La décision de Bercy d’étaler la baisse promise d’impôts de production résonne dans le monde patronal comme un véritable contresens. Un authentique couac…
Excellente entrée en matière pour le tout nouveau président du Medef qui n’a pas mâché ses mots vis-à-vis du gouvernement. Patrick Martin en appelle solennellement le pouvoir au respect de ses engagements vis-à-vis des entreprises. Sur la baisse promise des impôts de production, rappelons que la promesse n’est pas tenue malgré les circonvolutions verbales de la première ministre Élisabeth Borne ou du ministre de l’économie Bruno Le Maire. Et Patrick Martin, au moment de la rentrée du Medef, de marteler dans un entretien au Figaro : « C’est une question de principe. Au départ, la CVAE devait être supprimée en 2023. En revenant sur son engagement, l’État envoie un signal contraire, un vrai coup de canif… » L’erreur pour le gouvernement est de croire que de tels renoncements passeront comme lettre à la poste. Les entrepreneurs de France sont déjà les plus taxés au monde et dans une société de mobilité et de comparaison internationale, ils ont raison d’exiger davantage. Patrick Martin argumente et rappelle que « le taux de marge des entreprises françaises (31 %) est 8 points en dessous des entreprises allemandes ».
Que représente cet engagement de suppression de la CVAE promis, 4 milliards d’euros, soit 0,4 % de l’ensemble de la dépense publique. Une goutte d’eau dans une gabegie publique désordonnée que le gouvernement semble décidément incapable de juguler. C’est cela qui est grave et symbolique et que n’acceptent plus nos entrepreneurs. Et Patrick Martin de conclure : « qu’on ne nous fasse pas croire qu’on ne peut pas trouver ailleurs cette économie. C’est inaudible. Et je le redirai à Élisabeth Borne… » Une décision désastreuse aussi au plan symbolique qui démontre que les technocrates de Bercy ont toujours la main sur les décisions de l’exécutif. Ce qui n’est plus acceptable. Dans un pays qui a placé la réindustrialisation au centre des priorités, cet étalement de la baisse des impôts de production (CVAE) est une erreur qui peut coûter cher. Même s’il n’y aura aucune manifestation des entrepreneurs dans la rue… Ce qui est peut-être la seule chose qui intéresse nos gouvernants!
Robert Lafont
