Emmanuel de la Bouillerie a de la suite dans les idées. Au plutôt, il est ouvert aux idées et concepts. Après un parcours classique de cadre dirigeant distribution chez PSA, cet entrepreneur récidiviste n’échangerait pour rien au monde son actuel statut d’entrepreneur libre et indépendant. Il est vrai que sa jeune pousse Imkiz surfe sur l’essor du marché immobilier digital.
Il aurait pu terminer sa carrière comme Directeur réseau chez Peugeot. À 40 ans, il a préféré bifurquer vers de nouvelles aventures. Touche à tout, Emmanuel de la Bouillerie passé par Sciences Po ne regrette rien de ses premiers choix : « Rien de plus utile que d’apprendre des choses inutiles. À mon époque, la culture générale (pas le wokisme…) était au centre des enseignements. Un temps où François Mitterrand et Boutros Boutros-Ghali venaient nous entretenir de géopolitique… Pas de regrets donc, après plusieurs années passées dans l’exploitation agricole familiale dans les Yvelines, j’ai essayé de tout passer en bio. Mais il y a, dans les milieux paysans, des inerties surtout au plan psychologique. Les agriculteurs rechignent à abandonner la fertilisation et les engrais chimiques, précisément parce c’est ce qui leur a permis de gagner… »
On peut les comprendre. Passionné de bois et forêts, (il est administrateur depuis 5 ans de l’exploitant sarthois Boisloco) notre ami ne peut passer un week end sans arpenter son petit domaine. Et cela bien avant la mode de la sylvothérapie et du pouvoir bienfaisant des arbres dont nous abreuvent aujourd’hui les magazines santé . Il n’est pas comme cela, Emmanuel de la Bouillerie. Dans les années 2010 , il s’est s’essayé au digital avec Canal-Web, fondé avec son meilleur ami, c’était un vrai bon créneau. Il s’agissait de digitaliser les concessionnaires automobiles. Avant de revendre l’affaire (1,5 M€ de CA) en 2018 : « Je n’aurais pas dû la créer avec mon camarade de lycée , il y avait trop d’affect, on finissait par se marcher sur les pieds ». Le conseil n’est pas superflu. Et quand Il s’est relancé, il a pris soin de le faire avec un professionnel qu’il ne connaissait pas avant et qui lui est complémentaire : « Il aime faire ce que je n’aime pas et réciproquement ! » Un excellent conseil au passage à ceux qui veulent monter leur affaire. Gare aux amis, l’essentiel est de bien cerner les objectifs à long terme poursuivis par chacun.
Ayant vu l’énorme succès connu outre -manche par la start-up PurpleBricks, déjà 10 % à elle-seule du marché immobilier britannique, il fonde avec Benoit de Montremy, Imkiz exactement sur le même concept. Une agence immobilière 100% digitale à prix fixe (2500 € environ), avec un forfait payable uniquement en cas de succès et qui simplifie au maximum toutes les formalités de la transaction.
Le créneau à certes été déjà défriché par des pionniers (Agences de Papa, Haussmann immobilier…) des jeunes pousses lancées à prix d’or et qui ont occupé très vite des parts de marché. Sans parler de « Contactez-vous » du lyonnais Christophe Faure (soutenu par Entreprendre Ventures) qui ne cache plus désormais son intention de vouloir s’adosser à un réseau plus puissant. Mais le coût est important et la rentabilité incertaine malgré des diversifications dans le metavers (Versity ).
Imkiz lui avance à l’ancienne, pas à pas. Pas beaucoup de personnel (une vingtaine) et un résultat d’exploitation permettant de pérenniser. La formule « paysanne » a encore du bon. Imkiz va doubler ses ventes en 2023 pour dépasser le million d’euros. Et c’est le moment qui est choisi pour lever 500 k€ avec une star du love money, un certain Pascal Quiry, prof gourou des apprentis entrepreneurs sur le campus d’HEC, à Jouy-en-Josas (78), un peu comme un certain Robert Papin.
On ne prête qu’aux riches ou à ceux qui vont le devenir !
Robert Lafont
