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Arnaud Montebourg : « Je suis un entrepreneur heureux »

L’ancien ministre de l'Économie a renoncé à sa vie politique pour se lancer dans l’aventure entrepreneuriale et apporter son soutien à des pans de l’économie sinistrés et délaissés. Chantre du « made in France », Arnaud Montebourg nous expose avec passion ses deux premiers projets en lien avec l'apiculture et la plantation d'amandiers.

Entreprendre - Arnaud Montebourg : « Je suis un entrepreneur heureux »

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L’ancien ministre de l’Économie a renoncé à sa vie politique pour se lancer dans l’aventure entrepreneuriale et apporter son soutien à des pans de l’économie sinistrés et délaissés. Chantre du « made in France », Arnaud Montebourg nous expose avec passion ses deux premiers projets en lien avec l’apiculture et la plantation d’amandiers.

Pourquoi avoir décidé d’entreprendre ? Qu’attendez-vous de ce nouveau challenge ?

Arnaud Montebourg :

J’ai exercé la profession d’avocat durant huit années avant d’être responsable public et élu. J’ai connu à la fois les échecs et les succès dans ma carrière d’avocat, comme on les rencontre dans la vie d’entrepreneur. La fibre entrepreneuriale m’a été transmise par mon histoire familiale. Je suis issu d’une famille d’artisans. Mon grand-père était boucher en Saône-et-Loire où j’ai été élu plus tard.

Nous avons une tradition familiale de l’artisanat, du travail par soi-même ou le capital est entendu comme le savoir-faire et le travail de chacun. Nous avons toujours aimé et honoré ces valeurs au sein de notre famille. Ce fut pour moi une source d’admiration au cours de mon enfance et de mon adolescence de voir cette entreprise familiale de quatre personnes qui faisait tourner une boucherie-charcuterie le dimanche, les jours fériés et même durant les vacances.

Cela respirait le plaisir de faire ensemble, même si ce n’était pas toujours facile… Le monde de l’entrepreneuriat appartient ainsi à mon univers personnel. C’était donc un vieux rêve personnel, qui se réalise maintenant.

Lorsque vous étiez élu, quelles sont les problématiques entrepreneuriales que vous avez eues à traiter ?

A.M. :

Jeune député, je me suis intéressé au scandale des tribunaux de commerce qui essoraient le travail d’entrepreneurs, au profit des vautours qu’étaient les mandataires de justice. Les procédures collectives constituaient la mine noire de l’entrepreneuriat. C’était l’époque où Antoine Gaudino avait publié son ouvrage polémique La Mafia des tribunaux de commerce.

J’étais alors rapporteur dans l’optique de faire bouger les choses. Le système brisait des vies d’entrepreneurs, d’artisans et de commerçants. Au Gouvernement plus tard comme Ministre de l’Economie et du Redressement Productif, je me suis battu pour sauver le plus possible d’outils industriels et d’emplois menacés, j’ai lancé les 34 plans industriels du renouveau de notre industrie dont certains connaissent aujourd’hui un grand succès (chimie verte, véhicule autonome, satellites électriques, biotech, cloud numérique), j’ai lancé la bataille culturelle du Made in France, et notamment créé la BPI.

Pourquoi ne pas avoir poursuivi votre vie politique ?

A.M. :

Lorsque je suis rentré au gouvernement en 2012 (au ministère du Redressement productif puis à l’Economie, NDLR), la question s’est posée de savoir si je me représentais aux législatives comme député. J’aurais pu faire ce choix mais j’ai préféré décider de ne pas me représenter et suis rentré au gouvernement sans filet en décidant que si l’expérience ne fonctionnait pas, je serais en situation de recommencer ma vie à zéro.

J’ai volontairement pris ce risque. Il était donc acté que je ne reviendrais pas à l’Assemblée nationale comme député à l’image de beaucoup de ministres lorsqu’ils sortent du gouvernement. Je savais exactement quel était mon sort puisque j’en avais décidé ainsi. Mon choix fut de m’obliger à écrire une nouvelle page personnelle comme je l’avais fait après avoir été avocat en devenant jeune député à l’âge de 30 ans.

Pourquoi avoir suivi un cursus à l’INSEAD (Institut européen d’administration des affaires) à votre sortie du gouvernement ?

A.M. :

J’ai décidé de me former car j’estime que l’on a toujours quelque chose à apprendre. J’ai suivi un Advanced Management Program qui m’a complètement fait changer de perspective. Le directeur du programme nous avait accueilli en déclarant que nous étions 59 élèves, 25 nationalités, 35 secteurs, et que nous allions nous enseigner à nous-même car nous attestions de 1 000 ans d’expérience professionnelle à nous tous.

