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Quels « leaders » pour survivre dans ce monde barbare ?

Pour quiconque aspire à vivre en paix, le monde qui nous entoure, le monde que nous construisons, ce monde dont nous sommes finalement les premiers architectes, est d’une violence inquiétante.

Entreprendre - Quels « leaders » pour survivre dans ce monde barbare ?

La chronique économique hebdomadaire de Bernard CHAUSSEGROS

Dans notre pays, à propos de sujets très différents, on peut parler des dégradations et des violences commises lors des manifestations contre la réforme des retraites l’année passée, lorsque des professionnels du chaos cherchaient à détruire les centres de nos villes. On peut évoquer les réponses musclées des services de maintien de l’ordre public à la colère des agriculteurs cette année. On peut également revenir sur la lutte incessante menée contre les provocations des prosélytes islamistes dans les mosquées françaises, ou la nécessaire surveillance constante des services anti-terroristes contre les menaces djihadistes. Enfin, on peut s’élever contre les agressions incessantes et antisémites commises contre la communauté juive de France.

À l’extérieur de nos frontières, le monde, et tout particulièrement l’Occident démocratique, ne peut qu’être bouleversé par les conséquences humaines de la guerre lancée par la Russie contre l’Ukraine, ainsi que par la litanie mortifère des actes de cruauté, des exactions et des bombardements dont ont été et sont toujours victimes les populations civiles. Parallèlement, et aussi banal que cela puisse paraître à côté de ces assassinats, il est crucial de prendre conscience des conséquences désastreuses du conflit en matière diplomatique, politique et économique sur la stabilité du monde libre. Oui, dans un pays qui a hérité de son histoire des valeurs démocratiques qui étaient censées se répandre dans le monde entier, des valeurs que tous les États de droit auraient été bien inspirés d’adopter, le constat est alarmant. Petit à petit, les principes humanistes définis aux XVIIe et XVIIIe siècles par des philosophes britanniques comme Locke et Hobbes ou français comme Voltaire, Rousseau et Montesquieu sont combattus, rejetés, abandonnés, moqués et ridiculisés par les tenants d’une vraie violence moderne, une violence qui s’exerce sur les sociétés et leurs organisations.

La France, État de droit, et l’Europe est-il besoin de le rappeler, encore et toujours, la France est un pays démocratique fondé sur des valeurs républicaines propres à son histoire séculaire. Les principes fondateurs de notre société correspondent sans doute à une vision utopique des relations humaines et professent un véritable attachement à l’idée de Paix, à l’esprit de tolérance et de respect que l’on doit à autrui. En tous cas, c’est ainsi, sur les idées de Liberté, d’Égalité et de Fraternité qu’a été définie et rédigée sa Constitution du 4 octobre 1958, texte fondateur qui a progressivement construit un État de droit se voulant social et humain.

Parallèlement, la France a contribué à la construction de l’Europe, avec l’Allemagne, l’Italie et les pays du Benelux. L’expression « Europe des Six » désigne l’ensemble des États fondateurs des différentes Communautés devenues par la suite l’Union européenne. Cette expression a été utilisée dès 1951, date de la fondation de la Communauté européenne du charbon et de l’acier, et n’a changé qu’en 1973, lors du premier élargissement des Communautés européennes. Les Communautés européennes étaient au nombre de trois : la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), la Communauté économique européenne (CEE), remplacée en 1992 par la Communauté européenne, et la Communauté européenne de l’énergie atomique (CEEA).

Les structures exécutives des trois Communautés européennes ont été fusionnées en 1965 par le Traité de Bruxelles. Les Communautés européennes formaient l’un des trois piliers de l’Union européenne, les deux autres piliers étant la politique étrangère et de sécurité commune (PESC), ainsi que la coopération policière et judiciaire en matière pénale (CPJP). Les Communautés européennes étaient notamment membres de l’OCDE et de l’OMC. Cette organisation, axée sur le principe de paix après tant de conflits destructeurs, avait pour but de favoriser l’épanouissement des peuples concernés.

À titre d’exemple, la nationalisation des économies de l’énergie et de l’atome avait pour but d’éviter l’appropriation privée de ressources nécessaires au bien-être collectif des peuples libérés et d’éviter que ce soient les citoyens qui financent in fine les profits inacceptables tirés de leur exploitation.

