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Fonctionnaires trop nombreux : la dérive de la France

Une spécificité tricolore qui n’est pas le fait des agents publics eux-mêmes, mais de ceux censés les diriger qui renoncent à engager les réformes sur le sujet, sans doute à cause du chantage et du poids des centrales syndicales, partisanes du statu quo.

Entreprendre - Fonctionnaires trop nombreux : la dérive de la France

Si notre fonction publique constituait bien, dans les années de reconstruction, un réel avantage, reconnaissons qu’elle devient désormais presque un boulet, tant on renonce à la remettre en ordre. Certes, cela ne date pas d’Emmanuel Macron, mais le président du « en même temps » n’a fait qu’aggraver une pente glissante largement engagée par ses prédécesseurs. Depuis 2017, le jeune président a ainsi augmenté les effectifs de la fonction publique de 148 000 postes. Il avait pourtant promis une baisse de 120 000. Cela fait un écart de 268 000 postes !

Sans parler du dysfonctionnement de nombreux services publics, le recrutement d’agents publics à des postes dits fonctionnels et non opérationnels n’a fait qu’accentuer le malaise. On l’a bien vu dans le secteur hospitalier où la proportion de personnels administratifs (un tiers environ) est bien plus importante que chez nos voisins (un quart outre-Rhin).

Il faut remettre nos fonctionnaires sur le terrain et les faire sortir de leurs bureaux. On a bien trop de « ronds de cuir » chargés de remplir des papiers souvent inutiles. Surtout avec l’avènement du numérique et l’essor des données. En plus, c’est étonnant, nos « hommes en gris » tombent bien plus malades que leurs collègues du privé. Une étude instructive de la Fondation Ifrap, bizarrement ignorée des grands médias, a fait ressortir que le surcoût de l’absentéisme public par rapport au privé pouvait être chiffré à 7 milliards d’euros par an. Allez savoir pourquoi. Peut-être qu’ils travaillent trop!

Au-delà de ces dérives coûteuses pour la bonne gestion du pays, ne l’oublions pas non plus : l’accroissement des effectifs d’agents publics tend à diffuser dans la société une culture de protection, de rigidité, de réglementation et d’absence de propension à la prise de risques ou de responsabilité individuelle qui concourt à plus de bureaucratie dont notre pays n’a pas vraiment besoin en ce moment.

C’est même tout l’inverse qu’il faut impulser. Décentraliser, responsabiliser, redonner de l’autonomie, fixer des objectifs, contrôler et récompenser. Bref, mieux manager notre fonction publique dont les effectifs sont passés, selon l’Insee, en 5 ans de 5 536 000 à 5 674 000, record d’Europe. Finalement, ce n’est pas la faute des fonctionnaires mais du système technocratique qu’on a laissé se répandre. Il n’est jamais trop tard pour bien faire. La réforme de l’État devrait être une priorité du deuxième quinquennat Macron.

Robert Lafont


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