Nous n’étions que quatre Français dans la promotion, ce qui me permit de sortir du débat franco-français. J’ai donc dispensé plusieurs cours dont un sur l’utilité des nationalisations (!) car je pense que l’État doit être souverain, fort et exercer la défense des intérêts industriels de sa population. Mes cours ont rencontré un franc succès auprès des participants allemands, américains, chinois, africains et asiatiques, à l’exception des Anglais tout de même qui m’ont traité de socialiste, ce qui n’était pas une injure à mes yeux.

Les apprenants issus du monde de la finance étaient les libéraux les plus radicaux mais tous les autres étaient des interventionnistes de mon acabit. Plonger dans cet univers mondialisé fut passionnant et c’est à cet instant que mes projets ont germé.

Que retenez-vous de votre passage chez Habitat entre 2015 et 2016 ?

A.M. :

J’y ai travaillé 18 mois en qualité de vice-président du conseil de surveillance. J’ai réalisé des audits internes car la société était en plein retournement. J’avais envie d’aider cette entreprise que j’aimais depuis longtemps qui avait besoin de bouger et de réfléchir sur elle-même avec un regard nouveau et extérieur.

Vous venez de lancer plusieurs projets entrepreneuriaux dans les amandes (Compagnie française de l’amande méditerranéenne) et le miel (Société d’élevage et de repeuplement des abeilles de France). Quel est leur dénominateur commun ?

A.M. :

Je souhaitais monter des entreprises de zéro, construire des start up selon l’adage : partir de rien, voir grand et aller vite, ce qui me parait plus prometteur et créatif que le paisible pantouflage dans les grands groupes privés. L’idée était donc de bâtir ex nihilo en partant d’une page blanche. C’est à mon sens beaucoup plus intéressant, car nous inventons chaque jour des modèles innovants et essayons de faire tenir debout ces projets.

Vos deux projets sont chapeautés par une structure dénommée Les équipes du Made in France. Quelle est sa raison d’être ?

A.M. :

Mon entreprise, « Les équipes du Made in France » a vocation à monter des projets de production en France, les concevoir, constituer des équipes pour les faire vivre, chercher et lever de l’argent pour les financer et les piloter. Mon projet n’était pas de reprendre une société et de la diriger : je souhaitais en créer plusieurs et les conduire sur les chemins de la réussite.

Peut-on dire que votre structure s’apparente à un incubateur ?

A.M. :

Je suis incubateur des start-up que je crée, finance et pilote moi-même en partage avec les équipes que nous rassemblons. Ma méthode est une méthode d’implication forte. Il existe un nombre important d’incubateurs qui réalisent un travail remarquable : Station F, mais aussi ceux de la ville de Paris par exemple (Boucicaut et MacDonald) et dans les métropoles.

Les incubateurs que l’on nommait précédemment « pépinières » sont également présents dans les milieux ruraux. Mon idée est d’aller plus loin : je vais chercher de l’argent pour financer, piloter, monter l’équipe et m’investir dans le cadre de projets « made in France » pour les conduire le plus loin possible. Ce sont des incubateurs activistes !

En quoi votre approche du secteur du miel provoque-t-elle une rupture dans ce secteur sinistré ?

A.M. :

Je réfléchis aux problèmes agricoles et apicoles de longue date et je souhaitais expérimenter un nouveau modèle, innovant et plus protecteur du travail de l’agriculteur-apiculteur. Nous avons imaginé un modèle économique d’alliance entre le capital et le travail complètement innovant pour l’agriculture. Nous nous associons en fonds propres avec les agriculteurs toujours en minoritaire, car l’exploitant doit toujours être chez lui, notamment dans l’apiculture et la plantation d’amandiers.

Nous apportons du capital et les agriculteurs apportent leur travail afin de créer une alliance productive vertueuse. Ainsi, leurs exploitations sont moins endettées, leurs revenus sont meilleurs. Ce sont des investissements au long cours. Nous plantons des vergers d’amandiers pour les 25 prochaines années et nous investissons en long terme dans les extraordinaires savoir-faire de nos apiculteurs.

Nous montons des fermes qui ont des tailles suffisamment importantes, selon un modèle économique innovant que nous cofinançons, pour avoir des exploitations solides, durables et qui assurent une meilleure rémunération aux agriculteurs en les mettant à l’abri.

