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Julien Tuffery : quand entrepreneur rime avec générosité

Derrière toute entreprise, il y a un idéal ou un projet qui dépasse l’intérêt immédiat de celui qui l’organise.

Le plus ancien atelier français de jeans, basé à Florac (Lozère) a été relancé par Julien Tuffery.

Et s’il y avait derrière la démarche d’entreprendre, un ressort profondément humain visant à améliorer le monde ou les conditions de vie de tout un chacun ? Ne l’oublions pas, dans cette époque de barbarie accélérée, l’acte de créer peut, n’en déplaise à certains anti-capitalistes primaires, prendre racine sans être dénué d’accents de générosité.

Ainsi, quand je vois l’extraordinaire créateur des jeans Tuffery (3,9 millions d’euros de chiffre d’affaires), Julien Tuffery, Ecole des Ponts, qui, depuis des années, met toute son énergie pour rapatrier la fabrication textile en France. Il vient d’inaugurer à Florac en Lozère un atelier ultramoderne de 2000 m2, un investissement de 2,9M€, précisément là où son arrière-grand-père Célestin confectionnait en 1892 des vêtements de travail en toile de Nîmes.

Quand je vois ce même créateur exprimer toute son émotion sur LinkedIn pour expliquer avoir livré lui-même l’un des premiers jeans de sa fabrication à Guy, un Montpelliérain de 80 ans qui attendait son pantalon depuis tant d’années. Et qui prend soin de rajouter : « Ce jour-là, percevoir la joie dans les yeux de ce cher Guy m’a sans doute apporté bien plus que les dizaines de milliers d’euros de nos caisses enregistreuses du soir. » Sans parler, je cite, de la satisfaction de : « la transmission d’un savoir-faire d’excellence transmis par mon père à nous les jeunes. » On mesure que la motivation n’est pas seulement économique ou financière.

On peut se dire qu’il y a autre chose derrière le projet et que cela transcende les codes ou les comptes d’exploitation. Tuffery inscrit conscient ou inconsciemment sa démarche dans une perspective plus vaste. Décidément, ce monde n’est pas tout à fait ce qu’on en dit. Avec les gentils d’un côté et les méchants de l’autre, les patrons au hasard.

Comme lui, les entrepreneurs, dans leur ensemble, ne doivent pas craindre de laisser s’exprimer davantage leur sensibilité et mieux expliquer leur démarche originelle. Au-delà du stylo Bic ou de la cocotte minute SEB, la démarche de tout créateur est sans doute moins prosaïque qu’on ne le croit. Il y a chez beaucoup de bâtisseurs un profond idéal tapi au fond d’eux-mêmes. D’où, du reste, leurs difficultés à décrocher, une fois passé un certain âge. « Je me suis bâti en construisant un temple! » écrivait Albert Camus.

Sans jouer les Bisounours, essayons de redonner du sens à nos entreprises car elles en ont plus qu’on ne le croit. Combien d’entrepreneurs se sentent investis d’une mission. On ne juge pas un homme à sa fonction mais à la manière dont il l’exerce.

Beaucoup d’entrepreneurs sont des idéalistes qui veulent modeler la réalité au plus près de leurs rêves. Soyons-en fiers

Robert Lafont


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