Malheureusement, tout cela a bien changé depuis les décisions de nos dirigeants politiques de privatiser les sociétés nationales qui traduisaient l’engagement social voulu par le général de Gaulle. C’est dans le même esprit de promouvoir la paix que la coopération policière et judiciaire avait pour objectif de rétablir la paix et la sécurité dans l’oasis de paix qu’était l’Europe des Six ! C’est donc en promouvant les idées de paix et pour mettre fin aux conflits européens de la première moitié du XXe siècle que l’Europe a commencé son développement en définissant des structures administratives et juridiques fortes. Les pères fondateurs de l’Europe avaient particulièrement à l’esprit les morts de la Seconde Guerre mondiale, dont le nombre a été estimé entre 40 et 60 millions de personnes, dans leur vision utopique d’une Europe née dans l’esprit de Jean Monnet. Comme on le sait, cet ancien commissaire au Plan, haut fonctionnaire, a été le promoteur de l’Atlantisme et du libre-échange, sous l’impulsion des dirigeants français et allemands de l’époque.

L’Union européenne est aujourd’hui composée de 27 États membres, à la suite de huit élargissements décidés entre 1973 et 2013 et du retrait du Royaume-Uni en 2020. L’UE représente aujourd’hui le troisième ensemble de population au monde après la Chine et l’Inde. Des extensions futures suscitent des interrogations légitimes, notamment sur ce que sont les limites de l’Europe, la crainte qu’un élargissement trop important ne dilue l’Union en une simple zone de libre-échange incluant des nations aux velléités nationalistes, et la crainte de voir se développer des conflits géopolitiques liés aux démarches d’adhésion. Ainsi, l’Europe n’est aujourd’hui qu’une communauté d’États indépendants liés par une réglementation aux objectifs essentiellement économiques.

Il n’a donc pas été créé une sorte de « nation européenne » dotée d’une police ou d’une armée unique. L’Europe ne dispose pas non plus d’une diplomatie communautaire capable de rivaliser avec celles des autres puissances mondiales. En interne, l’absence de cohérence dans les systèmes fiscaux, dans le droit du travail et dans les règles de concurrence a permis de développer des disparités insupportables entre les différents États. De manière symétrique, dans une communauté qui devrait répondre d’une seule voix aux concurrences mondiales, les manifestations paysannes actuelles montrent à quel point les inégalités persistent et suscitent des rancœurs et des révoltes difficiles à calmer.

La démocratie pacifiste française et la communauté européenne conçues pour sauvegarder la paix se retrouvent aujourd’hui désorientées face à un monde qui s’est progressivement construit pour faire face à de grandes puissances dont la violence est la norme ! La Russie, la Chine et même l’Inde, dans leur histoire la plus récente, ont montré une propension à gouverner leurs peuples par la violence. Pour le démontrer, faut-il rappeler les goulags russes (et l’exemple tout récent de la mort de l’opposant Alexeï Navalny) ou le contrôle informatique des vies et des mentalités ?

 Faut-il évoquer les purges chinoises, les exécutions de prisonniers (d’une balle payante dans la nuque) et les velléités expansionnistes de Pékin pour annexer ou détruire l’île de Taïwan ? Mais il ne faudrait pas non plus oublier chez nos « amis » des États-Unis d’Amérique que le discours de Martin Luther King « I have a dream » ne date que d’août 1963 et que le « Civil Rights Act », mettant fin à toutes les formes légales de discrimination raciale sur l’ensemble de leur territoire, ne date que de 1968.

La violence comme valeur cardinale :

En France, la dégradation s’est fait sentir progressivement mais aussi brutalement depuis la fin des années 70. Elle est tout d’abord due à la faillite du système éducatif et de la politique de formation des classes les plus jeunes de la population, non pas à cause de la désinvolture des enseignants mais à la suite des errements de la politique mise en place par l’exécutif, qui a imposé trop de réformes à notre système éducatif, avec la montée en puissance des mathématiques au détriment des matières littéraires, l’abandon des filières techniques et la volonté aussi ridicule qu’improductive de vouloir transformer 98 % des élèves en bacheliers potentiels.

La perte des grands principes est également due à la faillite des élites politiques qui n’ont d’ailleurs d’élite que le nom. Depuis l’adoption de la Constitution de la Ve République le 4 octobre 1958, l’idée d’un État fort, prônant un capitalisme responsable et le respect de valeurs sociales, n’a fait que s’effacer devant les excès de dirigeants en quête d’une professionnalisation incontrôlée de leurs privilèges et la folie des complicités entre la politique et le monde des affaires, les avantages éhontés offerts à des capitalistes uniquement déterminés par la recherche de la maximisation de leurs intérêts personnels.

