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L’écologie, échec majeur de la démocratie

Entreprendre - L’écologie, échec majeur de la démocratie

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La chronique économique hebdomadaire de Bernard CHAUSSEGROS

En préambule, il convient de partir d’un constat qui n’aura échappé à personne : l’actuelle campagne électorale pour l’élection du prochain président de la République est creuse ! C’est en tous cas ce que disent beaucoup d’électeurs. Mais en réalité, ils se trompent, car elle est tout simplement sans consistance. Il n’y a aucun débat et les sujets les plus importants, comme la culture et les valeurs de la démocratie et notamment comme l’écologie ne sont même pas abordés !

Les spots des candidats diffusés vers 20h30 sur les chaines de l’audiovisuel public, nous noient sous des listes de promesses qui ne pourront jamais être tenues compte tenu de la situation économique de notre pays. « Les promesses n’engagent que ceux qui y croient »

On nous dira que cette indigence intellectuelle est due à l’impact sur nos vies de la guerre en Ukraine et des immondes crimes contre l’humanité qui nous préoccupent, nous inquiètent et nous scandalisent. Comment, dans une telle situation, s’intéresser aux petites joutes entre candidats par médias interposées, ou aux ridicules échauffourées entre colleurs d’affiche. Personne n’a le cœur à de telles futilités électorales, à de tels combats aussi désuets que dépassés, quand on voit chaque jour les images des villes écrasées et des civils assassinés.

Mais justement, cette guerre devrait nous donner encore plus envie de démocratie, elle devrait nous donner le courage de nous battre pour la faire vivre ! Car c’est bien à cette démocratie et à ses valeurs que nos dirigeants européens prétendent appartenir !

Voilà trois ans que le monde est en proie à des difficultés alarmantes, pandémie de la COVID 19, réchauffement climatique, inondations et incendies gravissimes, tsunamis et montée du niveau des océans, accidents nucléaires dans des centrales mal sécurisées, et aujourd’hui, une guerre en forme de folie qui se déroule aux portes de l’Europe mais qui pourrait déboucher sur des actes mettant en cause l’équilibre du monde.

Il faut protéger l’avenir de nos enfants qui ont besoin d’un monde apaisé, humaniste et démocrate, mais qui ont également besoin que nos actions quotidiennes ne remettent pas en cause l’avenir écologique de la planète !

Mais qu’est-ce que c’est que cette démocratie qui a depuis longtemps perdu ses valeurs ?

Lorsqu’on assiste aux débats orchestrés par des commentateurs ,et non des « débateurs », on se rend compte que le seul plaisir de ces derniers, c’est de poser des questions sans laisser le temps des réponses en coupant l’invité à tout bout de champs, c’est de ne chercher qu’un seul objectif au débat, vérifier la capacité du candidat invité à résister à toutes les provocations, en espérant secrètement que tout dérape brutalement sur un « Messieurs les censeurs, bonsoir ! ».

Qu’est-ce donc que ces fausses émissions de débat où le vacarme et le désordre des échanges devient incompréhensible pour le téléspectateur, et où les animateurs n’acceptent jamais ni responsabilité, ni remise en cause ? Est-ce ça la démocratie ? Et d’ailleurs, avant tout, qu’est-ce qu’une démocratie ? Le gouvernement par le peuple. Or, notre système politique a quelque peu dérivé depuis 1958. Les élus ne portent plus la parole de ceux qui les ont élus, mais celle du parti auquel ils appartiennent, exerçant ainsi leur engagement en votant sur ordre selon les consignes propres à leur famille politique !

Les textes de loi, préparés dans les services juridiques des ministères sont pour la plupart modifiés en profondeur dans les cabinets ministériels et lors de réunion interministérielle à Matignon, en fonction de volontés strictement politiques différentes de l’attente des citoyens. Ce qui en ressort et que l’on « fait » voter aux députés qui n’ont pas les compétences juridiques nécessaires pour démêler le vrai du faux, le bon de l’inutile, le juste de l’injuste, ne représente plus jamais les aspirations populaires, c’est-à-dire la volonté des électeurs à une vie meilleure ! De toute évidence, l’analyse approfondie de certains textes montreraient à quel point ceux qui légifèrent, travaillent, sans toujours le vouloir ou le savoir, à privilégier des intérêts privés au détriment du bien-être collectif !

