Peu de gens s’en rendent compte encore parce que nous n’en sommes qu’au tout début d’un processus. Mais il n’est pas douteux que l’origine factice de vidéos diffusées en grand nombre sur tous les réseaux va modifier considérablement notre rapport au monde. Au moment où OpenAI (ChatGPT) annonce le lancement de Sora, son générateur de vidéos par l’IA sur la base de requêtes textuelles, les fausses vidéos vont se multiplier sur la toile.
Et si nous ne mettons pas rapidement en place une certification imposée à l’IA pour distinguer la vraie image d’une vidéo trafiquée : nous ne pourrons plus avoir confiance en rien de ce que nous voyons. Or, pour échanger et s’informer, nous visionnons de plus en plus et lisons de moins en moins. L’urgence d’imposer une certification des images originales s’impose d’autant plus qu’il n’est techniquement pas possible de tracer le vrai du faux.
Car aucune technologie ne permet de distinguer de manière fiable (à 80 % de chances seulement) l’origine factice de ce type d’images ainsi produites. Une marge d’erreur importante pour ces techniques de détection de tatouage numérique (dites de Watermarking) et qui ne risquent guère de s’améliorer, dans les années qui viennent, selon une étude publiée par l’International Journal of Educational Integrity.
Une alerte vient d’être lancée dans ce sens par la philosophe Julie Girard (Le Figaro, 4/03/2024) qui voit dans ces vidéos générées par l’IA l’avènement d’un monde virtuel falsifié où « les discours de déconstruction » seront grandement facilités. Cela promet ! Il n’est pas encore trop tard pour légiférer mais au niveau mondial. Après tout, l’ONU est fait pour cela !
Robert Lafont