Quelle est la situation du monde agricole aujourd’hui ?

A.M. :

L’agriculture repose sur le chef d’exploitation qui se retrouve seul et sans protection face au marché mondial, avec un niveau d’endettement élevé. Ce modèle économique a mis 60 000 entreprises agricoles sur le flan car la dette continue d’être exigible même lorsque vous n’avez plus de revenus suite à un retournement du marché.

Ces agriculteurs sont confrontés à des cycles de revenus extrêmement violents et des revirements de cycles brutaux dans la mesure où il existe désormais une spéculation sur leurs produits, considérées comme des matières premières. Il n’existe plus de protection ni de régulation des prix car la politique agricole commune est en train de disparaître, et il n’y a presque plus de soutien et de protection des agriculteurs, de leurs revenus, ni même des cours alors que nous avions créé il y a presqu’un siècle les Offices du blé et du vin pour les réguler.

Les agriculteurs évoluent désormais sur des marchés violents et cruels. Le système de l’entreprise agricole dans lequel la dette est la seule source de financement n’est pas tenable.

Quelle est l’ambition de la Compagnie française de l’amande méditerranéenne (Cofram) ?

A.M. :

Je l’ai créée avec François Moulias, un ami ingénieur financier, entrepreneur de talent, qui a été viticulteur dans le Narbonnais. Nous proposons aux agriculteurs de louer leur terre, leur connaissance, leur savoir-faire, leur technique d’arboriculture. De notre côté, nous finançons les investissements, les plantations et l’irrigation lorsque cela est nécessaire et leur travail.

A quelle problématique souhaitez-vous répondre en investissant dans les amandes ?

A.M. :

Les amandiers ont disparu en France alors que nous consommons énormément d’amandes dans notre pays. Essentiellement en raison d’une barrière financière : les amandiers ne produisent pas d’amandes avant la quatrième feuille (4ème année). Aucune banque aujourd’hui n’accepte de financer sans avoir de recette issue de la récolte pendant 5 ans.

Nous avons résolu ce problème en prenant le risque de lever 50 millions d’euros pour 2 000 hectares en France représentant 60-70 fermes de 20 à 30 hectares dans toute la région méditerranéenne. Nous investissons aux côtés des agriculteurs en louant leur terre pour les exploiter avec eux. Nous ne sommes pas acquéreurs de la terre comme le sont les investisseurs chinois, parce que nous respectons au plus haut point le travail et le savoir-faire de l’agriculteur.

Nous investissons donc dans leurs fermes, à leurs côtés, nous plantons les arbres et nous partageons ensuite le résultat de nos efforts communs. C’est un modèle complètement innovant qui permet de reprendre une production qui a disparu. Nous avons regardé attentivement la carte du monde car il existe une géopolitique des produits agricoles.

L’amande est produite à 80 % par la Californie, à hauteur de 365 000 hectares. Ce territoire est en stress hydrique maximal (situation où la demande en eau dépasse les ressources disponibles, NDLR). Les Australiens l’ont compris : ils veulent désormais remplacer la Californie.

Que fait l’Europe ?

A.M. :

Rien ! Elle importe chaque année 3 milliards d’euros d’amandes californiennes. Alors que la France consomme 30 000 tonnes d’amandes par an, elle n’en produit qu’un millier de tonnes, dont 60% de la production nationale repose sur une cinquantaine d’amandiculteurs (de talent !) en Corse.

En 1948, il y avait 10 000 hectares d’amandiers en Provence mais nous avons abandonné cette production qui a désormais une offre mondiale inférieure à la demande. La demande est considérable et est structurellement en hausse mais il n’existe pas de produit français. Mon action présente à la tête de la Compagnie des Amandes fait partie de mon engagement en faveur du « made in France ».

D’autres secteurs sont-ils susceptibles de vous intéresser ?

A.M. :

A chaque fois qu’un secteur est effondré, atomisé ou en difficulté, je suis intéressé pour y réinvestir financièrement, humainement, scientifiquement, technologiquement afin d’y faire naître une offre « made in France ». C’est ce que nous avons fait pour l’heure dans le miel et les amandes. J’ai beaucoup d’autres projets en France, notamment dans l’industrie et les services, je les rendrai publics au moment opportun.

Comment sélectionnez-vous vos projets ?

A.M. :

Il faut d’abord aimer le produit. Je me suis intéressé à la disparition des abeilles il y a 10 ans lorsque je suis devenu président du Conseil général dans mon canton (Montret, NDLR), où je réside. Un apiculteur m’a mis en garde contre la disparition de ces insectes qui s’opérait dans l’indifférence générale.

