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Entre « fin du mois » et « fin du monde » : la politique d’aménagement du territoire face à des impératifs contradictoires

L’opposition « fin du mois » et « fin du monde » ne toucherait-elle pas cette fois l’action politique ? La maison individuelle, autrefois considérée comme un « non-sens écologique, économique et social », est désormais perçue comme « un rêve français » à préserver. Le changement de ton dans le discours gouvernemental entre 2021 et aujourd’hui, illustré par les propos contrastés d’Emmanuelle Wargon, ministre du logement au début du second mandat d’Emmanuel Macron, et de Gabriel Attal ces dernières semaines, souligne en réalité la nécessité d’une approche équilibrée.

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La maison individuelle est pour une grande majorité de Français, 70 à 80% d’entre eux selon les sondages, un rêve qu’il est difficile pour le gouvernement d’ignorer. C’est d’autant plus vrai à l’approche des échéances électorales, notamment les élections européennes et présidentielles, que la maison individuelle concerne au premier chef les territoires ruraux et périurbains, là où certains courants politiques sont plus audibles que la majorité actuelle, qualifiée de trop jacobine ou de trop parisienne.

Par ailleurs, au-delà d’éventuelles visées électoralistes, les récentes annonces sur l’état des comptes publics, avec le tour de vis de 10 milliards imposé par le ministre des finances, plaident, elles aussi, en faveur de la relance de la construction de maisons individuelles, s’agissant en l’occurrence d’un secteur qui a connu une chute de près de 50% en 2023 par rapport à la moyenne annuelle observée sur la période 2007 à 2022. Le nombre de logements individuels construits en France est ainsi passé brutalement de 120 000 à 67 000. Or, si comme le dit l’adage, « quand le bâtiment va, tout va », on peut supposer que l’inverse est vrai aussi.

Enfin, n’oublions pas que sur le plan économique et de la souveraineté, à un moment où l’État prône la réindustrialisation, si nombreuses sont les TPE, ETI et PME qui estiment que les territoires ruraux sont faits pour elles, elles ne s’y installent que trop rarement faute de solutions suffisantes en termes de locaux d’activités et de logements pour leurs salariés.

Il y aurait donc de nombreuses raisons pour qu’on construise dans nos campagnes, mais l’aménagement du territoire reste un défi complexe, notamment parce que la France a connu une forte métropolisation laissant au fil des décennies les zones rurales en marge. Et ce n’est pas la loi Climat Résilience de 2021 qui va contribuer à changer la donne, avec son objectif de « zéro artificialisation nette » d’ici 2050, s’appliquant indifféremment aux villages et aux grandes métropoles. On impose en effet, avec cette législation, des contraintes extrêmement fortes à des territoires qui ont pourtant largement moins contribué à l’artificialisation des sols que les métropoles. Les réactions ne se sont d’ailleurs pas faites attendre du côté des maires des communes rurales ces derniers mois, non pas qu’ils ne soient pas conscients de l’importance de préserver la biodiversité et les espaces agricoles, mais ils peinent à trouver un équilibre entre construction et préservation des terres.

Il y a bien des pistes à explorer qui passent en premier lieu par la nécessité de repenser notre relation à l’espace et à l’habitat. La construction ou la rénovation douce en est une. La densification du bâti existant ou l’exploitation des friches, offrent des solutions qu’il conviendrait d’explorer plus largement. Les fermes abandonnées, conséquence de la baisse significative de la population agricole, pourraient être réhabilitées de manière plus systématique dans nos campagnes, tout comme les maisons de bourgs délaissées depuis l’exode rural. Enfin pour repenser l’habitat neuf dans les territoires ruraux, nous serions bien inspirés de prendre pour exemple ces habitations médiévales encore visibles dans certaines « petites cités de caractère ». Il s’agit souvent de maisons caractérisées par un moindre impact écologique, distribuées sur plusieurs étages, minimisant ainsi l’emprise au sol, et utilisant des matériaux de construction locaux, leur mitoyenneté contribuant aussi, indirectement, à une meilleure isolation thermique.

Outre ces choix architecturaux et urbanistiques, si on veut que le rêve de maison individuelle devienne réalité pour un plus grand nombre de français, ajoutons que la planification territoriale devra mieux prendre en compte demain le développement du numérique et du ferroviaire dans nos campagnes pour offrir les conditions nécessaires à l’installation des ménages qui le désirent, ce que certains appellent les conditions de vivabilité.  

