Par Sophie de Menthon, présidente d’Ethic
Tribune. Certains Français sont décidément bien dépensiers en matière de temps libre. Apparemment depuis qu’un bon virus nous a fait découvrir le remède magique du « quoi qu’il en coûte » nous n’hésitons pas. Le gouvernement par exemple nous offre des serviettes hygiéniques (non jetables !) avec culotte assorties pour les règles (!) mais jusqu’à 26 ans pas plus, l’âge de la ménopause financière ou alors à 26 ans son est riche ? Espérons une aménorrhée générale jusqu’en 2024 date de la gratuité… en attendant on fait grève ? Pour parler plus sérieusement, tout cela coûte une fortune et ne rêvons pas, nous le paierons d’une façon ou d’une autre.
Une journée de grève coutait « 20 millions d’euros à la SNCF, 3 millions pour la RATP et 8 millions pour Air France » en 2019. Si l’on veut être positif, on dira à l’inverse qu’une journée travaillée rapporte 10 milliards d’euros. Un jour de grève faisant perdre 10 à 20% d’activité coûte donc entre 1 et 1,5 milliard d’euros.[1] On peut aussi s’amuser et prendre les retraites comme outil d’évaluation. Petit exercice pour élève de 4ème (pas si facile) : si l’on considère que la retraite moyenne est de 2000 euros par mois, un jour de grève équivaut à 41 années de retraite pour une personne (à répartir) ; soit 5 mois de montant de retraite pour environ 15 millions de retraités : une seule journée ! Nous avons bien dit une journée ! Continuer à défiler et vos retraites vont vous passer sous le nez….
Dans les chiffres donnés est évidemment inclus le manque à gagner des commerçants en tout genre, mais actuellement la situation est plus grave puisque s’ajoute l’inflation, le prix de l’énergie et le découragement des salariés qui est un gros facteur de risque. Je ne vous parlerai pas du moral des chefs patrons de PME qui ont envie de baisser les bras… mais continuent à se battre, de très mauvaise humeur.
Alors évidemment, si l’on se place en termes de macroéconomie, c’est moins parlant, puisque qu’une journée de grève dure se traduit par 0,1 à 0,2 points de croissance trimestrielle.[2] C’est du moins ce qui a été observé en 1995 grâce à Juppé. Pire, au dernier trimestre 2019, même topo à l’occasion du mouvement contre la réforme de la retraite à points (qui a été abandonnée parce que personne n’y comprend rien) mais que tout le monde aujourd’hui estime que c’était très bien (sic). Il faudrait aussi dire incidemment aux Français qu’il y a une expression anglosaxonne le « Sudden stop » qui lorsque la dette devient délirante fait que n’importe quel pays ou institution bancaire, peut arrêter sans prévenir le flux des capitaux (effondrement massif, inattendu et généralisé des capitaux). Dans ces conditions, il faudrait aussi peut être penser à arrêter les chèques cadeaux.
Tout cela serait presque banal si on ne devait y ajouter les dégradations qui sont l’assaisonnement du plat principal ! Les petits gestes chaleureux et personnels ont commencé : on coupe l’électricité chez Dussopt à Annonay dans le 07. La commune appréciera… C’est d’autant plus dur que le ministre a annoncé lui-même que c’est une réforme de gauche ! Faire grève est un droit mais la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres, et faire grève ne veut pas dire contraindre ceux qui ont envie de travailler, et surtout ceux qui le doivent. Tout ça pour ça, sachant que le Président de la République ne peut pas revenir sur sa décision et ne le fera pas, à moins de démissionner…
Sophie de Menthon
[1] Marc Touati, président du cabinet ACDEFI
[2] Julien Pouget, INSEE
