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Sophie Dulac, Madame Cinéma

À la tête du groupe Maison Dulac Cinéma, qui emploie 65 collaborateurs et gère 5 salles à Paris, elle exerce à la fois en tant que productrice, distributrice de films et exploitante de salles de cinéma. Durant le Festival de Cannes, elle partage ses réflexions sur son métier et son implication dans l'industrie cinématographique.

Entreprendre - Sophie Dulac, Madame Cinéma

Sophie Dulac, que représente pour une cheffe d’entreprises dans le cinéma comme vous, le Festival de Cannes ?

Pour une dirigeante d’entreprise dans le cinéma, le Festival de Cannes symbolise la reconnaissance des projets que nous souhaitons développer. Être invité dans ce prestigieux festival est une fierté pour nos films et pour le travail que nous y investissons. Même si Cannes n’est pas indispensable, remporter un prix, comme cela nous est souvent arrivé à « Un Certain Regard » ou à « La Semaine de la Critique », est gratifiant.

Votre groupe agit à la fois dans la production, la distribution et l’exploitation de salles. Pourquoi cette triple activité ?

Intervenir dans la production, la distribution et l’exploitation des salles permet de contrôler les trois secteurs les plus importants de l’industrie cinématographique. Ces domaines sont interdépendants et cette approche nous permet de maintenir les films à l’affiche plus longtemps. La durée de vie en salles étant généralement courte, posséder des salles nous donne la possibilité de distribuer des films plus pointus. Je pense être la seule à exercer ces trois activités de manière totalement indépendante.

Craignez-vous l’essor constant des plateformes pour les entrées en salles et quelles peuvent être les actions à mener face à cela ?

Je ne redoute pas l’essor des plateformes pour les entrées en salles car c’est un phénomène inévitable. Nous devons nous adapter. C’est ce que nous avons fait en réinventant l’exploitation avec nos saisons Kaléidoscopes. Nous proposons environ 200 événements dans nos 5 salles, allant de l’opéra en direct aux cinés clubs et aux retransmissions d’événements divers. Aller au cinéma est désormais une démarche engagée, et nous nous efforçons de donner envie au public de se déplacer.

Comment jugez-vous le système de financement du cinéma français que certains veulent remettre en cause ?

Le système de financement du cinéma français est envié par beaucoup. Sans remettre en cause son existence, il pourrait être ajusté en fonction des projets. Je pense que certains films seraient mieux adaptés aux plateformes, et que l’on pourrait éviter de dépenser de l’argent sur d’autres. Parmi les 250 films français produits chaque année, nombreux sont ceux qui ne trouvent pas leur public, alors que d’autres productions méritantes passent inaperçues. Une modulation du financement pourrait permettre de mieux soutenir les films de qualité.

En tant que femme et dirigeante d’entreprises dans l’industrie cinématographique, quel est votre avis sur toutes « ces paroles qui se libèrent » dans le 7ème art ?

La libération de la parole a permis de dénoncer les abus et les dérives présents dans notre industrie, comme dans d’autres. Les femmes se sentent peut-être moins vulnérables face à ces prédateurs grâce à cette prise de parole, et c’est une avancée positive.

Quels sont les projets de votre groupe pour l’avenir ?

Nous prévoyons l’ouverture d’une quatrième salle à l’Arlequin, rue de Rennes, dans le 6ème arrondissement de Paris, ainsi que des travaux dans nos autres salles. Nous lancerons également une troisième saison Kaléidoscopes en octobre. Mon fils aîné, Mathias Dulac, a rejoint l’entreprise et apporte son énergie et ses idées. J’espère que l’empreinte Dulac perdurera dans ce réseau qui existe depuis plus de 20 ans.

Propos recueillis par René Chiche


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