Auxerre, une ville attractive comme il y en a tant dans notre pays !

La petite ville des bords de l’Yonne, à peine 40 000 habitants, se remet à peine de la descente in extremis de son club de foot fétiche en Ligue 2. L’AJ Auxerre qui est devenue un emblème presqu’aussi important à elle seule que la Cathédrale Saint-Etienne.

Le patron du café-brasserie « Le Biarritz », place des Cordeliers en centre-ville avec sa spécialité andouillette-chaource, est catégorique : « Beaucoup de touristes sortent de l’autoroute pour visiter la ville grâce au foot… ». Éric Moutard est passionné par son métier : « J’échange avec chacun de mes clients, c’est une seconde nature. Il faut être engagé quand on entreprend. J’en suis à ma quatrième affaire et je travaille 7 jours sur 7. Quand je me suis lancé de zéro près de Dijon, j’ai fait le tour des affaires qui marchaient le mieux pour avoir les meilleurs conseils » (voir sur EntreprendreTV).

Sur le trottoir d’en face, une splendide bâtisse « Hôtel de la Poste », volets fermés, attend depuis 4 ans son repreneur : « L’affaire est magnifique, et pourrait être cédée pour 600 k€ même s’il y a 1 million d’euros de travaux. » Avis aux amateurs! La cité bourguignonne de Cadet Roussel et de Guy Roux ne manque pas d’atouts avec ses édifices religieux ou médiévaux, ses ruelles étroites, ses maisons en colombage et son charmant quai sur l’Yonne, renouvelé et paisible. Chablis et son fameux vignoble n’est pas loin.

Les coteaux d’Auxerre ou ceux de l’Irancy sont des vins en plein renouveau. Au centre-ville, la Biscuiterie de Bourgogne, belle PME lancée par Geoffroy Chopard fait son commerce, et visera bientôt le million de chiffre d’affaires avec déjà 4 magasins (Avallon, Vézelay…) même si on est loin des scores de son confrère breton « Trinitaine ». N’oublions non plus la présence à Auxerre d’industriels de poids comme Hermes-Metall (leader européen de l’aménagement de grandes surfaces), Bkackmer-Mouvex, constructeur de pompes, sans oublier Yoplait ou Fruehauf France.

Un peu plus loin sur la route d’Avallon, l’ancienne usine désaffectée de la maison Heudebert fait tâche sur la route nationale. La désindustrialisation n’est pas un vain mot. Qu’attend-on pour supprimer les impôts de production et les droits de succession sur les PME ? Ce devrait être une priorité nationale. Seuls Arnaud Montebourg ou Éric Zemmour semblent en avoir pris conscience… Cela fait court. Quand on traverse des villages en allant vers Beaune combien de maisons fermées ou de portes closes.

Et certains de continuer à prétendre qu’il faut encore construire et bétonner. Étonnant que personne n’évoque ces bourgades vidées de leurs habitants qu’il faudrait essayer de faire revenir en les arrimant à des entreprises locales au lieu de chercher à étendre nos métropoles surencombrées avec des populations venues d’ailleurs. Comme disait le Parti Communiste dans les années 70, les gens ne demandent qu’à pouvoir vivre et travailler au pays. Le grand entrepreneur de l’imprimerie française, l’Aveyronnais Jean-Paul Maury, m’a raconté un jour que, de retour d’Allemagne, il ne pouvait s’empêcher de faire le constat : que dans chaque ville d’outre-Rhin, on trouvait à l’entrée de chaque commune une belle entreprise. Comme par enchantement !

À chaque cité sa PME : le slogan est excellent ; pourtant, au lieu de faire cela, nous, on a préféré construire des bâtiments administratifs. Il n’est pas encore trop tard pour opérer exactement l’inverse. C’est même désormais l’intérêt supérieur du pays.

Robert Lafont