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Bruxelles va-t-il interdire la fusion Orange Espagne – MasMovil ?

Margrethe Verstager (Photo Henri Szwarc/ABACAPRESS.COM)

Ce serait un nouveau couac assez spectaculaire pour démontrer que l’exécutif européen donne la priorité au consommateur final au détriment de la souveraineté industrielle du continent.

Après Schneider-Legrand, Alstom-Siemens, Pechiney et bien d’autres regroupements industriels  empêchés, la Commission européenne va-t-elle continuer d’interdire la constitution de méga-fusions entre groupes du même continent et mettre en péril leur propre  compétitivité dans le concert de la compétition mondiale ?

Un comble avec cet exécutif européen, avec qui on peut toujours craindre le pire, car toujours non élu, il semble  se préoccuper d’avantage du niveau de la concurrence pour le consommateur final que d’impératif industriel pour l’Europe, qui passe notamment par la constitution de vastes groupes à même de rivaliser dans la compétition mondiale.

La Commission ne s’en cache pas puisque la Commissaire européenne, Margrethe Verstager, Danoise de 54 ans, est elle officiellement chargée de la « concurrence », tout en disposant d’un véritable droit de veto sur les grandes fusions en cours.  Les choses, au moins, sont claires.

Dernier dossier en cours  pour cette Commission et non le moindre puisqu’il s’agit de la méga-fusion projetée entre Orange Espagne et MasMovil qui inquiète maintenant Bruxelles. Un rapprochement entre les deux opérateurs télécom qui aboutirait à un ensemble, au delà des Pyrénées, de 7,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 2,3 milliards d’euros de résultats. Et une péninsule ibérique qui passerait de 4 opérateurs à trois ! La belle affaire alors qu’il y a encore en Europe plus d’une centaine d’opérateurs télécom quand on n’en trouve même pas une dizaine aux États-Unis voire en Chine.

Au moment même où ces opérateurs sont obligés d’amplifier leurs investissements sur la fibre et sur la 5G alors que ce sont les plateformes numériques, principalement américaines, qui tirent profit de l’essor du numérique.
De qui se moque t-on ? Quand on voit les GAFAM américains imposer en toute impunité un quasi monopole de rente sur les fournisseurs d’accès internet, la Commission s’obstine à empêcher la nécessaire consolidation des opérateurs européens télécom.

Pour l’opérateur français Orange, cette fusion avec MasMovil est considérée comme stratégique  voire vitale sur un marché espagnol qui est  devenu son deuxième marché et où ses revenus ont baissé de 1,5 % en 2022. Les synergies tirées de cette fusion pourraient dépasser les 500 millions d’euros annuels.

La décision de la Commission sera prise en août 2023. Elle va être riche de sens pour voir si celle-ci commence enfin à prendre en compte l’intérêt pour l’Europe de disposer de groupes puissants et regroupés . Espérons simplement que l’ancien président d’Orange, Thierry Breton, commissaire européen responsable du marché intérieur,  saura expliquer à ses zélés collègues l’urgence de ces enjeux industriels. Car on sait qu’il les connaît bien. On se souvient de sa  stratégie de consolidation menée à la tête d’Atos … lorsqu’il en était l’actif président.

Robert Lafont


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