Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur, était présent pour la deuxième année consécutive au Festival de Cannes. Il a présenté un nouveau rapport sur les dynamiques du marché et est revenu sur des sujets d’actualité européens lors d’une rencontre avec la presse.
Thierry Breton, quelle est la raison de votre venue au Festival de Cannes cette année ?
Comme en 2022, je profite de ma visite pour rencontrer les professionnels de l’ensemble de l’industrie, en particulier les acteurs économiques (producteurs, distributeurs, agents de ventes, diffuseurs, investisseurs, start-up innovantes) et j’ai aussi pu échanger avec la ministre française de la Culture.
Il est important pour moi d’assurer une continuité dans mes échanges avec le secteur qui vit un moment d’accélération dans sa transformation. L’an dernier, j’ai lancé MediaInvest, un nouvel outil de financement en fonds propres pour l’industrie audiovisuelle. Et cette année, je suis venu pour présenter un rapport, le Media Outlook, qui a été réalisé par mes équipes et présenté des données chiffrées sur les dynamiques actuelles, s’agissant à la fois de l’industrie et de la consommation des médias et de l’audiovisuel.
Dans ce contexte, je profite de ma présence au Festival de Cannes pour commencer ma réflexion sur des questions qui me paraissent stratégiques pour le secteur.
Quel premier bilan tirez-vous du plan MediaInvest mis en place en 2022 ?
Je suis fier de cette mesure. On savait que l’Europe était à la traîne en matière de soutien aux investissements et n’était pas attractive pour les investisseurs. Désormais, grâce à ce dispositif, nous pouvons stimuler l’investissement et mieux positionner nos entreprises face à la concurrence mondiale. Je suis heureux que plusieurs grandes sociétés européennes du secteur saluent cette initiative publiquement. En un an, nous avons déjà reçu six propositions de fonds d’investissements qui sont en train d’être étudiées. Et nous annoncerons d’ici quelques semaines la signature d’un premier accord. Nous sommes en bonne voie de dépasser l’objectif que nous étions fixés, à savoir mobiliser 400 millions d’euros d’investisseurs d’ici 2027.
Quelle est votre analyse de la croissance de l’intelligence artificielle (IA) qui bouleverse le monde de la création avec des menaces pour le droit d’auteur et la propriété intellectuelle ?
Les avancées récentes dans le domaine de l’intelligence artificielle avec des modèles comme ChatGpt offrent un potentiel de créativité sans précédent à travers la reconnaissance et la génération d’images. Mais l’IA engendre aussi des risques considérables. Notre stratégie européenne vise précisément à créer un écosystème de confiance et d’excellence dans ce domaine.
Notre législation garantit que les systèmes d’IA disponibles sur le marché de l’UE soient sûrs et respectent les valeurs européennes tout en stimulant l’innovation. Le Conseil et le Parlement se sont fermement engagés à conclure les négociations avant la fin du mandat du Parlement européen, au printemps de 2024, et nous travaillons avec eux pour atteindre ce résultat.
À demain… en direct de la Croisette !
René Chiche
