Ex-avocat d’affaires, Vincent Klingbeil bâtit 10 ans plus tard un groupe de 1500 salariés

Il y a en ce moment des entrepreneurs qui sont en train de transformer le paysage même de notre économie. C’est le cas de Vincent Klingbeil. À 43 ans, European Digital Group, la société qu’il a créée, avec le fonds français Montefiore d’Eric Bismuth, est en train de devenir en 4 ans, avec 280 M€ de CA et quelques 1500 collaborateurs, un groupe leader de l’accélération digitale.

La recette : « bâtir via une stratégie de build-up en acquérant de manière ciblée des sociétés avec une forte notoriété, tout en associant les dirigeants au capital du groupe ». Résultat, un formidable partage de la valeur et des synergies qui peuvent jouer à plein. Sur le sujet, Klingbeil est intarissable (voir sur EntreprendreTV) : « l’effet de levier est maximum, tout le monde est gagnant. Les entrepreneurs qui nous rejoignent continuent à développer leur boîte comme si c’était la leur tout en bénéficiant du poids du groupe. Une partie de leurs produits de cession est réinvesti au capital du groupe ».

Et cela marche à merveille : en 4 ans, EDG aura conclu pas moins de 24 rachats d’entreprises, 5 personnes sont dédiées à cette fonction de fusion-acquisition, une vraie stratégie affichée ! Au Congrès, brasserie de la porte d’Auteuil à Paris, ce père de trois enfants, Master de droit à Assas et Audencia Nantes, est heureux de raconter comment lors de son séjour de 4 ans aux Etats-Unis, il a vu les groupes en croissance tirer profit de cette formidable dynamique du capitalisme entrepreneurial : « là-bas, l’ambition est le maître mot : et on voit, forcément, tout en plus grand ! ».

EDG vise le milliard de chiffre d’affaires d’ici 5 ans et le fonds Latour capital vient d’annoncer son arrivée au sein du capital ! Il n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai. Puisqu’il avait déjà connu une première réussite fulgurante dans une même stratégie de build-up avec Ametix qu’il avait amené en 6 ans à 600 salariés avant de la recéder (30 M€) à une filiale de La Poste, Docaposte.

Un grand groupe bien géré mais où il y a trop, selon lui, de réunions : « on fait même des réunions pour préparer des réunions… Chez nous, une réunion ; c’est maximum 30 minutes et pas plus de 5 personnes en même temps ! », (sic) un bon principe à adopter ! Mais, ne croyez pas qu’il a tout réussi pour autant. En 2007, Klingbeil s’est « planté », selon ses propres termes en lançant trop tôt « Talent-Zapping », un TikTok du divertissement. « Le marché n’était pas mûr. Facebook et Instagram n’existaient pas. On s’est lancé alors que le marché n’était pas prêt. Une vraie leçon quand on entreprend : celle du choix du bon moment. »

Leçon bien apprise : en choisissant ensuite le marché du service numérique, un secteur de plus de 70 milliards d’euros rien que pour la France, Vincent Klingbeil n’a pas fait deux fois la même erreur, celle du choix du créneau. Aujourd’hui, son modèle pour bâtir des build-up devrait faire école.

Son principe de partage de la valeur avec des cadres de haut niveau (chez EDG, près de 300 collaborateurs sont actionnaires) peut essaimer dans beaucoup de secteurs et en priorité dans ceux des services, du conseil ou de la finance et même dans les groupes du CAC 40. Un fantastique effet de levier potentiel à mettre en œuvre dans l’intérêt de toute notre économie.

Robert Lafont