La preuve la plus éclatante se trouve dans la politique fiscale du pays. La dette publique repose avant tout sur les épaules de ceux qui payent l’impôt. Or, les seuls dont on soit certain qu’ils payent l’impôt à hauteur de leurs revenus sont les salariés, d’autant plus depuis la mise en place de la retenue à la source. Les artisans, les agriculteurs et les patrons de PME sont aussi très taxés. En revanche, tous ceux qui spéculent et font « travailler » leurs capitaux échappent largement à l’impôt, parfois en profitant de mesures légales mises en place par des gouvernements « compréhensifs », souvent en contournant les règles fiscales par la fraude.

Les Français se plaignent de la trop grande part prise dans la dette par la rémunération des fonctionnaires. Dans l’énorme mille-feuilles de l’administration, on ne sait pas faire la part des choses, et rendre justice aux fonctionnaires qui assurent et assument les lourdes charges régaliennes et sont donc indispensables. Mais il y a aussi de vraies clarifications à faire, en supprimant les postes inutiles nés du clientélisme politique. C’est particulièrement le cas dans la fonction publique territoriale, par exemple dans les communes, dont il faut dénoncer la pléthore de fonctionnaires inutiles et qui, surtout ne contribuent pas au bien commun. Les citoyens sont demandeurs de plus de services, de plus de sécurité, d’un système de santé qui soit protégé (la crise de la COVID l’a démontré) et de formations de haut niveau. La question n’est pas dans ce que coûte la fonction publique d’État dont l’existence et les compétences font ce que la France est devenue, un pays attractif fait de liberté et de potentialités.

La question est aussi celle de la qualité et de l’utilité d’une certaine fonction publique. En 1980, la France comptait 2,4 M de fonctionnaires ou quasi fonctionnaires pour 45 M d’habitants. En 2020, le chiffre est désormais de 6 M de fonctionnaires (hors associatifs) pour 66 M d’habitants ! Cherchons l’erreur, à l’heure de l’administration digitale. Qui plus est, comme je l’ai déjà relevé dans de précédents articles, la multiplication des strates décisionnels, 3 en 1980 avec les communes, les départements et l’État, 8 en 2020 avec les régions, les agglomérations, les associations et les communautés de communes, etc. désorganise l’action de l’État et coûte très cher ! Cela fait des postes à tous les niveaux pour des missions similaires qui se recoupent et se superposent.

La question est aussi de savoir comment répartir la charge des dépenses. Tous les Français profitent des services publics, les plus aisés comme les plus pauvres, encore que les plus misérables ont parfois des difficultés à y avoir accès. Mais le poids de la dépense repose essentiellement sur les épaulent des citoyens qui paient réellement l’impôt et non sur l’ensemble de ceux qui créent de la richesse.

Même s’il est vrai qu’il existe une taxation du capital sous la forme de l’IFI, l’impôt sur la fortune immobilière, chacun sait bien que cette imposition laisse de côté la plupart des signes extérieurs de richesse en ne taxant pas le patrimoine réel. Nous avons, nous aussi, nos oligarques qui possèdent des yachts, des chevaux de course, des tableaux de maître, etc.

Démocratie en question, pour des raisons économiques, démocratie en question, sur les mêmes sujets, pour avoir manqué à ses obligations de sauvegarde de la planète !

Mais qu’est-ce que c’est que cette démocratie, où l’on ne parle ni de culture, ni d’écologie ?

L’écologie politique n’est pas une discipline scientifique, elle est un mode d’action, datant des années 1970, pour des groupes qui avaient l’illusion de prendre le pouvoir sur des idées humanistes, et donc se prévaloir d’une culture ancestrale, essentiellement européenne et démocrate.

