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Faut-il avoir été bousculé par la vie pour devenir un grand entrepreneur ?

Entreprendre - Faut-il avoir été bousculé par la vie pour devenir un grand entrepreneur ?

Le parcours et la réussite fulgurante de Roland Gomez et de Proman devraient interpeller. Elles illustrent qu’à l’origine de nombreuses réussites en affaires, on retrouve parfois des chemins de vie émaillés de failles familiales ou humaines. Un peu comme dans le monde des artistes…

La question mérite d’être posée. Après tout, le petit Elon Musk n’a pas vécu une enfance si rose… Battu par son père, le repreneur probable de Twitter a longtemps gardé le silence après certes aujourd’hui s’être bien rattrapé depuis…

Avoir enduré de graves problèmes d‘existence dans sa jeunesse n’est certes pas gage de succès. Mais ne met-il pas en meilleure position pour devenir entrepreneur de caractère et de performance ensuite ?

À observer le parcours de vie compliqué du fantastique entrepreneur de Proman, Roland Gomez (abandonné par son père à l’âge de deux ans et élevé par ses grands- parents), on peut s‘interroger.

Sur le marché du travail temporaire, son groupe indépendant est celui qui résiste le mieux au trio multinational des géants Manpower, Adecco ou Randstad. Une sacrée performance que regardent avec envie ses confrères hexagonaux, le nantais Synergie, le parisien Crit, sans même parler de l’outsider Triangle de la famille Mérafina.

Pour Roland Gomez, tout est parti en 1990 d‘une simple boutique de travail temporaire reprise à Manosque (Alpes-de-Haute-Provence) pour presque rien. Avec l‘appui du Crédit Agricole local, il échafaude son réseau, visite méthodiquement un maximum de clients avant de pouvoir reprendre d’autres petites agences.

La force du terrain : sans diplôme, le self-made-man provençal sait que c’est là qu’il peut s’exprimer le mieux. La recette a bien fonctionné… Aujourd’hui à la tête de 715 agences pour un chiffre d‘affaires de 4 milliards d‘euros en 2022, le fondateur de Proman est devenu numéro 4 européen du marché de l’intérim avec la reprise du néerlandais Timing. Timing, le nom ne dépareille pas. Proman non plus, cela devient rare, l‘ETI provençale est restée 100 % familiale. Cela ne l’empêche pas de rentrer dans le Top 10 mondial et de viser les 5 milliards de ventes dès 2024. Pas mal pour un ouvrier chaudronnier dont le père adoptif a longtemps gardé son emploi de chargé de maintenance.

À 73 ans, le président de Proman n’a pas lésiné sur le travail ; visitant régulièrement clients et agences dans plus de 16 pays. Le terrain, et la résilience cela vous forme un homme. C‘est peut-être aussi le secret. Celui qui manque tant à certains dirigeants d’état-major qui continuent à croire que la vérité n’est qu’au siège et dans les rapports d’experts ou de consultants spécialisés. Ceux-là ne sont jamais suffisants…

C‘est en découvrant un jour de pluie que nombre de parisiens devenaient trempés en attendant leurs bus que Jean- Claude Decaux eut l’idée des abribus qui allaient faire sa fortune.

Une réussite qui n‘est pas sans rappeler celle d‘un autre orphelin : celle de l’extraordinaire Mohed Altrad. L‘entrepreneur montpelliérain aux 55 000 collaborateurs à qui la justice vient reprocher d’avoir trop investi sur notre rugby. On marche sur la tête. Heureusement qu‘il y a des entrepreneurs de cette trempe. Des créateurs dont le parcours de vie n‘est pas toujours couché sur un lit de rose. Ils ont d‘autant plus de mérite.

Robert Lafont


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