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La France, lanterne rouge de la zone euro en déficit public l’an prochain ?

La seule manière qu’a trouvée Bercy pour camoufler le fait que le déficit et la dette ne baisseront pas par rapport au PIB l’an prochain ? C’est de surévaluer la croissance pour 2024 à 1,4% au lieu de 0,8% (consensus des économistes).

Agnès Verdier-Molinié

Par Agnès Verdier-Molinié, Directrice de la Fondation IFRAP, auteur de Où va notre argent ? (Editions de l’Observatoire)

Sur le volet dette, cela permet, vis-à-vis de Bruxelles, d’afficher une dette stable à 109,7% du PIB alors que, si l’on applique 0,8% de croissance, la dette repart à la hausse non seulement en valeur mais aussi en volume.  

Côté déficit, ce n’est pas mieux puisque le déficit ne baisserait pas non plus. Avec 0,8% de croissance en 2024, le déficit serait toujours à -4,9% du PIB. Cela ferait de la France, si on prend les prévisions 2024 Eurostat, la lanterne rouge de la zone euro avec le niveau de déficit le pire de la zone.

Pourtant, dès l’année prochaine, la France va devoir rendre des comptes à la Commission européenne sur l’état alarmant de ses finances publiques. Et ce car les dérogations au pacte de stabilité et de croissance liées à la pandémie, qui ont permis aux États de s’écarter des exigences budgétaires normalement applicables, vont cesser à la fin de 2023.

D’où le second réflexe pavlovien bien connu : l’augmentation des prélèvements obligatoires. Avec des propositions caricaturales : rapport Guedj, rapport Mattei, qui proposent tous de taxer plus à l’IFI ou d’augmenter la fiscalité sur l’assurance vie, de taxer plus les transmissions d’entreprises ou de supprimer les allégements de charges entre 2,5 et 3,5 SMIC…

De son côté, le Gouvernement a déjà succombé à la chasse aux recettes en annonçant des « économies » qui sont pour la plupart des suppressions ou des rabotages de niches fiscales (Pinel, PTZ, …), voire, la création de taxes exceptionnelles (autoroutes…).

Les finances publiques de la France sont clairement rentrées dans une zone de turbulence. Les taux à 10 ans sur la dette sont en train de retrouver leur niveau de 2011… 2011, année qui avait été marquée par la crise des dettes souveraines. Selon nos estimations, la charge de la dette atteindrait, d’ici la fin du quinquennat, 3% du PIB.

Alors que la part de coût de la dette dans le déficit de l’État en représentait 13% en 2020, elle pèserait plus de 50% en 2027 avec 85 milliards de coût annuel de la dette rien que pour l’Etat en comptabilité budgétaire en 2027 ; et cela si les taux à 10 ans ne montent pas au-dessus de 4,5%… Nous allons dans les années qui viennent de plus en plus nous endetter pour payer… le coût de la dette.

Au trompe l’œil qui ne tiendra qu’un temps très limité, il conviendrait de préférer l’action… Quelques prises de paroles, notamment de Bruno Le Maire, montrent qu’à Bercy, les ministres savent que les piètres « économies » qu’ils avancent dans la loi de Finances 2024 n’en sont pas (fin des dispositifs exceptionnels, suppressions de niches fiscales…) et que pour passer au désendettement, il va falloir changer de braquet. Mais où est l’agenda du désendettement ? Mystère !

Agnès Verdier-Molinié, Directrice de la Fondation IFRAP, auteur de Où va notre argent ? aux Editions de l’Observatoire


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