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Olivier Mathiot regarde vers… 2050 !

Olivier Mathiot (Photo A. Bordier)

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Les dernières pages de 2021 viennent de se refermer à tout jamais, celles de 2022 commencent à peine à s’écrire. L’encre est encore toute fraîche. Olivier Mathiot est chez lui, sous le soleil radieux de Provence. Avec Marie Ekeland, la fondatrice du fonds 2050, il compte lever plus de 100 millions d’euros. Objectif Terre !

Sur les hauteurs de la cité phocéenne, où il a élu domicile, avec sa femme, Julie, et ses deux fils, Olivier, comme à son habitude, est serein. Ses rendez-vous s’enchainent en visio, dans son bureau ultra-connecté, qui ressemble à une cabane perchée dans un arbre. Grâce aux nouvelles technologies qu’ils manient à la perfection, il peut travailler d’où il veut. De chez lui, où il s’entraîne, aussi, physiquement, en boxant son sac de frappe. De chez thecamp, ce néo-campus futuriste initié en 2013 par Frédéric Chevalier – parti trop vite, en juillet 2017, dans un accident de la route, quelques semaines avant l’inauguration. Ou du siège social de 2050, à Paris.

En 2019, après avoir, définitivement, tourné la page de Priceminister et de Rakuten, Olivier est devenu le Président non-exécutif de ce campus qui « permet la création de concepts, d’idées, de projets autour de l’intelligence collective pour inventer un futur plus durable, plus inclusif, plus humain.» L’homme est un créatif !

Puis, en mars 2021, Marie Ekeland, la figure de proue féminine du capital-risque en France, qui a créé 2050, un fonds d’investissement disruptif, demande à Olivier de la rejoindre. Les deux amis de la tech se connaissent bien. Ils ont fait leur première classe en lançant, avec d’autres, l’éco-système France Digitale, sorte de mini MEDEF, qui regroupe aujourd’hui 2000 start-ups et une centaine de fonds d’investissement et de family offices. A 50 ans, Olivier change une nouvelle fois de vie. C’est sa 5è vie ! Comme Monsieur Jourdain faisait de la prose, Olivier, en tant que business-angel, faisait de la finance. Ce monde des fonds d’investissement est devenu le sien. Il a dû apprendre un métier très réglementé où la finance semble vouloir devenir plus verte.

Olivier a changé. Ou plutôt, ne serait-ce pas le monde qui a changé, en basculant vers un réchauffement climatique irréversible, condamné par, d’un côté, une sur-consommation effrénée, et, de l’autre par une mal-nutrition endémique ? En 2050, le monde a rendez-vous avec sa survie. Conscient de ce monde qui bascule, conscient de son petit effet papillon, du rare nectar qu’il pourrait polliniser, Olivier, avec sa chevelure poivre-et-sel, parfois en bataille, et, sa barbe d’une semaine, ne manque pas d’audace, ni de panache. De loin, son style ressemblerait à celui des philosophes aguerris, qui sortent de leurs tanières anthropomorphiques dans le but ultime de soigner l’humanité. Voire, de la sauver.

L’objectif est clair au sein du fonds 2050 : il s’agit de réconcilier, avant qu’il ne soit trop tard, les nouvelles technologies avec la nature, l’argent avec le bon sens, le développement durable avec l’économie et la création de valeurs pour tous.

« 2050 va plus loin »

Olivier explique que « 2050 va plus loin que les autres fonds, d’où son nom. C’est un véritable défi de réconcilier le court terme et le long terme, au profit de secteurs majeurs comme l’alimentaire, l’éducation, la production énergétique, la santé. Au sein de 2050, nous finançons des sociétés comme Withings, pour la santé connectée. Avec notre agrément de l’AMF, notre objectif 2022 est de lever 100 millions d’euros de plus, pour financer cette société de demain qui sera plus durable, plus respectueuse de la nature et de l’homme, plus humaine. » Olivier Mathiot regarde vers le ciel bleu-azuré. Comme le Petit-Prince de Saint-Exupéry, il se met à rêver. Il voudrait, de levées de fonds en levées de fonds, se donner les moyens d’une nouvelle donne, d’un new-deal. Lui et Marie Ekeland, qui serait la Greta Thunberg à la Française, innovant dans l’ombre des médias et des politiques les nouveaux paradigmes de demain, veulent lever, chaque année, plus de 100 millions d’euros.

Olivier est sur le terrain de ces changements de paradigme. A tel point qu’il pourrait, bientôt, être nommé ambassadeur auprès de l’ONU, tant il défend les enjeux sociétaux et les fameux ODD, les Objectifs de Développement Durable. De quoi s’agit-il ? De réduire les inégalités, de faire disparaître la pauvreté, de développer l’éducation, de lutter contre la dégradation de notre planète, et, contre le réchauffement climatique.

Et, le fonds 2050 – en finançant des start-ups, qui ont vocation à être de véritables acteurs dans le développement durable – veut devenir incontournable. Après le nouveau paradigme des années 2000 qui vantait le lancement de start-ups digitales et la maximisation des profits, celui de 2050 est à prendre très au sérieux. Comme le répète Olivier : « le monde financier, le monde économique, et, la société toute entière doivent apprendre à travailler ensemble pour la sauvegarde de notre environnement, de notre planète. Nous sommes au début d’une nouvelle révolution, la révolution durable, soutenue par la finance responsable. »

L’enjeu est de taille. Le monde du capital-risque serait-il en train de changer ? Tel l’un de ces prophètes sorti tout droit de la Bible, Olivier parle sans détour de l’urgence planétaire : « En 2050, l’humanité a rendez-vous avec elle-même. Le ‶tipping point″, comme on dit en américain, c’est le point de basculement, après le sommet. C’est le point culminant de la courbe démographique où les projections nous amènent à près de 10 milliards d’habitants. »

Un pionnier suit l’autre…

L’enjeu est planétaire. Il n’est plus nombriliste. Olivier ressemblerait à David contre Goliath. Avec son petit caillou, avec la pose de la première pierre fondatrice de cette « révolution durable », va-t-il réussir à terrasser le géant du court-termisme consumériste, qui nous entraîne inéluctablement vers la chute ?