Mais la culture est le parent pauvre du débat présidentiel. Et pourtant, c’est la culture et son histoire qui ont fait la France du XXIème siècle. L’héritage que nous tenons de nos ancêtres et la transmission des valeurs du siècle des Lumières ont fait notre pays. Mais peu s’en soucient. Et si on parle parfois d’écologie, c’est bien insuffisant. Nous ne sommes plus à l’époque soixante-huitarde où l’on prônait le retour à la terre dans les facultés parisiennes de lettres ou de droit.

Car, aujourd’hui, quand on parle d’écologie, ce n’est assurément, ni en prenant la réalité par le bon bout, ni en proposant des solutions qui seraient en mesure de sauver la planète ! L’instant est d’une intense actualité et d’une extrême gravité !

D’un côté, nous faisons face un conflit qui pourrait dégénérer et qui présente d’ores et déjà un risque de guerre nucléaire, dans une partie de l’Ukraine où sont installées de nombreuses centrales qui se trouvent sous le feu des agresseurs russes. De l’autre, nous avons les conclusions des experts du GIEC. Publié le 4 avril 2022, le troisième volet du sixième rapport du GIEC dévoile une série de solutions, dont les objectifs sont de limiter les conséquences du réchauffement climatique apparemment inéluctable. Il en ressort qu’il nous reste moins de 10 ans pour agir. À défaut, nous ne pourrons plus jamais éviter la catastrophe annoncée. C’est maintenant ou jamais !

L’humanité dispose de moins de trois ans pour inverser la courbe des émissions de gaz à effet de serre, si elle veut conserver un monde vivable, selon les scientifiques du GIEC. Face à ces enjeux considérables, les journaux télévisés et les chaînes d’informations n’accordent qu’une part infime de leurs interventions aux dérèglements climatiques. Il conviendrait que cela cesse ! L’avenir de la planète n’est pas un sujet de duels politiques dans le cadre d’une campagne présidentielle arbitrée par des journalistes spécialisés en faits divers.

Il faut en finir avec l’écologie politique à la petite semaine pour engager un vrai combat pour le sauvetage de la planète. Il faut que les médias s’intéressent réellement aux aléas climatiques, aux problèmes de l’eau potable, de la désertification des zones arides et de l’augmentation annoncée des températures, sources de tous les dérèglements de la planète. Car, à terme, ces dérèglements viendront bouleverser les équilibres démographiques et pourront être sources de nouveaux conflits entre les continents. Il faut documenter ce que nous dit déjà le GIEC, prendre au sérieux les constats qui sont faits et ne pas écarter cela du revers de la main comme l’ancien président Trump. Il faut que les politiques prennent tout cela au sérieux, et il est inquiétant de constater que ce n’est pas déjà le cas, en France, comme le montre l’absence de débat dans le cadre de la campagne électorale actuelle.

Mais qu’est-ce que c’est que cette démocratie, où l’on n’a pas su anticiper les risques de fin du monde ?

Effectivement, on n’a pas voulu anticiper les problématiques qui, désormais, sont là, pratiquement sans solution ! On ne s’est préparé à rien depuis des décennies ! Les alertes sont lancées depuis des années, mais ceux qui les ont signalées à notre attention ont été considérés comme des écolos « babacool », des éleveurs de chèvre qui voulaient s’expatrier sur le plateau du Larzac, des alarmistes n’ayant aucune compétence scientifique, des sectaires de la croissance « zéro », des gauchistes anticapitalistes primaires.

L’écologie politique s’est d’ailleurs elle-même perdue elle-même dans des combats stériles entre factions opposées et sectaires, alors que l’écologie n’a pas à être le programme un peu rétrograde d’un parti politique spécialisé, comme les « Grünen » ou les « Verts », mais une préoccupation centrale, pour ne pas dire vitale, de l’ensemble de ceux qui entendent diriger le monde. En France, les Verts ont connu diverses dénominations, en fonction des alliances et des trahisons, pour s’incarner aujourd’hui dans le cadre de l’élection présidentielle, en « Europe Écologie », mouvement qui regroupe Europe Écologie Les Verts, Génération.s, Génération écologie, Cap écologie et Mouvement des progressistes. Son candidat, en dépit d’un programme étendu, peine à se faire entendre et stagne dans les sondages aux alentours de 5% d’intentions de vote. Sans doute parce son programme se détache trop des réalités quotidiennes des Français.

