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Entrepreneurs et territoires : misez sur les réseaux et les échanges

Philippe Raoux, 40 ans, repreneur de l’Atelier des Serres, près de Cholet.

Sans solidarité entre les hommes, les entrepreneurs et les entreprises, le développement économique est possible ; mais bien plus aléatoire et difficile à obtenir dans la durée.

J’interrogeais récemment un entrepreneur de la région de Cholet, Philippe Raoux, 40 ans, repreneur de l’Atelier des Serres. Une belle PMI, comme on en a tant besoin avec un produit original, un savoir-faire et des compétences. Son explication sur le miracle industriel vendéen (Akena, K-lines, Gautier, Fleury-Michon, Pasquier, Cougnaud, Beneteau) va dans ce sens : « Quand un entrepreneur de la région a un besoin, il se tourne en priorité vers une entreprise de son territoire avant de faire travailler un Parisien ou pire un étranger. » (voir son interview sur EntreprendreTV).

Il n’y a pas d’ostracisme en la matière, mais la compréhension naturelle que tout se tient et que le succès des uns fait le succès des autres. Et que la vitalité économique d’une région rejaillit forcément sur l’ensemble des acteurs ou d’une filière. Allez demander aux commerçants de Saint-Pourçain-sur-Sioule dans l’Allier l’effet de l’installation des trois usines Louis Vuitton (1000 emplois créés) dans leur commune de 6 000 habitants. Ne leur demandez pas, cela se voit à l’œil nu en se promenant dans les rues !

Bien entendu, ce patron enthousiaste de L’Atelier des Serres n’a pas réinventé l’eau chaude. C’est comme cela que s’explique aussi la réussite des réseaux d’entreprises textiles dans le Nord de l’Italie, qui se font travailler au maximum entre eux.

En Allemagne, la répartition en landers autonomes et responsables économiquement a accentué cette primauté à l’appartenance régionale. Sans compter qu’outre-Rhin, chaque PMI compte en son conseil d’administration un représentant d’une banque régionale. Cela crée aussi de l’appartenance et des liens. En cas de cession d’entreprises, on bat vraiment le rappel avant d’accepter de la céder à un groupe étranger ! On est loin du scandale de l’affaire Alstom ou Pechiney ! Quand la famille Piëch a voulu céder en 2009 son fleuron Porsche, la négociation s’est portée tout naturellement vers Volkswagen.

Hervé Morin, le dynamique président de la région Normandie, a raison de demander plus de pouvoir économique pour nos régions. Plus les décisions seront prises proches du terrain, plus elles seront opérantes. Cette solidarité et cette capillarité en réseaux restent un élément essentiel du succès économique. Nous devons absolument miser dessus. C’était l’idée de Dominique de Villepin, alors premier ministre, avec l’émergence des Pôles de compétitivité dont certains commencent à produire leurs effets.

Faire travailler ensemble et au maximum les fournisseurs d’une même région ou d’une même filière devient la clé. Bien menée, l’union fait la force, surtout au plan industriel. Dans le groupe Entreprendre Lafont presse, nous nous sommes toujours attachés à faire réaliser et imprimer l’ensemble de nos magazines dans la filière de l’impression française (Desprez, Mordacq, Maury, Rotochampagne, Sib, Riccobono…). C’est essentiel.

Avant d’être repris par Vivendi, Prisma, qui appartenait au groupe allemand Bertelsmann, faisait imprimer la plupart de ses revues outre-Rhin. Désormais, Maury ou Riccobono en ont récupéré une bonne partie. Ne nous y trompons pas. De tels échanges et renvois d’ascenseurs existent aussi entre les hommes. Si, par exemple, vous avez la possibilité de mettre le pied à l’étrier à un nouvel entrepreneur, surtout, faites-le. Cela ne coûte rien et peut changer la donne.

Récemment, le patron fondateur de NAP, Arnaud Eyrolles, qui est devenu le premier réseau de distribution de presse indépendant (avec 1360 points de vente Maisons de la presse, Mag Presse, Point Plus), un réseau vital pour les magazines, expliquait que sans le coup de main du grand footballeur Just Fontaine, jamais il n’aurait pu lancer son affaire. Celui-ci qu’il a connu en 2003 à Labege, près de Toulouse, autour d’un terrain de foot, a simplement accepté à ses débuts de le mettre en contact avec le président de Panini pour pouvoir lancer ses magnets à l’effigie de joueurs. Un coup de pouce décisif…

La vie tient souvent à un fil, la réussite aussi. Avancez en réseaux…

Robert Lafont


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