Avant de se lancer dans cette nouvelle aventure, avant de faire partie des premiers de cordée qui font la révolution durable pour sauver le soldat planète, Olivier a été l’un des pionniers qui ont façonné le paysage français et européen du digital. En montant dans la fusée Priceminister, qui a mis sur orbite digital le e-commerce français, il a expérimenté la puissance de poussée des lanceurs numériques. L’éco-système digital était balbutiant, il n’existait quasiment pas. Des pionniers, il en faut dans tous les domaines. Et, celles et ceux qui, comme Marie Ekeland et Olivier Mathiot, ont été pionniers un jour, le sont, finalement, toujours. Comme si l’envie d’entreprendre, de se réaliser tout en se dépassant, était chevillée au corps, vissée à l’âme.

Plus que les autres, le pionnier observe la France et le Monde. Il est au chevet de ces malades, qui ne sont plus imaginaires. Malgré la France affaiblie par la crise pandémique, et, son arrêt économique brutal face à Omicron, Olivier regarde la vingtaine de licornes françaises. Et, tout particulièrement Blablacar, une des premières licornes « qui a un impact très positif sur la consommation de CO2 par trajet. C’est un vrai modèle économique. Il y a, également, Back Market, une place de marché qui permet de reconditionner et de revendre les produits électroniques, déjà, utilisés. Avec cet exemple vertueux, nous sommes en plein dans l’économie circulaire. Prolonger la durée de vie des produits, c’est agir contre l’obsolescence programmée. »

L’ancien communicant, l’ancien directeur de marketing (chez Priceminister) est un homme libre, un pionnier debout. Il veut mettre son empreinte dans l’économie positive. Il ne veut plus de cette économie court-termiste, qui épuise les ressources et abime la planète.

Le leitmotiv de 2050 est le sien : « Notre concept est d’investir dans un futur fertile. Quand on plante un euro, il doit être productif, inclusif et évolutif. » La fertilité est en route. Objectif Terre !

Un nouveau métier et des investissements

Il ne s’arrête plus sur sa lancée de développer cette philosophie du monde, qu’il applique dans ses choix d’investissement. Il répète ces mots : « impacts positifs ». Depuis avril 2021, il a, donc, appris un nouveau métier : celui d’investisseur, de capital-risqueur, de VC. Il apprend vite. Parmi les 4 premiers investissements, (re)citons : Withings, qui produit des objets connectés pour la santé, Sweep, qui utilise la data pour permettre aux entreprises de mesurer leur empreinte-carbone, c’est l’univers de la transition énergétique. Enfin, 2050 a investi dans Wetradelocal, dont la première marque est Fleursdici. Climateview est leur dernier investissement. C’est le premier investissement à l’étranger, en Suède. Cette société propose un logiciel pour les villes, les pays dans le but de préparer leur plan vers la neutralité carbone en agrégeant différentes informations, comme les données démographiques et climatiques.

L’année 2021 pour 2050 s’est terminée dans de bonnes conditions. Trois nouveaux investissements sont en cours. Son actif financier est, actuellement, de 40 millions d’euros. A la fin de l’année, il risque de dépasser les 150 !

Avec sa petite équipe de 7 personnes, dont Marie et Olivier, le fonds tourne à plein régime. Le suivi des investissements, la réception de nouveaux dossiers de demande d’investissement, la levée d’argent, la durée d’accompagnement, la transformation des filières sont le quotidien de ce fonds, qui ne se fixe pas de limite de temps pour accompagner les entreprises.

Et, quid des difficultés ? « Ce que nous proposons est nouveau dans le milieu des investisseurs. Il faut, donc, passer plus de temps à convaincre, à expliquer notre modèle. Nous rencontrons beaucoup de parties prenantes, beaucoup d’entrepreneurs. La seule question de l’idée, de l’innovation entrepreneuriale est insuffisante. Nous accompagnons la gouvernance des entreprises, leur business-plan, leur conseil d’administration. »

Le point fort d’Olivier Mathiot est sa connaissance en 360° du monde des start-ups. Ses vœux pour 2022 ? Réussir à lever ces 100 millions d’euros pour les réinvestir dans les futures licornes inclusives qui vont faire du bien à la planète TERRE. Géographiquement, il a tracé une ligne de crète, qui relie Paris à Marseille, en passant par Aix. A partir de cette ligne, il agit, décide, imagine, oriente et sélectionne les nouvelles pépites qui vont remplir de nouveau les poumons de l’humanité d’air pur. De cette ligne, il regarde la France, l’Europe, le monde.

A Marseille, un rouge-gorge vient de se poser sur la pelouse. Olivier se lève de sa table de jardin. Le rouge-gorge le regarde et ne s’envole pas. Il reste-là, comme s’il avait été apprivoisé. Olivier avale sa dernière part de pizza, et, remonte, s’en faire de bruit, dans son bureau perché. Dans sa tanière-tech, il a une visio avec ces entrepreneurs d’un nouveau genre, qui vont sauver la planète AVANT 2050 !

Reportage réalisé par Antoine BORDIER


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