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Comme Patrick Drahi, pour réussir au début, il n’est pas interdit de bluffer !

Celui que l’on appelait le milliardaire rouge, Jean-Baptiste Doumeng, l’homme d’affaires communiste, roi de l’import-export avec l’URSS, s’en était même vanté en direct à la télévision en 1983, chez Michel Polac dans son émission Droit de Réponse : "Quand on est pauvre et qu’on veut se lancer, il faut voler. Moi, en Algérie, je n’avais pas un sou. Alors, j’ai pris une vache dans un champ et suis parti avec."

Patrick Drahi (Photo Hamilton/Pool/ABACAPRESS.COM)

Anecdote vraie ou romancée : peu importe ! La plupart des self-made men partis de zéro ont bien dû chacun à leur tour faire preuve d’imagination. Lorsqu’en 1979, Bernard Tapie, 36 ans, va au culot à la rencontre du Maréchal Jean-Bedel Bokassa en République Centrafricaine pour lui racheter à prix bradés ses 7 châteaux et hôtels français : il n’a pas de crédit et fait croire disposer d’un énorme patrimoine. Tout en rajoutant savoir que le fisc français allait saisir les propriétés du « Maréchal à vie ».

Patrick Drahi, le tycoon français des télécoms n’est pas en reste. Et il raconte au « Point » comment il était devenu le roi du câble, avec Numéricable, avant de pouvoir mettre la main en 2014 sur SFR au nez et à la barbe de Bouygues : « Quand je me lance dans le câble dans le sud de la France, il y a un potentiel énorme avec la population arabophone. Et je veux inclure les chaînes en arabe dans mon offre, mais on n’avait pas le droit. Je l’ai fait quand même, mais sans le mettre sur la brochure. Le bouche-à-oreille a fonctionné à merveille… J’appelle ça passer en souplesse. »

Aujourd’hui, la dette de l’empire Patrick Drahi dépasse, (malgré la vente récente de BFM-RMC pour 1,55 milliards d’euros à Rodolphe Saadé, le président marseillais de CMA CGM) les 50 milliards d’euros. Mais on peut faire confiance au propriétaire d’une galaxie qui va de SFR, Altice, Teads, Xfibre, Cablevision, Sotheby’s, Meo, BT ou Hot, dont la fortune personnelle dépasse les 11 milliards d’euros. Pour trouver les solutions. Quand il était jeune, Drahi rêvait d’un destin à la Howard Hughes, Fasciné, il a vu des dizaines de fois le film Aviator de Martin Scorsese consacré au milliardaire américain qui, petit, disait à sa mère : « quand je serai grand, je piloterai les avions les plus rapides du monde, je ferais les plus grands films et je serai l’homme le plus riche du monde. »

À quoi tiennent les grands destins, à un rêve de gosse ! Oui, pourquoi pas. Demandez à Alain Weill, le réfléchi patron de L’Express qui, à défaut d’être devenu journaliste comme il le fantasmait adolescent en écoutant Europe 1, a fini par racheter RMC et nombre d’autres médias.

Une anticipation de succès que traduit plus prosaïquement à sa manière Pierre Hermé, le roi du macaron, lorsqu’il dit : « en France, on n’a jamais le droit de rien. Donc, il faut d’abord foncer et demander après les autorisations. »

À chacun ses risques, tant il est vrai qu’à la base de beaucoup de réussites d’autodidactes, il y a forcément une part de rêve et d’anticipation. Je me souviens que jeune entrepreneur, n’ayant ni locaux, ni personnel, ni argent, la première chose que j’ai faite est de demander à un imprimeur de me sortir une belle plaquette publicitaire sur papier glacé pour présenter ma première publication « Les Dossiers du créateur d’entreprise ! » Nous étions en 1983, et c’est ce qui m’a permis de trouver les premiers annonceurs pour financer ma première publication ; je travaillais de chez moi, un petit studio, rue de Reuilly à Paris. Ce n’était pas du bluff mais une façon d’anticiper sur un succès que chaque entrepreneur juge forcément inéluctable. Avec la confiance en soi et un bon projet, on arrive plus facilement.

La débrouillardise est une qualité qui ne s’enseigne pas dans les écoles de commerce. Elle reste pourtant une clé essentielle à la réussite d’un entrepreneur désargenté. Rien à voir avec les startuppers et leurs tours de table homériques !

Robert Lafont


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