Là où l’on attendrait un engagement des élites pour le développement harmonieux du bien commun, la recherche du bien public, on ne perçoit plus que l’intérêt égoïste et individualiste d’individus qui s’enrichissent avec l’argent public. Dans le domaine économique, il est évident que la richesse produite par ceux qui travaillent n’enrichit que ceux qui manipulent la finance mondiale, ceux qui ont donc remplacé la valeur du « travail » par la valeur boursière ou monétaire. Le constat a été fait récemment (et c’est à nouveau l’exemple des manifestations des agriculteurs) que ceux qui nourrissent le pays, mais souvent aussi le continent, ne peuvent vivre de leur travail puisque la valeur ajoutée qu’ils créent est essentiellement captée par les intermédiaires.

C’est ainsi que, du fait du laxisme des pouvoirs publics (Loi EGALIM qui n’est pas appliquée), les paysans français ne sont pas en mesure de lutter contre les abus de la concurrence déloyale des producteurs étrangers. L’Europe s’est elle-même affaiblie par la course à l’élargissement qui ne pouvait être vertueuse qu’en réussissant à associer ensemble des nations aux valeurs culturelles, religieuses et historiques compatibles et aux niveaux structurels et économiques cohérents entre eux.

La France a eu besoin de plus de dix siècles pour faire d’une mosaïque de peuples différents une entité regroupée autour de l’idée de « Nation », elle avait vécu plusieurs révolutions, 1789, 1830, 1848, etc., et expérimenté de nombreux régimes politiques pour aboutir en 1958 à une paix finalement temporaire, tant les égoïsmes et les individualismes ont été plus forts que la volonté de paix. Comment, dans ces conditions, vouloir unir autour d’une seule idée européenne des nations aussi disparates et des peuples dont l’histoire culturelle et religieuse est si différente ? Qui plus est, dans une communauté uniquement fondée sur des intérêts économiques et sur la satisfaction des profits maximum, il aurait fallu donner à chacun les mêmes conditions et les mêmes contraintes dans l’exercice concurrentiel de la production de biens et de services !

Et c’est loin d’être le cas. En fait, progressivement, l’amalgame des pays agglomérés au sein de la communauté européenne, soit pour des raisons préexistantes, soit par goût du profit pur, s’est fait autour de cette violence inhérente qui caractérise les grandes puissances auxquelles l’Europe aurait dû se confronter. Désormais, elle est noyée dans le concert de la violence mondiale, prête à utiliser sa propre violence, au même titre que la France qui se voulait différente comme la patrie des droits de l’Homme qu’elle prétend être, sombre peu à peu dans un désordre incroyable et inacceptable.

La guerre en Ukraine :

En conclusion de la conférence de soutien à l’Ukraine organisée à Paris fin février, notre président a été clair en évoquant le fait que l’envoi de troupes occidentales en Ukraine ne pouvait « pas être exclu ». Le risque se profile de devoir intervenir en Ukraine en envoyant des troupes sur le terrain et non plus du matériel et des munitions. Même si les autres dirigeants européens ont écarté cette idée, l’opinion publique française n’a pas, semble-t-il, été choquée par ces propos et continue de penser qu’il ne faut pas que la Russie gagne cette guerre. Vladimir Poutine, dans sa stratégie de manipulation à laquelle les Russes nous ont habitués, a depuis longtemps désigné l’Occident comme étant son ennemi, il me fait penser à un tristement célèbre « Chancelier allemand » qui avait commencé par l’invasion de la Pologne avant de s’étendre jusqu’en Afrique et au-delà.

L’Europe intervient déjà en Ukraine depuis le début du conflit ukrainien, France comprise, par la présence de nombreux membres des services de renseignements occidentaux, souvent des militaires, mais aussi des membres du personnel diplomatique, des conseillers secondant les états-majors ukrainiens ou des membres des forces spéciales de tous types dont les actions sont par nature clandestines. « Tous les États alliés sont présents en Ukraine, avec leurs services de renseignements », dit-on de source ukrainienne.

Et effectivement, les livraisons d’armes ne peuvent suffire. Il faut également conseiller, informer, former et fédérer les intervenants. Ces analyses ont d’ailleurs été confirmées par des écoutes malencontreuses de diplomates allemands espionnés et maladroits, rendues publiques par le Kremlin. Et peu de jours après les déclarations du président français, c’est le porte-parole de l’ambassade de Russie qui, lors d’un entretien sur la chaine de télévision BFMTV, a tenu des propos que l’on peut classer dans la catégorie des menaces, des insultes et des manipulations mensongères. Il suffit de s’y reporter pour comprendre à quel point les sanctions ou les remontrances diplomatiques resteront lettre morte face à un pays dont un de ses diplomates peut dire « Regardez la poutre qui est dans votre œil avant de parler de la paille qui est dans le nôtre » ! Ou confirmer les propos du maître du Kremlin sur le fait qu’il a lancé il y a deux ans maintenant une « opération spéciale » pour débarrasser Kiev d’un « gouvernement mafieux et nazi ».

