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A Limoges, AirMems cherche 50 millions pour son usine de commutateurs électroniques révolutionnaires

Romain Stefanini

Tout le monde parle de réindustrialisation. Mais c’est à Limoges (Haute-Vienne), la capitale de la porcelaine et de la céramique, que l’on trouve l’un des plus prometteurs projets d’usine en la matière.

Limoges, oui vous savez la préfecture de la Haute Vienne, l’ une des rares villes de province à abriter le siège social d’un groupe du CAC 40, en l’occurrence Legrand, et dont on apprend subrepticement au détour d’un communiqué que c’est précisément là que la SNCF a choisi de réduire certaines lignes ferroviaires. C’est un autre sujet !

Cela fait neuf ans que Romain Stefanini, ingénieur de 38 ans, diplômé ENSIL, développe AirMems avec ses trois associés, Jérôme Goujon, Edhec et les deux chercheurs Pierre Blondy (laboratoire Xlim – unité du CNRS) et le Docteur en électronique chinois Ling-Yan-Zhang. Et de s’escrimer à paufiner, avec l’appui de la Défense nationale de la DGA, leur procédé innovant de commutateurs électroniques. Une petite révolution technologique dans le milieu celle des micro-commutateurs sur un marché mondial estimé à 22 milliards d’euros.
 D’autant qu’il permet de faire nombre d’économies d’énergie par rapport aux traditionnels commutateurs relais ou semi-conducteurs. Car les commutateurs électroniques classiques, laissent passer subrepticement des filets d’électricité même quand les appareils sont en veille. Au niveau de la planète, on évalue cette perte en ligne a l’équivalent de la production de 10 centrales nucléaires dans le monde. Ce n’est pas négligeable. Cela ne devrait pas déplaire à nos amis écologiques.

Le principal avantage d’Airmems est d’être deux fois moins cher que ses concurrents principalement américains, deux startups et une filiale de GE.

La bataille va porter aussi sur le plan industriel. AirMems se doit d’aller vite. Romain Stefanini ne refuse d’ailleurs, pour mener à bien son ambitieux projet, ni les alliances ni les joint-ventures de préférence avec un groupe français (Schneider, Valeo, STMicroelectronics, Plastic Omnium, Seb voire Somfy..), les partenaires ne manquent pas. On est patriote ou on ne l’est pas. À 38 ans, Stefanini et ses 3 compères le sont assurément. Anecdote, après ses études en Californie, ll nous avoue avoir même refusé un pont d’or avec un contrat de travail à 100 000 dollars proposé par un grand groupe : « je porte ce projet d’une technologie made in France, pour créer de la richesse dans mon pays, la France qui a tant besoin de réindustrialisation technologique, » (voir sur EntreprendreTV).

Cela fait plaisir à entendre. Reste à gagner le défi financier, celui de la levée de fonds, terrain de jeu favori, s’il en est, des entrepreneurs américains. Même si notre pays avec Bpifrance, le private equity ou France Relance a beaucoup progressé ces dernières années.

AirMems doit lever quelques 50 millions d’euros dans les trois ans et en trois tranches. Beaucoup de fonds s’y intéressent de près. Dernier détail, il est de taille : « Avec nos neuf ans d’existence, notre entreprise ne rentre plus dans les critères du Fonds National d’Amorçage, et les fonds ont plus de mal à nous financer ! Ce qui est un peu le monde renversé : car dans la Deeptech, il faut de la bouteille … ».

Ce n’est pas cela qui va les décourager. Devenir leader mondial d’un marché porteur, cela se mérite ! Ils vont y parvenir !

Robert Lafont


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