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Budgets 2023 : l’exécutif doit résister à la pression de la démagogie fiscale et soutenir les entreprises 

Entreprendre - Budgets 2023 : l’exécutif doit résister à la pression de la démagogie fiscale et soutenir les entreprises 

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Pour Bernard COHEN-HADAD le Président du Think Tank Etienne Marcel, afin de poursuivre sa politique de l’offre dans un contexte d’incertitudes, l’Exécutif doit soutenir les entreprises pour mener à bien leur transformation économique, leur engagement sociétal et le développement de notre autonomie stratégique 

Tribune. De tous temps la rentrée parlementaire d’octobre travaille sur « le » dossier prioritaire: le budget de l’Etat. Et cette année pour le gouvernement, dans un contexte d’inflation galopante et faute majorité absolue à l’Assemblée nationale, il va falloir faire des compromis.

Certes, ce n’est pas la première fois qu’un gouvernement devra travailler dans l’incertitude du vote du budget mais Elisabeth Borne, contrairement à certains de ses prédécesseurs, aura du mal à sonner l’union en faisant appel à l’art.49.3 de notre constitution. Du coté des acteurs économiques, depuis plusieurs mois, l’incertitude c’est une constante pour toutes nos entreprises, TPE, PME et PMI. Après la Covid en 2020, la pénurie de main-d’œuvre l’année dernière, 2022 ajoute les répercussions de la guerre en Ukraine, le regain de l’inflation, le risque de pénurie énergétique et le tassement de l’activité économique.

Au même moment, après avoir sollicité les PGE, la trésorerie des TPE-PME se dégrade et leur niveau de fonds propres est au plus bas. Et l’on se demande si, malgré la dégradation des finances publiques, la chasse au gaspi des niches budgétaires et la pression de la nouvelle union de la gauche critique de l’entreprise, le gouvernement saura tirer profit du PLF et le PLFSS 2023 pour soutenir durablement les entreprises et sauvegarder notre tissu économique.

Poursuivre la politique de l’offre…

Le début du quinquennat a été positif pour la compétitivité des entreprises, l’emploi et le pouvoir d’achat – les deux premiers étant les meilleures protections du troisième. La politique de l’offre a démontré toute sa pertinence avec la baisse de la fiscalité : plus le taux d’impôt baisse, plus son assiette s’élargit et plus son rendement augmente. C’est l’illustration de la courbe de Laffer. « Gouverner, c’est choisir ! » soulignait Pierre Mendès France et nous attendons des politiques responsables et républicains qu’ils affirment clairement leur choix d’un soutien durable aux entreprises dans les territoires.

La poursuite d’une politique de l’offre, avec la volonté renouvelée de baisser les impôts qui pèsent sur la production des entreprises et celle d’atteindre le plein emploi, notamment via une refonte de l’assurance-chômage, mérite d’être saluée. En revanche, l’étalement de la suppression de la CVAE – initialement promise en une fois – est un mauvais signal envoyé aux entreprises. Elles ont d’autant plus besoin du coup de pouce prévu (8 milliards d’€) qu’il leur est demandé – et c’est bien légitime – de monter en première ligne dans la bataille du pouvoir d’achat, d’augmenter les salaires, de contribuer à la réindustrialisation et de rogner sur leurs marges.

… en résistant à la pression de la démagogie fiscale

Poursuivre la politique de l’offre nécessite de résister à la pression de la démagogie fiscale. Mobiliser l’autorité de l’ancien Chancelier Helmut Schmidt – dont l’adage “les profits d’aujourd’hui sont les investissements de demain et les emplois d’après-demain” reste toujours valable – ne suffira pas. Le wokisme économique d’une partie de notre représentation nationale est affligeant.

Seule la réduction de la dépense publique inutile permettra de poursuivre la politique de l’offre, sans augmenter la dette ni les impôts, et tout en finançant les transformations indispensables. A ce titre, actionner le levier de la lutte contre les fraudes – fiscale et sociale – à la dépense publique est aussi utile qu’à propos, tant les sommes sont significatives. Mieux vaut combattre cette dépense indue que réduire les aides aux entreprises et aux particuliers qui subissent les difficultés liées à l’inflation et aux pénuries.

N’oublions pas que la dépense publique excessive est la source de beaucoup des maux de la France, pour l’État, pour les particuliers, pour les entreprises. Elle explique que notre pays reste un champion des prélèvements obligatoires – impôts, taxes ou cotisations diverses.

… et en faisant confiance aux entreprises

Nos entreprises sont face à des incertitudes qui durent. Beaucoup de nos PME et PMI sont durablement endettées depuis 36 mois et les dettes sociales, fiscales et financières courent et s’accumulent. La flambée du prix de l’énergie, l’explosion des tarifs de renouvellement des contrats d’électricité, l’incapacité pour beaucoup de PME et PMI grosses consommatrices d’énergie de négocier des prix stables ou économiquement supportables font que certains de nos entrepreneurs envisagent de stopper temporairement leur activité et recourir au chômage partiel. Mais entreprendre c’est aussi espérer et au pessimisme de la raison, beaucoup d’entrepreneurs dans les territoires opposent l’optimisme de la volonté – le struggle for life des PME- pour garder la tête hors de l’eau. C’est pourquoi, malgré ces difficultés et celles de recrutement auxquelles ils sont confrontés dans tous les secteurs d’activités, les intentions d’embauches des entreprises sont encore en hausse par rapport à 2021 et atteignent leur niveau le plus haut depuis 2001.

La crise énergétique qui s’installe est l’occasion d’améliorer la qualité thermique de nos locaux, bureaux et sites de production. Et de penser aux conditions de récupération de l’énergie fatale. C’est vraiment le moment ! En France et au niveau régional, les Exécutifs peuvent compter sur les PME pour assumer pleinement leur RSE sur les plans énergétique, social et environnemental. Avec des aides ciblées, elles peuvent continuer de contribuer à préserver le pouvoir d’achat des Français, avec des hausses de salaires et une stagnation des prix au bénéfice immédiat des salariés et des consommateurs et aussi davantage de participation et d’intéressement.     

Les Français ont une belle image des PME et ils attendent beaucoup d’elles pour être les forces motrices du progrès social, sociétal et environnemental dans leurs territoires. Elles peuvent, à leur échelle, continuer d’impulser l’indispensable transformation des modes de vie, de production et de consommation en promouvant une production décarbonée, une économie circulaire et une consommation modérée. Encore faut-il leur faire confiance…

Bernard COHEN-HADAD


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