Et si la société française réapprenait, avec la philosophe Simone Weil, à se montrer un peu moins démagogue.
Si tout le monde souhaite une société aussi ouverte et libérale que possible, reconnaissons que l’évolution contemporaine interroge au point d’arriver à fixer des limites à cette permissivité excessive devenue règle intangible, avec toutes les dérives que nous connaissons. Notre consœur du Figaro, Eugénie Bastié, tombe à point nommé avec sa formidable chronique sur la philosophe Simone Weil pour remettre au centre cette notion d’ “obligation”. Un mot presque devenu désuet dans la bouche de nos dirigeants et pourtant !
Simone Weil fait remonter le contresens à 1789 lorsque les révolutionnaires ont préféré, dans la Déclaration des Droits de l’Homme, privilégier la notion de “droit” sur celle précisément d'”obligation” ou de devoirs. Une priorité funeste, selon elle, car : “la notion d’obligation prime celle de droit qui lui est subordonnée et relative.” Il ne peut y avoir de droit garanti que s’il est conditionné à un ensemble d’obligations. L’un ne va pas sans l’autre. Et Simone Weil de conclure : “Un homme qui serait seul dans l’univers n’aurait aucun droit, mais il aurait des obligations.”
Et si on arrêtait de brandir toujours nos droits sans exhumer aussi la partie obligations ? Ce serait un grand pas de franchi pour une société plus équilibrée.
Robert Lafont