La situation en Ukraine reste tendue après des années de conflit armé, en particulier dans les régions annexées. Les accords de Minsk, qui visaient à trouver une solution diplomatique au conflit, n’ont pas été appliqués, et la Russie, qui maintenait une présence militaire significative dans la région, a poursuivi son action de conquête. On a compris désormais que les sanctions internationales, imposées par les États-Unis, l’Union européenne et d’autres pays n’ont pas un effet suffisant pour empêcher les Russes de vendre leur pétrole et leur gaz et, ainsi, de continuer à financer leur guerre. Le conflit continuera de peser lourdement sur la région, avec des conséquences politiques, économiques et humanitaires importantes. Les efforts pour trouver une solution pacifique ne seront possibles qu’à condition que l’Ukraine soit suffisamment aidée pour que l’équilibre des forces bascule en sa faveur.

Gérer Vladimir Poutine et les relations avec la Russie sera un défi complexe à relever pour la plupart des dirigeants du monde libre en raison du statut de grande puissance du pays, de ses intérêts stratégiques et de son influence géopolitique. Il faudrait peut-être (mais à quel prix ?) maintenir des canaux de communication qui restent ouverts et chercher des solutions diplomatiques aux différends. Cela implique que le président russe en ait la volonté ou qu’il y soit acculé. Avec un tel despote, rechercher des domaines d’intérêt mutuel où une coopération pourrait être possible (commerce, énergie ou sécurité régionale) nécessitera un dialogue et une volonté de coopérer sur des questions d’intérêt commun. Compte tenu de l’évolution guerrière des deux dernières années, il faut sans doute plutôt privilégier la fermeté et la dissuasion, en adoptant une approche rigoureuse et inflexible. Mais les risques de conflit mondial sont grands. On sait qu’ils peuvent émerger de différentes sources et tensions à l’échelle mondiale. Les rivalités entre les grandes puissances, telles que les États-Unis, la Chine et la Russie, ainsi que les tensions régionales complexes, peuvent dégénérer en conflits majeurs.

Et ce n’est pas la potentielle victoire de l’ex-président Trump lors des prochaines élections américaines qui sera de nature à nous rassurer, surtout quand on apprend, comme c’est le cas, que son parti bloque les votes de budgets permettant de soutenir l’effort de guerre ukrainien et qu’il menace ouvertement de quitter l’OTAN en cas de victoire à l’élection suprême.

Dans le même esprit, on a déjà conscience de ce que sera sa politique dans le cadre des conflits régionaux, tels que ceux du Moyen-Orient (Gaza), en Asie du Sud ou en Afrique, politique qui aura assurément des répercussions mondiales s’ils impliquent des puissances extérieures ou si les enjeux dépassent les frontières régionales. On ne peut pas non plus négliger les risques liés à la prolifération des armes nucléaires et les tensions entre les États détenteurs d’armes nucléaires qui ne peuvent qu’augmenter le risque de déclenchement d’un conflit dévastateur à l’échelle mondiale, surtout dans un contexte de terrorisme international et d’extrémisme violent. La capacité des terroristes à acquérir des armes nucléaires ou des armes de destruction massive est un danger majeur pour la sécurité mondiale. Les efforts pour lutter contre la prolifération des armes nucléaires et pour prévenir le terrorisme doivent rester une priorité absolue pour la communauté internationale. Dans un monde où la violence semble devenir la norme plutôt que l’exception, il est impératif que les dirigeants mondiaux fassent preuve de leadership et cherchent des solutions pacifiques aux conflits et aux tensions politiques. Cela nécessite une coopération internationale accrue, un dialogue ouvert et une volonté de résoudre les différends par des moyens pacifiques plutôt que par la force militaire.

Mais tout cela me semble illusoire et utopique, le « pouvoir » est détenu dans la grande majorité des pays de notre planète par des hommes assoiffés de pouvoir, et parfois de sang, dont la seule ambition est la destruction de ceux qui pourraient s’opposer à eux. Qui plus est, dans les « contrées dites démocratiques », le pouvoir est désormais concentré autour de la pensée wokiste unique et inique. En clair, d’un côté le bâton et d’un autre, le cilice.

Bienvenue dans ce joyeux monde ! Quel héritage laissons-nous aux générations futures ? Un monde de libertés… sans Liberté !

Bernard Chaussegros


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