J’ai rencontré plusieurs apiculteurs contraints de cesser leur activité suite à leur faillite. Dans mon livre programmatique sorti à l’occasion de ma candidature à la Primaire 2011, lorsque j’ai mis en ballotage M. Hollande et Mme Aubry, j’avais dédié un chapitre à la mort des abeilles. C’est un des grands sujets de notre société.

Quelles sont les différentes options possibles pour éviter leur disparition ?

A.M. :

Trois stratégies se dégagent. La stratégie réglementaire et politique qui consiste à dire qu’il faut interdire les pesticides – ce combat est nécessaire et il faut le mener -, la stratégie de la complainte, qui ne mène nulle part, car démoralisante, et enfin la stratégie de la solution, qui contribue à améliorer la situation par l’entrepreneuriat. La politique consiste certes à apporter des solutions mais vous pouvez également résoudre une multitude de problèmes par le biais de l’entreprise.

Comment la Société d’élevage et de repeuplement des abeilles de France (Seraf), que vous avez fondée, va-t-elle répondre au problème de la disparition des abeilles ?

A.M. :

Nous avons monté une entreprise en formant les apiculteurs afin d’assurer le repeuplement en abeilles en France. Le métier d’apiculteur est devenu un métier de haute technicité, comparable à celui de vétérinaire. Ce métier de haut niveau requiert du savoir, de la connaissance et de la grande technicité. Il n’existe plus que 51 apiculteurs possédant une ferme de plus de 1 000 ruches en France.

La chute du nombre d’abeilles est concomitante à la décroissance de la population apicole professionnelle, les apiculteurs de loisirs perdant ainsi leur cheptel car ils ne savent pas le reconstituer, faute de formation. Nous avons ainsi créé l’Ecole nationale des Hautes Études Apicoles, en partenariat avec l’INRA, le CNRS et le Museum national d’histoire naturelle, NDLR) dans laquelle nous recrutons et formons des hommes et des femmes en reconversion professionnelle qui veulent changer de vie et monter une ferme apicole de repeuplement.

Cette grande école professionnelle permet des reconversions dans ce métier magnifique qui cherche des talents et des personnes qui ont envie de se consacrer au repeuplement des abeilles avec des modèles économiques innovants, des stratégies d’élevage et de sélection comme on le fait dans les grandes exploitations apicoles de France et d’ailleurs.

L’école formera entre 10 et 20 apiculteurs chaque année. Nous allons par ailleurs lancer une marque de miel issu de ces fermes qui permettra de faire participer les consommateurs au repeuplement et de s’engager. Les apiculteurs ont besoin d’être soutenus par les consommateurs et nous souhaitons encourager une alliance entre eux pour repeupler ensemble la France en abeilles.

Selon une étude réalisée par l’Université de Reading (Angleterre) à laquelle l’Inra (Institut national de la recherche agronomique) a participé, il manque près de 13 millions de ruches en Europe et au bas mot plusieurs centaines de milliers en France. Cette marque, qui sera légèrement au-dessus du prix du marché, permettra de mieux payer l’apiculteur en contrepartie d’un miel tracé, d’origine France garantie, non mélangé et respectueux de la nature.

L’INRA a manifesté le souhait d’être dans le capital de notre entreprise et sera donc présent dans notre projet, y compris pour y mener de la recherche scientifique et technologique visant à rendre l’abeille plus forte.

Quel bilan faites-vous du mouvement qui s’est constitué autour du « made in France » ?

A.M. :

Le bilan est très positif car les Français ont pris conscience de leur capacité à produire. Des années durant, nous avons été les pires ambassadeurs de notre propre pays, en nous dénigrant nous-mêmes. Pourtant, nous votons chaque jour avec notre carte bleue, nous achetons chinois, allemand, français et nous pouvons décider à travers notre consommation d’encourager le « made in France ».

J’ai toujours défendu cette vision patriotique de l’économie car il existe des forces dans notre pays qui doivent être soutenues – l’Etat ne le fait pas suffisamment avec les marchés publics, par exemple. La société s’emparant du sujet, cela devient une solidité de notre pays et nous devenons capables de reconnaître par nous-mêmes nos propres savoir-faire. Le bilan est donc positif culturellement mais aussi sur le plan économique car nous avons aujourd’hui des modèles économiques complètement innovants qui gagnent.

