Après avoir été nommé en 2007 au CSA, il avait l’idée de pouvoir réintégrer le service public dès 2013 avant de découvrir qu’un règlement du CSA (Arcom aujourd’hui) le lui interdisait. Rachid Arhab n’a d’autre choix que de s’essayer à autre chose. Nous sommes en plein confinement. Conseillé par son ami Pascal Josèphe, l’ancien directeur de TF1 (aujourd’hui disparu), il s’essaye à diffuser des vidéos sur les réseaux sociaux.
« L’objet est de vouloir créer des ponts entre les deux rives de la Méditerranée. C’est ma passion. Il y a besoin d’autre chose que ce prisme envahissant anglo-saxon. Vous n’imaginez pas le besoin de liens entre Français, Algériens, Marocains ou Tunisiens. Les domaines sont si vastes : culture, échanges familiaux ou amicaux, musique, cinéma, rap, littérature, économie, tourisme ; beaucoup nous rapproche surtout si nous arrivons à mettre de côté le politique ou le religieux. Ce sont des pièges. Nos pays ont tant à s’apporter. Le besoin d’apaisement est fort. Il y a beaucoup de positif. Et on n’en parle jamais. On s’omnubile sur l’anxiogène. Liik est aussi là pour cela. »
Sur la relation franco-algérienne, Rachid Arhab semble intarissable. Lors de la dernière visite présidentielle à Alger, il a parlé dans l’avion avec Macron, mais il ne veut pas d’aides. Patriote jusqu’au bout des ongles et féru de culture française, ce Mosellan d’origine kabyle, enfance à Thionville, formé en Alsace veut faire partager sa ferveur pour cette pop culture méditerranéenne en pleine effervescence sur un média 100 % numérique. Après avoir levé 250 k€ avec des actionnaires comme Xavier Niel, la jeune chaîne web basée à Clichy (92) cherche à lever 2 millions d’euros. Le marché est considérable.
Liik vise les Millennials. En Algérie, les deux tiers de la population ont moins de 30 ans, et 90 % d’entre eux sont sur Facebook. Arhab s’est associé avec Guillaume Pfister, actuel Secrétaire Général de la chaîne Public-Sénat. « Ne l’oublions pas, le Rap, la cuisine, la littérature et même le business : il y a de plus en plus de franco-maghrébins qui passent à la surmultipliée avec un désir d’entreprendre dans tous les domaines. C’est un atout considérable pour la France. » Liik ne devrait pas tarder à trouver sa voie. Avec déjà 2 millions de vues cumulées, le média numérique vise 200 millions de vues d’ici la fin d’année. On a tous intérêt à la réussite de cette sorte d’Arte franco-maghrébin.
En me saluant, Rachid rajoute avec son sourire : « Et en plus, vous avez vu, cher Robert, on n’a même pas eu besoin de parler foot ! » Sauf pour rappeler que la quasi-totalité des joueurs de l’équipe nationale d’Algérie avait été formée en France ! Tout un symbole.
Robert Lafont