En d’autres termes, les intentions exprimées par le premier ministre doivent s’inscrire dans une stratégie globale, qui associe une multitude d’enjeux. La complexité n’est pas des moindres, mais comme l’exprimait Victor Hugo, si « pour les faibles, l’avenir se nomme l’impossible ; pour les timides, il se nomme l’inconnu ; et pour les vaillants, il se nomme l’idéal ». Que nos idéaux tracent donc la voie vers un aménagement du territoire harmonieux, où chaque village raconte une histoire de résilience et d’espoir pour les ménages qui souhaitent y emménager et les entrepreneurs qui veulent s’y installer.

Jean-Marc Esnault
Directeur général The land« L’Homme face aux défis du monde contemporain » (L’harmattan 2024)


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1 commentaires sur « Entre « fin du mois » et « fin du monde » : la politique d’aménagement du territoire face à des impératifs contradictoires »

  1. Bonjour
    Ayant pris conscience de la difficulté des ménages, à atteindre les fins de mois, à cause des dépenses en chauffage et en climatisation, j’ai fait le constat suivant :
    – Actuellement, les moyens de chauffage proviennent de gisements fossiles qui sont sensibles aux fluctuations du marché et aux difficultés d’approvisionnement ;
    – Les couts d’extraction, de transformation et de livraison sont entachés de taxes difficilement explicables ;
    – Leur destruction, afin de produire de la chaleur, servant au chauffage des habitations, provoque un dégagement de CO2, incompatible avec notre accord provenant de la COP 28 ;
    – Les conflits internationaux font craindre des augmentations de prix inévitables ;
    – Le soleil, capable à 150 millions de km, de faire fondre gratuitement, de l’acier à 1500°C, à FONT ROMEU, est ignoré pour le chauffage des habitats, la récupération de ses calories est à la portée de l’homme, proprement, sans grande difficulté et sans dégager de résidus, leur stockage ne présente pas de difficulté, la livraison est gratuite et à domicile, sans frais de transport ni de taxes ;
    – La luminosité du soleil est gratuitement transformée en électricité, grâce aux cellules photovoltaïques et peut donc subvenir aux besoins des habitants, l’excédent de production étant vendu à EDF;
    – L’eau de pluie doit être collectée et stockée afin d’assurer les besoins en eau non potable et son recyclage, après utilisation domestique, lui permettra d’être réutilisée et servir de liquide caloporteur pour véhiculer calories et frigories dans l’habitat ;
    – Les moyens de chauffage, couteux, deviennent donc inutiles.
    – Les pompes à chaleur, dont le gouvernement actuel fait la promotion, transforment l’électricité en chaleur alors que le soleil fournit les deux, sans interférence et gratuitement. Elles n’ont donc pas leur place dans le chauffage des logements ;
    – Les isolants thermiques sont inefficaces car ils ne stoppent pas la progression de la chaleur et du froid, au sein des murs, provoquant une lutte thermique constante, entrainant une consommation en chauffage et en climatisation inacceptable, tout en favorisant l’apparition de nuisances bactériennes. Leur remplacement par un moyen de blocage efficace sera donc mis en œuvre, les rendant obsolètes.

    C’est ce moyen de blocage thermique qui fait l’objet d’une demande de brevet, garantissant sa protection, son utilisation et sa diffusion.
    Il fait passer de l’ère de l’isolation incomplète et couteuse, à celle de la climatisation naturelle et gratuite.
    Tous les locaux publics et privés sont concernés.
    Tous les acteurs du Bâtiment devront se mettre à envisager les changements à apporter pour participer à cette mutation technologique.
    A bientôt 80 ans et attaqué par deux AVC, je n’ai plus les moyens financiers et la force physique pour défendre mon procédé,
    https://fr.ulule.com/climatisation-des-habitats/
    C’est la raison pour laquelle je vais créer un collectif de propriétaires et de locataires mécontents de devoir sans cesse débourser un argent difficilement gagné, pour un hypothétique bien-être, auxquels je fournirai les armes pour prouver qu’un logement doit être protecteur, salubre, agréable et accessible à tous, supprimant les tristes « logements sociaux ».
    Willy FURTER
    81600 GAILLAC
    0695523072
    Facebook.com/willyfurter
    willyfurter@sfr.fr

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