Pour entreprendre, il n’y a pas de règle. Souvent, il suffit de regarder autour de soi et de faire bien ce que les autres font mal ! Très exactement ce que me disait l‘extraordinaire entrepreneur autodidacte Jean-Claude Decaux (son père était chausseur à Amiens) quand j‘étais allé interviewer le roi de l‘abris-bus dans son bureau ultra moderne de Plaisir (78), lui dont l’ entreprise fondée en 1964, bien développée par ses fils Jean-Charles et Jean-Francois est devenu un leader mondial de sa spécialité (la communication extérieure avec un chiffre d’affaires de 3,9 milliards d’euros de chiffre d’affaires dans le monde) une véritable fierté pour l’économie de la France, un modèle de société familiale dont on ne parle pas assez. C’est un autre sujet.
A l’heure de la reprise, il y a de nombreuses affaires à lancer
Faire mieux que les autres, oui c‘est une voie . Il y en d‘autres… Parfois, c’est le hasard complet . Regardez l‘entreprise Eco Compteur , son histoire s‘apparente à un conte de fées . Nous sommes à Lannion ( Côtes d‘Armor) et Christophe Milon , Ingenieur télécoms , met au point , pour s’amuser à ses heures perdues en 2000, un petit boîtier électronique qui lui permet de comptabiliser le nombre de marcheurs qui arpentaient chaque jour le sentier des douaniers bordant la mer , près de chez lui , à Perros-Guirec. Un passe temps qui va donner naissance à un petit miracle industriel . Aujourd‘hui 60 000 appareils ont été commercialisés par Eco Compteur , une belle Pme d‘une centaine de salariés (12 millions d’euros de chiffre d’affaires) qui s‘adresse aussi bien aux collectivités locales , aux aménageurs publics ou aussi pour dénombrer les vélos ou les voitures.
En matière d‘entrepreneuriat , il n‘y a pas de règle sauf celle de coller à un marché . S‘il n’y a pas de clients , il n‘y a pas d‘entreprises . De mon côté , j’ai créé le magazine Entreprendre en octobre 1984 parce que , passionné de presse et d‘économie , après avoir fait une école de commerce ( ISG ) et fait quelques stages ( Fromageries Paul Renard, Editions Presse Inter..) j‘avais été frappé par le fait qu‘on ne trouvait pas dans la presse magazine française de l‘époque, de récits ou de sagas de ces entrepreneurs à succès qui commençaient à faire rêver toute une génération éprise d’ambition: les Jacques Borel de l‘époque . Je ressentais et voyait que ce besoin n‘était pas satisfait . En mettant Bernard Tapie en une du premier numéro d‘Entreprendre, nous étions le premier magazine à le faire . J‘ignorais aussi que nous étions en train d’inventer dans notre pays ce qu‘on appelle aujourd‘hui la presse entrepreneurs . Après nous , de nombreuses émules se mirent dans notre sillage de L‘Entreprise à Défis , de Challenge à Capital , de Tertiel à Fortune France . Le pli était pris .
Il y a tellement de chemins qui mènent à la réussite . Il y faut toujours de l‘audace et de la détermination. Et souvent un peu de chance , mais dans tous les cas il faut se lancer . Regardez ce que font à côté de Caen ( Bretteville-sur-Odon) deux jeunes femmes , Emilie Vanstaen et Géraldine Vivien avec la création de leur Drive „Émilie et Géraldine „de produits bio et sans emballages plastique . Je ne sais pas si leur tentative donnera lieu à un grand succès . Une chose est sûre , leur démarche correspond parfaitement à l‘air du temps . Avec 70 % de produits locaux ( réalisés à moins de 150 km) , commercialisés dans des sacs compostables ou des bocaux réutilisables , elles ont démarré dans leur garage mais les clients peuvent retirer leurs commandes dans d’autres points de retrait . Peut -être , que de cette initiative peu coûteuse au départ et lancée avec l’appui des producteurs locaux donnera lieu à l’une de plus belles réussites de chaînes de distribution cette année .Bonne chance à nos normandes! Les idées ne manquent pas . Dans le Bessin, près de Bayeux , deux amis ( Philippe Debeaker et Vincent Huet) ont lancé leur petite affaire Gold Beach Company (voir photo). L’idée est toute simple : proposer des sorties d‘une heure en jeep pour découvrir les sites du Débarquement ! Arrêtons de penser qu’il n‘y a plus rien à tenter. C’est l‘inverse.
L’appétit vient en mangeant et seuls sont qui ont faim parviennent à trouver des solutions. Foncez !
Robert Lafont