C’est un fleuron stratégique indispensable. Une pépite qu’Alstom avait précieusement perdu dans sa cession au géant américain General Electric. Coup de chance, après les déboires financiers de la multinationale, Alstom s’apprêtait à pouvoir reprendre la branche nucléaire GE Steam et ses fameuses turbines Arabelle, son fleuron perdu.
Belfort (site de l’usine), Jean-Pierre Chevènement, Arnaud Montebourg, Roland Lescure, Nicolas Dufourcq ou Loïk Le Floch-Prigent; bref, tous ceux qui suivent de près l’évolution de nos filiales industrielles s’en réjouissaient par avance. Et pourtant, on apprend, par une fuite d’un dirigeant du groupe, que la transaction pourrait être annulée du fait des autorités américaines (OFAC) qui bloquent le dossier. Pourtant, l’accord devrait être annoncé en grandes pompes et fêté au plus haut niveau de l’État. Que s’est-il passé ?
Dans la bataille mondiale du redéploiement de la filière nucléaire, le département américain s’est aperçu qu’Arabelle constituait une pièce d’un puzzle assez stratégique, pouvant redonner de l’essor à l’offre française et qui, en l’état, priverait Framatome, la filiale d’EDF, de son accès à l’uranium de retraitement enrichi. Voilà où nous en sommes rendus. Ce sont nos meilleurs alliés (OTAN…) qui veulent freiner l’essor de notre filière où la compétition fait rage entre Américains, Coréens ou Français. De bonne guerre ? Arrêtons l’angélisme, d’autant que les Russes en ont également besoin pour les chaînes d’approvisionnement de Rosatom.
Il est plus que temps pour Emmanuel Macron et Stéphane Séjourné de frapper du poing sur la table et d’exiger de nos partenaires américains qu’ils respectent leurs engagements de céder Arabelle à Alstom, et qu’ils fassent confiance aux services du Quai d’Orsay. Ou alors qu’on ne parle plus de partenariat stratégique entre les deux alliés !
Robert Lafont