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Macron en Chine : quels débouchés pour les PME françaises ?

La visite du président de la République dans l’empire du Milieu a débouché sur plusieurs gros contrats industriels. Mais les PME ne sont pas en reste. Car en passant d’un modèle basé sur les exportations à un modèle basé sur la consommation intérieure, la Chine fourmille d’opportunités pour les entreprises tricolores.

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La visite du président de la République dans l’empire du Milieu a débouché sur plusieurs gros contrats industriels. Mais les PME ne sont pas en reste. Car en passant d’un modèle basé sur les exportations à un modèle basé sur la consommation intérieure, la Chine fourmille d’opportunités pour les entreprises tricolores.

Une usine de 10 milliards pour Areva, une méga-commande de plusieurs A320 et A330 pour Airbus… Les grands groupes français ont profité à plein de la première visite d’Emmanuel Macron en Chine (et première en Asie) en compagnie de plus de cinquante dirigeants (Accor, LVMH, Airbus, Areva, Safran, Société Générale, EDF…), dont bon nombre de patrons de PME.

Si la visite présidentielle a débouché sur la signature de « plus d’une cinquantaine » de partenariats et accords dans des secteurs comme le nucléaire civil, le développement durable, l’agroalimentaire, les services à la personne, il est encore difficile de déterminer l’impact réel sur les PME et ETI françaises.

Face à un déficit commercial vis-à-vis de la Chine qui s’est accru ces dernières années (30 Mds€ en 2016) – la France importe environ 45 Mds€ depuis la Chine et exporte environ 15 Mds€ -, Emmanuel Macron a appelé à une nouvelle relation entre les deux pays, reposant sur davantage de réciprocité.

À titre de comparaison, l’Allemagne enregistre chaque année 20 Mds€ d’excédents avec la Chine… En filigrane apparaît la question de l’accès des entreprises françaises au marché intérieur chinois, point névralgique des relations entre Pékin et Paris. « Si on veut rééquilibrer notre déficit commercial, a expliqué Emmanuel Macron, il faut que l’on puisse exporter davantage. Ce qui veut dire avoir un meilleur accès au marché chinois. »

Un marché qui grâce à l’expansion considérable de la classe moyenne locale draine plus de 300 millions de consommateurs. Le plus grand marché de détail en ligne de la planète n’est plus les États-Unis mais la Chine.

Un marché immense de 300 millions de consommateurs

Près de 1800 entreprises françaises de moins de 250 salariés sont présentes en Chine à l’heure actuelle. Mais la deuxième puissance économique mondiale maintient volontairement des freins à l’entrée (administratifs, commerciaux, réglementaires, juridiques), en actionnant les leviers du protectionnisme économique, ce qui décourage parfois les entrepreneurs tricolores.

À l’inverse, la volonté de Xi Jinping, réaffirmée lors du XIXe Congrès du parti communiste à l’automne dernier, de surfer sur l’émergence d’une nouvelle classe moyenne représente une incroyable opportunité pour bon nombre de groupes français, notamment dans des secteurs comme l’agroalimentaire, le luxe, les médias ou encore les énergies renouvelables.

Premier signe encourageant : l’embargo sur la viande bovine française mis en place par la Chine en 2001, suite à la crise de la vache folle, a été levé. Grâce au rapprochement entre les deux pays, plusieurs secteurs (porc, volaille, fruits et légumes, vins et spiritueux…), ainsi que l’agriculture française dans son ensemble, devraient voir s’entrouvrir progressivement les portes du marché chinois dans les prochains mois.

Les nouvelles technologies sont également concernées par ce réchauffement des relations sino-françaises. Ainsi, le PDG de JD.com, le numéro 2 de l’e-commerce chinois, Richard Liu, s’est-il engagé auprès de Business France à aider les PME françaises à entrer dans ses différentes plateformes d’e-commerce en commercialisant pour 2 Mds€ de produits français.

À terme, plus de 10 000 marques pourraient être référencées sur le portail de ce géant de l’e-commerce. Alibaba, le leader du secteur en Chine, déploie le même type d’accord depuis plusieurs mois. En mai dernier, l’entreprise dirigée par Jack Ma a discrètement lancé un projet visant à embarquer plusieurs dizaines de PME provençales dans son écosystème.

« Grâce au e-commerce, il est aujourd’hui possible d’être présent en Chine sans y installer de magasins ni de gros investissements, détaille Sébastien Badault, directeur de l’antenne française d’Alibaba, dans Libération. On est sur du « made in France » pour la Chine. »

Le « made in France » conserve son prestige

« En Chine, détaille Camille Yihua Chen, auteur de E-commerce avec la Chine, mode d’emploi pour les PME- TPE (Éditions Pacifica), les produits venus de l’Hexagone ont le vent en poupe. Pour les entreprises françaises dotées d’un savoir-faire particulier, c’est le moment de se lancer. Le made in France est bel est bien recherché par les consommateurs chinois. » Notamment dans des secteurs comme les cosmétiques, le luxe, la mode, l’agroalimentaire, le tourisme…

Pour l’économiste Jean-François Huchet, vice-président du conseil scientifique de l’Inalco (Institut National des Langues et Civilisations Orientales), les difficultés structurelles des PME tricolores restent un frein à leur développement dans l’empire du Milieu. « Nos PME ont un peu de mal contrairement à leurs homologues allemandes, italiennes ou anglaises, a-t-il expliqué dans les colonnes de Ouest France. C’est une faiblesse de la France mais compte tenu de l’importance du marché intérieur chinois, nos PME doivent se préparer et développer des produits pour la Chine. »

À l’heure où les États-Unis ont renoncé au multilatéralisme, l’Europe, et plus particulièrement la France, bénéficie d’une opportunité historique de gagner des parts de marché dans un empire du Milieu en phase d’ouverture. L’alimentation, la santé, l’aménagement urbain, la sécurité, l’énergie, les transports, la lutte contre la pollution, le digital : autant de secteurs dans lesquels les entreprises françaises auront leur rôle à jouer.

  

Le chiffre

1800 entreprises françaises de moins de 250 salariés sont implantées en Chine

Un fonds pour booster les ETI

Bpifrance, China Development Bank et Cathay Capital ont profité de la visite officielle d’Emmanuel Macron en Chine pour renforcer leur coopération en créant un nouveau fonds : le Sino French Midcap II. L’objectif affiché de ce nouveau véhicule d’investissement sera de lever 1,2 milliard d’euros. Le premier closing et les premiers investissements devraient intervenir d’ici juin 2018.

Le Sino French Midcap II ciblera principalement les ETI (entreprises de taille intermédiaire) disposant d’un fort potentiel de croissance, de création de valeur et de développement à l’international. La majeure partie des investissements seront axés sur la Chine et la France, mais le fonds pourrait ponctuellement étendre son périmètre à l’Europe et l’Amérique du Nord.

« Cet accord confirme la coopération fructueuse entre la France et la Chine dans le domaine du capital investissement », précise Bpifrance. À l’heure actuelle, quatre véhicules d’investissement existent : le Fonds franco-chinois pour les PME lancé en 2012, axé sur les petites et moyennes entreprises ; le Sino French (Midcap) Fund lancé en 2014, axé sur les entreprises de taille intermédiaire et doté de 500 millions d’euros ; un fonds d’investissement en capital-risque dédié à l’innovation lancé en 2015 ; le fonds successeur du Fonds franco-chinois pour les PME en 2017.


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