François-Henri Pinault tenté d’en faire un autre Louboutin ?
C’est l’un des derniers grands fleurons de la chaussure haut de gamme « made in France ». Clergerie, fabriquée à Romans-sur-Isère dans la Drôme, entreprise fondée en 1981 par Robert Clergerie, a été placée en redressement judiciaire. Ce qui désole le créateur de cet emblème du soulier français qui, à 89 ans, regrette : « Que l’entreprise soit dépecée comme un trophée de chasse ! ». Car, naturellement, de nombreuses offres de reprises ont pu être adressées à l’administrateur judiciaire.
Malheureusement, aucune ne concerne directement l’outil de production, et la reprise de l’usine aux 150 salariés, avec leur savoir-faire unique. Seul, le chausseur américain Titan Industries s’est positionné pour reprendre l’outil de production mais avec seulement un total de 60 salariés. Le délibéré du tribunal sera rendu le 29 juin. On se souvient que la marque Stéphane Kelian avait également subi un tel chemin.
D’où l’appel pressant du fils du fondateur, Damien Clergerie, entrepreneur et fondateur d’Electric Paris, qui s’adresse directement aux géants du luxe « made in France », Hermès, LVMH, Chanel, Longchamp, ou Kering pour qu’ils ne laissent pas mourir un tel joyau. Aux dernières nouvelles, François-Henri Pinault pourrait être tenté de redonner vie in extremis au fleuron français de la chaussure. Le succès actuel du créateur français Christian Louboutin démontre qu’il y a bien une voie à suivre.
Le groupe Exor, holding du clan Agnelli, y croit et a pris en 2021 quelques 27 % de la marque Louboutin, célèbre créateur aux fameux escarpins mode aux semelles rouges, en y injectant 541 millions d’euros. Avec Clergerie, Kering disposerait d’un formidable produit d’appel pour dynamiser ses points de vente Saint-Laurent ou Balenciaga et doper son chiffre d’affaires en Chine ou aux États-Unis, pays où Clergerie est considéré comme une pépite du luxe tricolore. À suivre, les bonnes idées sont souvent les plus évidentes.
Robert Lafont