A titre d’exemple, le numérique favorise le développement du « made in France ». Quand vous fabriquiez des jeans, les distributeurs prenaient la marge du producteur vous contraignant à délocaliser la production hors de France pour des raisons de coûts. Aujourd’hui, lorsque vous vendez sur Internet, la marge du distributeur a disparu et vous pouvez donc plus facilement payer les ouvriers, les confectionneurs, les techniciens et le tissage en France.

Vous faites donc travailler la France car la barrière, voire parfois les prélèvements excessifs de la grande distribution, sont levés tandis que les dépenses délirantes de marketing sont minimisées grâce au numérique. Je préfère ce circuit court qui représente l’avenir. Les Français souhaitent connaître l’origine des produits, savoir comment ils sont fabriqués et attacher une responsabilité du producteur par rapport au consommateur. Le « made in France » consacre ainsi la réussite du circuit court.

Le « made in France » sera-t-il toujours aussi porteur à l’avenir ?

A.M. :

Il représente un gigantesque potentiel et c’est pourquoi j’ai décidé de m’y investir et d’y investir. C’est le moment de multiplier les petits pains ! De nombreux entrepreneurs se lancent et reprennent des productions qui avaient disparu. C’est ainsi que nous remontrons l’économie française brique par brique, en reprenant tout ce qui a été rasé par la mondialisation, essentiellement asiatique, et que nous reconstruirons notre économie.

En quoi la politique et l’entrepreneuriat sont-ils différents ?

A.M. :

Pour moi, la politique est une scène où beaucoup d’énergie est consacrée à empêcher de faire les autres, alors que l’entrepreneuriat mobilise une énergie importante pour réaliser avec les autres. L’attitude entrepreneuriale est bien plus constructive et permet de réaliser concrètement des choses alors que c’est extrêmement difficile en politique.

La politique est une vision générale alors que l’entreprise est une vision concrète et particulière mais qui sont à mon sens parfaitement complémentaires. Sans vision politique ou de la marche du monde, il est difficile pour un entrepreneur d’avancer. Une entreprise, quelle que soit sa taille, se positionne nécessairement sur le plan mondial. Cette vision du monde est donc importante pour un entrepreneur : il doit se cultiver, réfléchir et penser les évolutions profondes de la société sur lesquelles ils travaillent.

Comment décrire l’entrepreneur Arnaud Montebourg ?

A.M. :

Je suis un entrepreneur heureux. Je me régale car l’entrepreneuriat est ancré dans la vraie vie, la part que j’aimais dans la vie publique, le terrain. Nous voyons se déployer sous nos yeux les résultats de nos efforts, ce qui est assez rare en politique où il est très difficile de concrétiser des idées et des projets car vous vous heurtez à de multiples obstacles.

Il existe en politique une forme de déception profonde que j’ai ressentie, liée à une lutte constante de tous contre tous dans la politique qui annule les efforts et les énergies déployées. Dans le cadre des projets que nous entreprenons, nous avançons, nous faisons sans être empêchés et je trouve cela formidable. Je me réjouis de participer modestement mais concrètement à la reconstruction économique de mon pays.

La France offre-t-elle un contexte propice à l’entrepreneuriat ?

A.M. :

Il existe des contraintes liées à la vie en société mais rien de comparable aux obstacles que j’ai rencontrés en politique. La fiscalité est très favorable à l’entrepreneuriat en France, contrairement à ce qu’on prétend. Notons qu’elle est plus favorable qu’en Californie. ! Le vrai problème est celui du financement des entreprises qui n’est pas assuré malgré les efforts mobilisés et la création de la Bpi, dont je suis un des géniteurs.

Nous disposons des outils nécessaires pour la phase d’amorçage mais il n’y a pas suffisamment de soutien aux entreprises qui se déploient et se développent. C’est une des raisons pour lesquelles nous perdons toutes nos pépites : les étrangers viennent faire leur shopping honteux en France. Il existe urgence nationale.

Si j’avais un message à adresser au gouvernement, cela serait d’utiliser l’épargne de l’assurance-vie (environ 1 500 milliards d’euros, NDLR) et de mettre un tuyau de 5 % pour financer le développement de nos PME. Cela suffirait à résoudre nos problèmes et permettrait d’éviter que les Chinois, les Américains ou les autres viennent racheter nos entreprises et qu’elles disparaissent.

[FIN] Ses projets en bref

• Les équipes du Made in France (holding) : 2 salariés

• Société d’élevage et de repeuplement des abeilles de France (Seraf) : 3 salariés en juin

• Compagnie française de l’amande méditerranéenne (Cofram) : 2 salariés en juillet


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