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Industrie verte : finançons en priorité les projets made in France !

Loïc Le Floch-Prigent a révélé que le coût de l’énergie a été démultiplié en moins de deux ans pour les industriels, situation intenable pour les PMI et, à fortiori, aussi pour les boulangers…

Attirer les industriels du monde entier et les subventionner à prix d’or peut certes finir par rapporter. Tant qu’il vaut mieux qu’ils installent leurs usines ou centres de recherche dans l’hexagone que chez nos voisins et compétiteurs européens : précisément l’Allemagne, l’Irlande, l’Italie du Nord, l’Angleterre, voire la Suisse. Ainsi, le sommet « Choose France » du président Macron reste une heureuse initiative, à condition d’avoir bien exploré auparavant toutes les opportunités du « Fabriquer en France ».

Ce qui n’est pas fait systématiquement par le gouvernement, même si le travail opéré par BpiFrance est essentiel ou même si l’action de « France Relance » va également dans le bon sens. À la limite, ce devrait être une des missions principales du nouveau Commissariat au Plan présidé par Francois Bayrou, dont le budget annuel est de 15 millions d’euros avec 150 collaborateurs. Mais, il semble que le maire de Pau soit davantage attiré par les salves de la politique que par les recommandations utiles à notre industrie. Il n’est pas le seul ! Que ne consulte-t-il pas Pierre Gattaz, Didier Lombard ou Loïc Le Floch-Prigent. Ce dernier a révélé que le coût de l’énergie a été démultiplié en moins de deux ans pour les industriels et que cela restait intenable pour les PMI et, à fortiori, aussi pour les boulangers…

Vouloir faire de notre pays un leader de l’industrie verte va certes dans le bon sens, à condition de pouvoir favoriser l’émergence de nouveaux opérateurs français ou européens. Car sinon, cela revient à financer un peu plus nos futurs compétiteurs. Rappelons aux beaux esprits qui nous gouvernent que nous sommes dans une guerre économique de plus en plus impitoyable dans tous les secteurs. Octroyer 1,5 milliard de fonds publics au coréen ProLogium (sur un investissement global de 5,2 milliards d’euros d’ici 2030) pour sa giga-usine de batteries pour véhicules électriques à Dunkerque peut avoir du sens.

Mais est-on sûr que, dans le même temps, Verkor, Bolloré ou Plastic Omnium n’auraient pas été capables de se mobiliser avec un apport de fonds propres aussi massif ? La question est dans l’air. Rappelons qu’en 2022, l’Etat n’a accordé que 114 millions d’euros de subventions pour faciliter l’implantation de la giga-usine d’électrolyseurs à hydrogène du dromois McPhy à Belfort. Et qu’à Berlin, la giga-usine Tesla n’aurait bénéficié d’aucune subvention directe. Idem quand on observe le projet d’usine géante de

panneaux photovoltaïques annoncée à Sarreguemines en Moselle. Un investissement massif de 710 millions d’euros pour InnoEnergy, devant générer quelques 1700 emplois en 2027, mais qui émanera d’un groupe international avec principalement l’allemand Siemens et des industriels Chinois.

Est-on certain que l’on n’aurait pas pu avec un tel appui public mettre le pied à l’étrier à un ou plusieurs opérateurs français déjà existant ou à créer ? Une occasion unique de reprendre la main sur ce secteur si porteur qu’est devenu celui de l’énergie solaire et de la fabrication de panneaux photovoltaïques. Une question à poser à Bruno Le Maire ou Roland Lescure, le ministre de l’industrie.

Saluons à ce sujet la montée en puissance du fonds Meridiam, créé en 2005 par l’ingénieur Thierry Déau. Un fonds qui gère déjà 20 milliards d’euros d’actifs afin de financer des entreprises innovantes dans la transition énergétique. L’argent vient du monde entier (le coréen Samsung Life Insurance vient de prendre 20% de Meridiam) et les projets concernent eux essentiellement l’Europe. C’est la voie à suivre !

Gardons bien à l’esprit qu’outre-Atlantique, le pays phare du capitalisme et du rêve entrepreneurial laisse les nouveaux entrepreneurs émerger et se débrouiller. Et ce n’est une fois qu’ils ont commencé à faire leurs preuves, que l’Etat vient à la rescousse (NASA, Pentagone, commandes publiques…) afin de les aider à se transformer en géants planétaires. C’est ce qu’il faut faire au niveau français, voire européen ! Qu’attend le gouvernement pour pousser par exemple Thomson Computing (Metavisio), seul fabricant français et européen de PC, ou le projet innovant d’Airmems à Limoges qui, dans les commutateurs électroniques, détient une innovation technologique mondiale ? Vert espoir…

Robert Lafont


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