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Ce milliardaire qui donne des leçons aux jeunes qui ne veulent pas travailler

Claude Perdriel (Photo Jacques Witt/Pool/ABACAPRESS.COM)

Il a 96 ans à peine. Ce qui ne l’empêche pas de diriger un groupe industriel, SFA (1 200 salariés et 391 millions d’euros de chiffre d’affaires), et aussi un hebdomadaire reconnu (Challenges) qu’il entend encore continuer à développer.

Claude Perdriel, c’est de lui dont il s’agit, n’en démord pas; pas question de lâcher l’affaire! Au passage, il donne une belle leçon d’optimisme qui pourrait inspirer toute une génération en proie aux tourments de l’action, et dont certains ont participé récemment aux manifestations anti-retraites, s’inspirant même du ubuesque « droit à la paresse ». Claude Perdriel, lui, ne doit rien à personne! Est-ce son goût pour la course de voiliers au large qui lui a donné cet enthousiasme et cette endurance si précieuse? Diplômé de Polytechnique en 1947, notre homme a fondé ce qui est devenu l’un de nos plus beaux fleurons industriels, dont nous manquions tant justement. SFA fabrique des sanibroyeurs et des solutions sanitaires qui s’exportent dans le monde entier à travers 30 filiales.

Le patron de presse continue, malgré un âge certain, d’assister aux réunions sur l’innovation et la recherche. Féru de technologie, la 228e fortune française (530 millions de patrimoine) s’en délecte par avance, comme il le dit à notre confrère Philippe Larroque, dans Le Figaro: « nous avons encore trois innovations de rupture qui seront prêtes en 2024! »

Idem avec sa passion intacte de la presse; lui qui, chaque semaine, ne manquerait pour rien au monde la réunion de rédaction qui délimite le choix des sujets et de la couverture du prochain numéro. Un vrai engagement pour la presse pour l’ex-trésorier de la campagne présidentielle de François Mitterrand en 1974, qui avait su aussi lancer Le Matin de Paris, quotidien de gauche fondé en 1977 et arrêté en 1987…

Afin de développer Challenges qu’il veut faire évoluer vers un format de news généraliste, « un marché difficile mais jugé, selon lui, plus facile que celui de l’économie » (sic); Claude Perdriel est prêt désormais à réinvestir 2,5 millions d’euros. Précisément le montant qu’il vient de tirer de la cession du magazine Historia, vendu à Bernard Arnault. Ce même Arnault qui détient depuis 2020 déjà 40% de l’actuel hebdo économique français et qui, surtout, dispose d’un droit de priorité en cas de cession de son groupe média Croque Futur qui, outre Challenges, comprend encore L’Histoire et Science & Avenir (120 collaborateurs, 41 millions d’euros de chiffre d’affaires). Le groupe LVMH a déjà investi dans le magazine quelques 12 millions d’euros, c’est dire la motivation du magnat du luxe, déjà propriétaire du quotidien Les Échos et de Radio Classique et dont tout Paris bruisse du fait qu’il veuille encore accroître ses positions dans les médias. À suivre, d’autant que Challenges aurait déjà perdu quelques 4 millions d’euros d’exploitation en 2022, suite notamment à l’augmentation du coût phénoménal du papier (1,2 million d’euros de surcoût annuel).

En attendant, Citizen Perdriel continue de fourbir sa stratégie. L’ex-patron de L’Obs, revendu en 2014 pour une bouchée de pain au trio propriétaire du Monde de l’époque (Pierre Bergé, Matthieu Pigasse et Xavier Niel), ne croit pas trop au payant sur internet. Selon ses déclarations au Figaro, « les gens ont été trop habitués au gratuit sur internet »; Perdriel veut développer le gratuit et le recours aux grandes signatures. Pourquoi pas, sauf qu’en Grande-Bretagne, le grand hebdomadaire The Economist ou le célèbre quotidien Financial Times mènent des stratégies diamétralement opposées, tout comme, en France, Henri Nijdam (Le Nouvel Économiste) ou Frank Julien (La Tribune). L’avenir tranchera.

Faisons confiance à Claude Perdriel qui reste un fantastique opportuniste ; le propre des grands entrepreneurs. On se souvient que du temps de la superbe de Carlos Ghosn à la tête de Renault-Nissan, le patron de Challenges avait su négocier un ticket d’entrée avantageux au sein du capital de son groupe pour le constructeur automobile.

Dans les années 1990, aux débuts du magazine Entreprendre, Claude Perdriel qui venait de racheter Challenges à son fondateur Patrick Fauconnier (qui en avait fait un magazine gratuit pour étudiants) m’avait fait revenir précipitamment de vacances pour prétexter un éventuel rachat d’Entreprendre. La vérité est qu’il voulait simplement s’informer pour mieux peaufiner encore sa stratégie de relance. Malin comme un singe, Claude Perdriel ne vieillit pas, il rebondit en permanence. Son secret, c’est la passion. À transmettre aux jeunes qui languissent!

Robert Lafont


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6 commentaires sur « Ce milliardaire qui donne des leçons aux jeunes qui ne veulent pas travailler »

  1. Son secret c’est aussi et surtout d’être bien né, donc les leçons des vieux boomers bourgeois, on s’en passe volontiers !

    Répondre
  2. « Claude Perdriel naît au sein d’une famille bourgeoise « (fabriquant des voileries) ; sa mère est d’origine basque et son père est contrôleur de coton. Il est élevé dans le 16e arrondissement de Paris avec les règles d’une éducation à l’anglaise qui expliquent sans doute qu’il se montre, en dehors, « d’allure si libre et dégagée[3] ».
    Appartenant à ces « jeunes gens du seizième » qui fréquentent principalement des élèves de grandes écoles, il apparaît alors comme un jeune homme « toujours agité », « désordonné, capricieux, jamais à l’heure », qui garde « rarement plus de six mois la même voiture » et « plus de trois mois la même petite amie[4] ». »
    Merci wikipédia pour développer le concept de « ne doit rien à personne », en effet quel self made man. Imaginons ce qu’il aurait fait en partant d’un milieu plus privilégié.

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  3. Merci pour cet article édifiant qui m’éclaire sur votre belle ligne éditoriale réactionnaire. Je tacherai de m’en souvenir.

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  4. Connard de riche
    Tout juste bon à donner des conseils avec sa cuillère dorée de Bourge.
    Creve le vieux et laissé la place à d’autres connards bouffis d’orgueil

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  5. Je suis ouvrier dans le bâtiment, depuis près de 20 ans et je suis le premier à critiquer les conneries genre droit à la paresse et autres stupidités payés par mon travail.
    Par contre, s’il vous plaît arrêtez avec vos « milliardaires partis de rien » et autres « qui ne doivent rien à la personne « … C’est indécent et un peu répugnant au passage….

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  6. Mr Perdriel est un excellent patron j’ai travaillé pour lui pendant de nombreuses années et je n’ai eu que des satisfactions.il investit beaucoup dan s Les sociétées qu’ils rachètent et la France manque de patrons comme lui.

    Répondre

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