Par Julien Vélu, fondateur de Sensei
Tribune. Si pendant longtemps l’enjeu majeur des professionnels de l’hôtellerie-restauration a été de trouver des clients, il est à présent de trouver des talents. Depuis la crise sanitaire, ce sont plus de 200 000 personnes qui ont quitté le secteur, créant des manques à tous les postes. On fait donc face à une situation inédite où la salle du spectacle est pleine à craquer, mais où le théâtre peine à faire venir des comédiens. Alors, comment faire pour remplir à nouveau les équipes autant que la salle ?
Le numérique au service de l’humain
À l’image d’autres secteurs comme le marketing ou l’IT, la gestion de l’humain sera étroitement liée au numérique pour lui offrir davantage de flexibilité et de confort. La transformation technologique de l’hôtellerie-restauration ne devra pas s’arrêter à ses outils. Si elle doit nécessairement faire évoluer les façons de payer, distribuer ou communiquer, elle doit aussi permettre de réinventer en profondeur sa gestion des talents.
La transmission a toujours eu une place centrale dans le métier et le numérique fait aujourd’hui office de catalyseur en permettant aux professionnels de faire rayonner plus largement leur expertise et de ne pas la limiter à un seul établissement. Grâce aux plateformes et aux réseaux sociaux, il devient très facile de valoriser son savoir-faire et de se connecter avec des établissements du monde entier.
Et si à la place du menu imposé, nous passions à un choix à la carte ? Le numérique et l’essor du consulting dans l’hôtellerie-restauration est l’occasion d’offrir plus de liberté aux talents en leur permettant de choisir leurs missions du mois, voire même de la semaine.
Une gestion des talents à la carte
Car l’avenir des professionnels du secteur se pense au-delà des murs d’un lieu : si les restaurants sont de plus en plus nomades, les talents le sont eux aussi. Jeunes talents fraîchement diplômés, professionnels aguerris ou profils bénéficiant d’une soudaine visibilité médiatique, tous aspirent à voyager, découvrir de nouvelles cultures et s’enrichir de nouveaux établissements. Les lieux deviennent éphémères pour essayer de laisser un souvenir impérissable, et les talents deviennent des baroudeurs qui changent chaque mois de lieu de représentation.
Cette liberté offerte à la fois aux talents de l’hôtellerie-restauration ainsi qu’aux dirigeants pour leur gestion d’équipe peut jouer un rôle déterminant dans l’attractivité du secteur, notamment pour les jeunes talents. Car ceux-ci n’aspirent plus à des carrières linéaires, à des vies entières consacrées à des établissements. Les collaborations se font plus ponctuelles, de véritables tremplins vers les étoiles (Michelin ou non).
L’hôtellerie-restauration de demain sera nécessairement hybride. Un hybride fait de journées passées au contact de clients dans un restaurant succédant à des journées à accompagner, conseiller et mentorer d’autres établissements. La liberté d’aller voir (et conseiller) ailleurs. De redevenir maître de son temps et trouver un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée (de ses proches, de détente et de recul). Et alors, c’est à ce moment-là peut-être, que la scène se remplira à nouveau autant que la salle, et que tout le monde pourra profiter de ce spectacle qu’on aime tant.