L’écologie ne peut être l’apanage d’un seul mouvement politique ou d’un seul candidat, même si ce dernier a le mérite de vouloir traiter du sujet de plus préoccupant de notre monde démocratique. Les problématiques soulevées montrent en tous cas l’absence de vision globale durant les 50 années qui viennent de s’écouler depuis le 1er choc pétrolier et le cruel manque de préparation en amont dont sont responsables l’ensemble des dirigeants du monde. La raison centrale en est malheureusement trop claire : le profit, preuve à qui n’en aurait pas encore conscience que les politiques publiques ne sont pas décidées librement par les dirigeants élus des démocraties occidentales, mais par les groupes de pressions économiques, à commencer par le lobby des pétroliers, partout dans le monde.

Publié en août 2021, le premier volet du rapport du GIEC avait démontré l’accélération alarmante du réchauffement climatique, alors que notre planète s’était déjà réchauffée de +1,1°C par rapport à l’ère préindustrielle, et que le seuil de +1,5°C serait sans doute atteint avant 2030, soit 10 ans plus tôt que prévu. Le rapport soulignait le lien entre ce réchauffement et la survenue d’aléas climatiques de plus en plus violents.

Publié en février 2022, le second volet liste les impacts dévastateurs du réchauffement climatique (qui sont maintenant pour la plupart irréversibles) sur la population et la biodiversité. Retarder la mise en place d’actions réduit les chances de préserver un « avenir vivable ».

La troisième partie du rapport du GIEC propose des solutions techniques, sociales et technologiques, en vue de réduire nos émissions de CO2. Elles sont au nombre de quatre :

  • Opter pour la sobriété énergétique, en réduisant notre consommation d’énergie, et en opérant des modifications de nos modes de vie et de nos habitudes ;
  • Remplacer les énergies fossiles par les énergies renouvelables, en œuvrant à ce que les consommations de charbon, de pétrole et de gaz baissent respectivement de 95 %, 60 % et 40 % d’ici à 2050.
  • Augmenter les financements, en sachant qu’ils seront moins élevés que ceux induits par la dégradation de l’environnement.
  • Capter les émissions « carbone » en faisant appel à la technologie existant déjà pour éliminer les émissions de CO2 de l’atmosphère, tout en sachant que le fameux « puits de carbone naturels » que sont les forêts et les océans, seront insuffisants, au regard de la quantité de gaz à effet de serre émise.

Parmi les sources les plus marquantes, l’agriculture, responsable de 22 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, pourrait réduire ses émissions, mais également contribuer à capter celles émanant d’autres secteurs. En outre, une meilleure gestion des cultures et des élevages, ainsi que l’adoption par la population d’un régime alimentaire pauvre en viande permettraient de réduire considérablement nos émissions.

De son côté, le BTP, responsable de 6 % des émissions mondiales, devrait connaître également quelques changements de taille en optant pour l’électrification, la réduction de la consommation énergétique et l’augmentation des dispositifs de captation de CO2.

Mais qu’est-ce que c’est que cette démocratie, où l’on a cherché à maximiser les profits plutôt que de satisfaire le bien commun ?

En commençant pas laisser croire aux citoyens que les réserves de pétrole étaient infinies ! Le sujet était pourtant évoqué depuis la seconde guerre mondiale, mais il a toujours été attribué à des pessimistes rétrogrades !

Dès lors que le prix des différentes sources d’énergie augmente, le prix des produits qui en dépendent suit une évolution parallèle parfois exponentielle. Et les produits dont le coût pouvait être supportable pour certains deviennent soudain inaccessibles. Depuis les « Trente Glorieuses », années bénies, les écarts entre les riches et les pauvres n’ont fait que s’accroître, et aujourd’hui, une partie des citoyens, même lorsqu’ils sont actifs, encore plus quand ils sont sans emploi ou retraités, ne peuvent plus supporter les surcoûts des énergies. Ce qui ne représente qu’une péripétie, un épiphénomène pour les classes aisées, est insurmontable pour les citoyens les moins favorisés. On se souvient que les manifestations des Gilets jaunes avaient notamment pour déclencheur l’augmentation du prix des carburants. Que se passera-t-il après l’élection présidentielle prochaine ?

