste dans le quartier de Passy à Paris, sur le Pont de Bir-Hakeim ! Doit-on persister dans l’hypocrisie en relatant le geste « fou » d’un malade mental de nationalité française ou dire simplement qu’il s’agit d’un français dont les parents iraniens ont été naturalisés, lui-même étant né en région parisienne (droit du sol), radicalisé et suivi par les services du renseignement territorial de l’Essonne du fait de ses fréquentations avec un certain nombre d’assassins djihadistes.

Bref, dans ce pays, il y a trop souvent désormais 2 poids 2 mesures pour traiter l’information à travers le prisme du wokisme. Que dire, en effet des manifestations de violences urbaines qui ont suivi et accompagné la mort d’un jeune dealer brulant des feux rouges dans une voiture volée, arrêté alors qu’il mettait en danger la vie des passants, et tué par un policier se sentant en danger.

La France entière s’est enflammée, les quartiers ont été dévastés et les excès commis par des trafiquants de drogue français d’origine maghrébine n’ont pris fin que lorsque les « Grands frères » sont intervenus ! Il fallait ramener le calme dans les quartiers pour reprendre les trafics sur les lieux de deal, ces lieux où, comme on le sait depuis lors, la loi passe par les règlements de compte à la kalachnikov !

Que dire encore de ce jeune homme tué à Crépol dans une salle de fête de village, par une horde haineuse ! Rien de plus normal que l’émoi des amis et des proches, des villageois et des citoyens de notre Nation en général, et pourquoi cette nouvelle hypocrisie qui consiste à cacher le plus longtemps possible que ce « faits-divers » est l’œuvre de « racistes » d’origine musulmane (et oui, le racisme n’est pas que « français »), débarquant d’un quartier de Romans-sur-Isère ! En revanche, personne n’hésite à crier aux loups quand des Français dits de souche estiment nécessaire de manifester leur propre colère contre cet acte gratuit et leur sentiment que leur pays ou leurs villages ne semblent plus leur appartenir ! Pourquoi donc ces manifestations légitimes de soutien sont immédiatement qualifiées de mouvements d’ultra droite par les « bien-pensants » ?

Et donc, nous voilà confrontés à un monde où il faut taire l’origine islamique des auteurs d’attentats, même quand ils bénéficient de la nationalité française, qu’ils se sont radicalisés alors qu’il faut les condamner de façon exemplaire ,comme le prévoit le code pénal de ce pays en matière de crimes, lorsqu’ils sont commis par des athées ou des chrétiens.

Dans le contexte actuel des événements effroyables en Israël et dans la bande de Gaza, il faudrait faire « comme si » l’attaque des commandos du Hamas et du Djihad islamique n’ont fait que quelques milliers de victimes israéliennes et parfois étrangères, et que les opérations militaires lancées par l’armée d’Israël étaient démesurées en réaction à l’agression. De là ressort une guerre de communication où les images des premières exactions dans les kibboutz sont pratiquement censurées (elles sont effectivement d’une violence insupportable) alors que les médias du monde entier diffuent à longueur de journée celles d’un peuple de Gaza bombardé et certainement en grande partie victime de la même barbarie terroriste.

L’intolérance comme une volonté

Pour ne parler que d’événements franco-français, que dire de la façon dont sont médiatiquement traitées les manifestations contre la réforme des retraites qui ont dégénéré en violences urbaines, alors que l’on n’ignore rien des auteurs des exactions. Et que dire des descentes de groupes venus de quartiers parfaitement identifiés connus des forces de l’ordre comme ayant déclaré la guerre « à la France » ?

On doit également évoquer les trafics de stupéfiants qui gangrènent les quartiers de certaines grandes villes de France et l’origine ethnique des trafiquants qui n’hésitent plus désormais à régler leurs comptes entre eux avec des armes de guerre, et tant pis pour les dommages collatéraux de personnes tuées par des balles perdues qui viennent les frapper dans leur sommeil après avoir traversé les murs de leurs domiciles ?

Comment rendre compte des « faits-divers » qui ne sont en fait que des crimes gratuits comme celui de Crépol tout récent, en faisant semblant d’ignorer qu’il s’agit d’une confrontation entre civilisations « en guerre ». Et que dire des rodomontades des ministres qui assurent d’une réponse ferme de l’État alors que rien n’est fait pour endiguer ces phénomènes et empêcher ces zones de non-droit de prospérer.

Il est temps que l’État, dont c’est le devoir, réagisse face à cette lente dissolution des principes républicains, à ces attaques contre la laïcité et les valeurs judéo-chrétiennes de notre pays, avant que les différents groupes sociaux ne se retrouvent face à face comme le précisait un ancien ministre qui vient de disparaître.

Et donc que penser du traitement différencié de l’État et des médias ? On ne lutte pas très efficacement contre les trafiquants et les délinquants, les services de police sont de plus en plus critiqués, accusés, et abandonnés dans leurs difficultés, et les juges, tenus par des lois qui ont été votés par la représentation nationale, sont taxés d’immobilisme ou d’incompétence. À qui la faute ?

Oui, notre ministre de l’intérieur a raison, il faut interdire les manifestations de « l’ultra-droite » ou de « l’ultra gauche », ces extrêmes qui ne veulent que le « chaos » de notre société, mais nous devons « écouter » ces français qui se « réveillent » enfin et qui osent s’exprimer. Ils ne sont pas forcément « fachos » ils ne font que se réunir pour demander que justice soit faite et que la population soit protégée (même si notre courageuse Police fait le maximum) ! Si les uns ou les autres agissent en dehors des lois, ils doivent être sanctionnés, de la même façon, aussi strictement qu’il se doit, mais on ne peut avoir deux discours, un pour le Wokisme et la « bonne pensée » et l’autre pour la réalité dure et froide !

L’esprit de Nation se perd ! Je parlais d’éducation un peu en amont. Il faut savoir que de nombreux « français » vivant dans notre pays ne se sentent pas appartenir à une entité nationale. Ceux dont je parle sont parfois d’une ville, mais rarement. En fait ils sont au mieux d’un quartier, le plus souvent d’une « rue », et parfois même d’un « bloc », c’est-à-dire d’un vague numéro dans une rue perdue…

En l’absence de ce sentiment d’appartenance à un groupe social identifié en tant que nation, il est impensable pour certains de savoir ce que c’est que de s’intégrer et à tout gouvernement de rêver à réussir une vraie république !

Bernard Chaussegros


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