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Les suicides infantiles issus d’un monde propret et inefficace

Entreprendre - Les suicides infantiles issus d’un monde propret et inefficace

 par Emmanuel Jaffelin, philosophe et sage, auteur d’Apologie de la Punition (Plon, 2014)

Thibault s’est suicidé à Montbrison (Département de la Loire) le 29 avril 2023 à l’âge de dix ans ; Lindsay s’est suicidée le 12 mai, soit qqs jours plus tard,  à Vendin-le-Veil (Nord-Pas-de-Calais) à l’âge de 13 ans. Deux vies courtes ou, plus exactement écourtées dans une société apparemment non violente. Le signe de cette non-violence pourrait s’illustrer par le vote d’une loi interdisant la gifle et la fessée sur les enfants, loi du 10 juillet 2019 interdisant les violences éducatives ordinaires, soit toutes violences physiques ou psychologiques à l’égard des enfants de la part de leur parent. Ainsi, la fessée ou la gifle sont interdites comme mesures éducatives.

Bizarrement, Le Président Macron se retrouve giflé le 8 juin 2011 dans la Drôme (à Tain-L’hermitage) par une personne qui venait de sortir de prison.

En 2014, sortait en librairies mon livre Apologie de la Punition (Plon) où je démontrais l’inefficacité de la prison et l’efficacité de la gifle et de la fessée sur les enfants. En interdisant cette punition physique et parentale, l’Etat s’appropriait la punition dans sa dimension juridique, une punition devenue inefficace (si l’on daigne prendre en considération le taux de récidive des détenus qui quittent la prison ainsi que le taux de suicide des détenus qui y sont) ! Ce monopole de l’autorité juridique qui retire aux parents toute autorité morale et physique ex-pli-que que les enfants se sentent il-limités dans leurs pouvoirs et comportements : ils peuvent regarder sur leurs écrans des vidéos violentes ou sexuelles avant même l’âge de la puberté et s’en inspirer pour frapper la tête de Lindsay sur le sol de la cour de l’école ! « ‘Faudra pas pleurer quand il te manquera une jambe en moins » ou encore » on tombera pas dans ton piège, tu vas souffrir autant qu’elle a souffert », lit-on sur le portable d’Océane, amie de Lindsay qui reçoit le même genre de harcèlement. 

Avec le suicide de Thomas et de Lindsay, notons que les élèves qui les ont maltraités (insultés, battus, etc.) n’ont probablement jamais reçu de corrections physiques de la part de leurs parents et, a fortiori, de leurs enseignants ou surveillants. Dans un tel monde où l’enfant se prend pour un roi ou une reine, il faut comprendre que la tyrannie infantile s’y développe logiquement.

Je rappelle qu’avant la fécondation génétique, la plupart des parents font naître leurs enfants d’un corps-à-corps, mais que leur relation à leurs enfants ne peut plus passer par le corps car un parent vu en train de caresser son enfant peut être accusé de pédophilie ou, s’il est vu lui mettant une gifle, il peut être accusé de mal-traitance.

Alors, lect-rice/eur, penses-tu que si les 4 filles qui ont harcelé Lindsay avaient connu la punition dans leur famille – et donc la limite de leurs actions, elles auraient traité Lindsay de la même façon ?

Lorsque mon livre paru, je fus considéré par beaucoup de médias et de journalistes (sauf par Thierry Ardisson qui me reçut positivement dans Salut les Terriens le 11/03/2018) comme un citoyen attardé qui ne saisissait pas le progrès de notre civilisation. Mais lorsque j’entends le Président de la République giflé parler, 12 ans plus tard de « dé-civilisation », je comprends qu’il ne comprend pas qu’il faudrait ré-enseigner la res-ponsabilité aux citoyens français, à commencer par des gestes simples qui indiquent aux enfants que leurs comportements doivent pouvoir se limiter. En Grec antique, l’absence de mesure ou la dé-mesure d’un comportement se disait Hubris. Or, le suicide de ces deux enfants est la conséquence de l’hubris d’élèves qui ne furent pas leurs « camarades ».

Je dédie cet article aux parents de Thomas et de Lindsay en espérant que le décès de leur enfant constituera un point de départ à la revalorisation de l’amour autoritaire en famille et à l’école. Qui aime bien, châtie bien !

L’écrivaine Kénizé de Kotwara écrivait : « L’Enfer, c’est l’absence de punition »

Emmanuel Jaffelin


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