Depuis les années de bonheur économique que nous avons connu dans la seconde moitié du XXème siècle, les citoyens ont été incités à consommer sans modération, y compris des biens inutiles. Consommer du loisir de plein air, ou de la culture, pouvait se faire à moindre coût. Consacrer son épargne à l’achat de son logement, d’une automobile ou de voyages, cela sous-entendait assumer des dépenses d’énergie, pour se chauffer, pour se déplacer en voiture ou traverser le monde en avion.

L’habitat est depuis longtemps mal conçu, sans vision d’avenir, et notamment sans une isolation correcte, alors que ces technologies existaient déjà et que les premières alertes avaient été lancées sur la gabegie énergétique. Aujourd’hui encore, la plupart des programmes immobiliers d’Ile-de-France sont conçus en adoptant un chauffage au gaz ! C’est à croire que les promoteurs, dont il n’est pas besoin de citer les noms tant ils sont affichés dans les rues du Grand Paris, n’ont lu aucun des rapports successifs du GIEC !

À première vue, qui pouvait croire benoîtement que les réserves de pétrole étaient infinies ? L’histoire avait commencé par la captation des richesses en hydrocarbures au détriment de territoires sous-développés. Les puissances coloniales ont toujours, assez sottement il faut le dire, considéré que ces ressources étaient les leurs et qu’elles étaient infinies. Mais à l’échelle du siècle, tout a évolué.

Les pays où se situent les gisements se sont émancipés et ont peu à peu, avec l’OPEP par exemple, repris la maîtrise de leurs productions, non sans conserver des relations « privilégiées » avec les dirigeants des grandes compagnies mondiales.

Et, brutalement, assez récemment donc, en l’absence de découverte de nouveaux gisements, le spectre de la pénurie a fait son apparition. L’annonce de cette pénurie associée aux troubles de l’approvisionnement dus à la guerre en Ukraine démontre, chez les dirigeants des démocraties occidentales, un manque criant d’anticipation. En témoigne d’ailleurs clairement le récent changement de cap de Total qui vient à la fois de changer de logo et de de nom en Total Energie. Le géant de la distribution de carburant se prépare à élargir son champ d’action à la fourniture d’électricité, pour les ménages comme pour les automobilistes qui sont de plus en plus nombreux à être séduits par les voitures électriques.

Ensuite en taxant l’énergie autant que possible ! Les véhicules de la fin du XXème siècle étaient gourmands. Peu importait, ce n’était pas la peine de faire de la recherche et du développement pour économiser l’énergie. Et pourtant les constructeurs s’y sont peu à peu risqué en prenant conscience que le prix à la pompe allait décourager leurs clients. Pas la peine de se presser sur les énergies nouvelles ou sur les moteurs électriques ! Mais il a fallu que des pionniers milliardaires américains se lancent dans des projets fous pour que les constructeurs historiques se sentent suffisamment menacés pour s’y mettre à leur tour.

Comme disait Néron, « pecunia non olet », l’argent n’a pas d’odeur, qu’il vienne des pompes à essence ou des compteurs électriques, les groupes, comme Total Energie, pourront toujours compter sur les automobilistes, vue leur addiction à l’automobile, pour acheter toujours de plus en plus cher l’énergie destinée à leurs engins terrestres à moteur.

L’État a depuis longtemps compris que la voiture pouvait être une véritable « vache à lait » pour son budget. Sous divers prétextes, ludiques d’abord, parce que la voiture personnelle c’est amusant et fun, philosophiques ensuite, parce que cette voiture c’est la liberté, sociaux enfin, parce que la qualité des automobiles, c’est le plus beau signe extérieur de richesse, et donc de prétention.

