L’interdiction intempestive de toute terrasse chauffée à partir du printemps 2021 prise par la nouvelle ministre de la Transition écologique va-t-elle mettre à terre beaucoup de nos cafés-brasseries-restaurants déjà largement fragilisés par la crise du Covid ? Le moins que l’on puisse dire est que cette mesure prise sans aucune concertation avec les professionnels du secteur est doublement pénalisante. Il serait intéressant de savoir ce que pense à ce sujet Alain Griset, le nouveau ministre des PME, au moment même où le président du groupement national des indépendants de l’hôtellerie-restauration, Didier Chenet, évoque une « mesure destructrice ».
La mesure est délétère, d’abord parce que d’un point de vue financier, de nombreux cafés et petits restaurateurs avaient investi ces dernières années dans ce type de terrasses chauffées extérieures. D’une part, pour pouvoir répondre aux envies des clients, ce qui reste quand même un critère fondamental, et d’autre part aussi pour pouvoir permettre aux fumeurs de ne pas déserter leurs établissements. Rajoutons que dernièrement le respect des gestes barrière poussait également au développement de ce type d’espaces extérieurs chauffés, on l’a vu dans de nombreuses villes, où énormément de terrasses ont été élargies et autorisées.
Une recommandation de la Convention citoyenne pour le climat
La mesure est donc largement contestable même si, en l’occurrence, Barbara Pompili n’a fait que suivre l’une des recommandations de la Convention citoyenne pour le climat. Convention dont la représentativité et la légitimité ont été mis en doute par de nombreux observateurs ces derniers temps. Est-il normal que les travaux de la dite Convention aient été conduits sous l’égide de Terra Nova, l’un des cercles de réflexion les plus activistes et classé à gauche ? C’est une question.
Le gouvernement n’est pas là pour tout transcrire au pied de la lettre. Ce serait une grave erreur, même si les Verts feront tout pour qu’il en soit ainsi. Sinon, à quoi sert-il d’avoir un gouvernement censé être au-dessus des contingences ? D’une façon plus globale, on aimerait que toutes les mesures décidées par nos ministres soient évaluées eu égard aux besoin de la transition écologique, mais aussi aux nécessités de notre compétitivité économique. En l’occurrence, c’est tout un secteur économique que l’on va fragiliser. Et cela est tout aussi grave. Respectons l’écologie, d’accord. Mais respectons aussi les femmes et hommes qui travaillent et investissent au quotidien dans nos cafés et brasseries et dont nous avons tant besoin !
Robert Lafont