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Gorbatchev ou l’humanisme en politique

Hommage à Mikhail Gorbachev (Tass/ABACA)

S‘il était au Kremlin en lieu et place de Poutine, on peut rêver, gageons que la guerre d‘Ukraine serait déjà en voie d’être terminée. Mieux, qu‘elle n’aurait pas été déclenchée.

Les deux dirigeants russes à quelques 30 ans d’intervalle nous renvoient une face quasi opposée. Si Mikhaïl Gorbatchev incarne une image de lumière où l’homme reste valeur suprême, Poutine semble au contraire habité par des forces obscures, celles d’un esprit guerrier et dominateur hérité de l’empire russe. Me reviennent à l‘esprit un reportage sur lui à la télévision où on voyait sa gouvernante s‘adresser au jeune Vladimir, il devait avoir 14/15 ans, en le prévenant : « surtout, évite de te battre… ». Gérard Depardieu, son ancien ami, qui le connaît bien, nous avait également prévenu : « C‘est un homme formé aux combats de rue, couteau a la main… » sans parler de ce qui lui a enseigné le KGB…

L‘hommage « minable », comme le dit à juste titre Hubert Védrine, rendu par la Russie pour les obsèques de l’inventeur de la Glasnost en dit long sur l’état belliqueux et de frustration des dirigeants actuels à Moscou. Les maîtres actuels du Kremlin ne supportent pas Gorby parce que c’est lui qui a avalisé la dissolution de l‘empire soviétique pour une communauté dissidente, la CEI à l’avenir incertain. Et surtout, il est l’homme qui a voulu rompre avec un centralisme démocratique ouvert à la pérestroïka. De fait, Gorbachev n‘avait guerre le choix. La communauté des États Indépendants a évité un bain de sang. À l’exception de la Roumanie, l’ensemble du bloc soviétique a été libéré de Berlin à Budapest, de Varsovie à Prague. Certes, les Russes ne souhaitaient sans doute pas un tel démantèlement aussi massif. Mais c’était cela ou le chaos. Boris Eltsine lui a préféré s‘appuyer sur ces dissidences pour pouvoir conquérir le pouvoir. C‘est une autre histoire.

Mikhaïl Gorbatchev, prix Nobel 1990, laisse l’image d‘un sage qui bien que formé par des staliniens aura su toujours privilégier l‘homme sur des considérations idéologiques. Dans ses mémoires, il raconte une enfance meurtrie par le spectacle de ces cadavres issus des batailles de la seconde guerre mondiale et gisant pourrissant dans le sol enneigé. Cet esprit d’humanité est aussi son principal leg. Dommage que son lointain successeur fasse aujourd’hui à peu près l‘inverse. L‘histoire longue saura lui rendre raison..

Robert Lafont


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