Tout dans la pratique de l’auto est prétexte à taxer les français, la promotion puis l’interdiction des moteurs diesel, la promotion des voitures puissantes, plus sûres et la taxation progressive des véhicules les plus polluants, la taxation excessive des carburants (60 % du prix sont des textes revenant à l’État), mais aussi la question des permis à points, les amendes à payer et les points perdus pour 1 ou 2 km/h de plus que la vitesse autorisée, sanctionnée par les multiples radars, qu’ils soient fixes, mobiles ou embarqués.

Les dépenses de première nécessité n’ont pas le même impact pour les contribuables selon le montant de leurs revenus, notamment quand ces produits sont très taxés par l’État. C’est l’exemple des carburants pour lesquels les taxes prélevées par l’État s’élèvent à 60 %) ! Quand le prix des carburants augmente, cette charge supplémentaire frappe avant tout les petites gens, les ruraux, les artisans, etc. et pas les classes aisées. Et pour ceux qui vivent en ville, même si la situation n’est pas toujours aussi pratique qu’on veut bien le dire, on peut se déplacer avec les transports publics ! Mais pour les provinciaux et surtout les ruraux, la hausse du prix de l’essence est un terrible handicap, car ils n’ont aucun autre moyen de déplacement ! On les prive de tout et surtout de leur liberté !

D’aucuns diront qu’ils n’ont qu’à venir habiter le Grand Paris ! Cette mégalopole hors de prix pour la plupart des classes moyennes, ce conglomérat tentaculaire de communes-dortoirs où les trajets se comptent en heures, où, progressivement et curieusement, l’humanité recule et où l’idée de la citoyenneté disparait même parfois. Étrange évolution des principes démocratiques !

Ensuite, en laissant croire que l’énergie pouvait se gaspiller ! On n’en manquait pas ! d’ailleurs, le pétrole ou le gaz, on le « volait » dans les pays pauvres ou colonisés. On pouvait donc le brûler sans modération pour se chauffer. On découvre aujourd’hui, puisqu’il faut les payer de plus en plus cher, que de nombreux français n’ont plus les moyens de les acheter et donc de se chauffer correctement, même dans des maisons relativement modernes, mais aussi qu’il en est de même dans les bâtiments publics pourtant construits dans les 50 dernières années, toujours depuis la 1ère crise du pétrole.

Il aurait suffi de s’intéresser très spécifiquement à la question, en isolant correctement les constructions nouvelles ! En effet, l’importance de l’isolation était déjà largement connue. Mais, pour les promoteurs, la question était celle du choix à faire dans le choix des matériaux utilisés pour maximiser le profit et non le confort du futur occupant du logement. Les bâtiments mal isolés coûtaient moins cher et le coût du chauffage était sans importance dans un monde où l’énergie était bon marché.

Focus : Et maintenant quel est le discours récurrent ?

Alors que des milliers de camions sillonnent et ravinent les routes de France (pour ne pas payer le péage des autoroutes), dont on rappelle au passage qu’ils consomment en moyenne 33 litres aux cents kilomètres, alors que les océans sont parcourus par des milliers de porte-conteneurs qui relient l’Europe à l’Extrême Orient, moyennant une consommation journalière de 300 tonnes de fuel peu raffiné et riche en rejets toxiques, on vient demander aux citoyens de base de rouler moins vite ou d’acheter des véhicules plus récents consommant dans les 6 litres d’essence aux cents kilomètres !

De qui se moque-t-on ?

Pire encore, alors qu’il a été construit depuis 50 ans, voire plus, des habitations qui sont de véritables passoires à énergie, ou alors que l’on sait que d’innombrables usines du parc industriel français consomment immodérément du gaz ou du fuel, on vient demander aux citoyens de base de réduire de 1 degré la température de leur logement !

Il serait grand temps que la démocratie se réinvestisse dans ses vraies valeurs, qu’elle entende clairement ce que veulent les citoyens, qu’elle agisse enfin pour le bien commun et non pour favoriser la maximisation de tels ou tels profits privés ! Réveillons les consciences et pensons à nos générations actuelles et futures… pour un monde meilleur.

Bernard Chaussegros


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