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La forte poussée écologiste dans les grandes villes va-t-elle pousser le président Macron dans le piège de la mode verte ?

Entreprendre - La forte poussée écologiste dans les grandes villes va-t-elle pousser le président Macron dans le piège de la mode verte ?

Aux Municipales, les Français ont d’avantage exprimé une aspiration qu‘une opinion politique…

Gare aux apparences, avec près de 60 % de taux d‘abstention, record national battu, la vague verte n‘est peut être qu‘une vaguelette, d’autant qu’elle ne s‘exprime que dans les grandes agglomérations (Bordeaux, Strasbourg, Marseille, Lyon, Besançon, Tours, Poitiers, Chambéry, Grenoble) où il y a précisément des problèmes de pollution, d‘habitat et de transport collectif. En outre, comme le rappelait opportunément Daniel Cohn-Bendit sur LCI, « ce sont les plus motivés qui se sont déplacés ».

Il ne fait pas de doute que le discours anxiogène sur la transition écologique n‘ait fini par infuser chez une partie des jeunes électeurs urbains notamment (la génération bobochic ?) largement désireux de le transformer au plan électoral. C‘est chose faite. Au sortir d‘un confinement qui a assoupi les consciences et réveillé le désir de nature, nos concitoyens se sont montrés sensibles à la lutte contre la pollution et à la nécessité de mettre fin à l‘inflation de constructions qui enlaidit et détruit l‘harmonie des paysages aux confins de nombreuses villes. Pas sûr en revanche que tous les électeurs qui ont voté écologiste dimanche soient autant attachés que cela aux thèses d’une immigration ouverte à tous les vents ou à celle d’une décroissance à tous crins et néfaste sur le plan de l’emploi et du pouvoir d’achat. Ce sont les grandes villes qui ont basculé, des zones urbaines plutôt prospères.

Yannick Jadot ne s’y est pas trompé essayant tant bien que mal de tempérer les analyses politiques qualifiant sa victoire  de celle des « pastèques » (rouge à l‘interieur, vert à l‘exterieur)“, rajoutant même avec ironie : « cela faisait longtemps qu‘on ne m‘avait pas ainsi qualifié d‘extrême gauche ». À 52 ans, l’ex directeur de Greenpeace, sait s’il veut bien figurer aux présidentielles, qu’il devra pouvoir rassembler tout son monde. Malgré un talent oratoire spontané et sympathique, le roi vert aura du mal à calmer les ardeurs anti-capitalistes d‘une nébuleuse mêlant sans distinction  socialistes, communistes, trotskystes ou insoumis sans parler des autres, les plus nombreux, les opportunistes de la politique. Un melting-pot propre aux dissensions et aux incohérences à venir Derrière les résultats de façade, la victoire de l‘écologie politique doit autant à la faible mobilisation générale qu‘à la division des droites et des conservatimes de tout poil sur l‘ensemble de l‘échiquier de l‘Udi, aux Modem et Macronistes jusqu‘aux Republicains, voire aux Souverainistes de Debout la France sans même parler du Rassemblement national.

À l‘heure où le pays n‘a jamais eu autant besoin d‘ordre, de sécurité voire d‘apaisement , cette nouvelle fragmentation du paysage politique ne va pas contribuer à la lisibilité du scrutin.
Et le piège pour nos dirigeants en place à commencer par Emmanuel Macron est de se tromper de sens. À vouloir faire la courte échelle à un vote vert enregistré dans des conditions exceptionnelles (il n‘y a quasi aucune campagne d‘explication) comme le président de la République semble s’y essayer comme il l’a esquissé, avec la Convention citoyenne (encadrée par des experts de Terra Nova), Il doit savoir que le risque de contresens est considérable. Car si le vote et les aspirations vont bien en faveur d’une meilleure transition écologique, ces préoccupations passent loin derrière les besoins de sécurité, de prospérité voire de souveraineté. Une aspiration qu’il prendrait donc à rebours. Certes idéologiquement, il est plus aisé pour le candidat de la modernité de se rapprocher de l’écologie que de celle du souverainisme La leçon de la crise du Covid est-elle déjà oubliée ? La cuisante défaite des LREM ( Bordeaux, Strasbourg, Lyon..) ne saurait être effacée par le beau score d‘Edouard Philippe au Havre, ce denier bénéficiant du prestige de Matignon et du vote barrage au communisme dans le principal port maritime du pays.

Un succès d‘estime à relativiser par la déculottée des candidats de la majorité présidentielle dont en principe le premier ministre est censé, être le premier des représentants. Du côté des Républicains, Christian Jacob et sa stratégie de lente remontée peut se féliciter d‘avoir remporté 56 % des villes de plus de 9000 habitants., comme le rappelait avec maestria un Jean-Francois Copé des meilleurs soirs. Le maire de Meaux venant rappeler au grand jour qu’il n‘avait pas abdiqué lui non plus dans la course à la désignation par son camp du meilleur candidat aux présidentielles. Une course dont personne ne parle mais a laquelle tout le monde songe, de Xavier Bertrand à Valérie Pécresse, de Bruno Retailleau à Laurent Wauquiez sans oublier même Francois Baroin voire Nicolas Sarkozy comme le rappelle ce mois -ci Journal de France. Et  même si l‘alliance avec le Rassemblement national reste casus belli, la belle victoire de Louis Alliot à Perpignan, avec 53 % des voix,  prouve après celle de Robert Meynard à Béziers que de nouvelles alliances individuelles peuvent faire exploser tous les plafonds de verre. Comme si les négociations de partis n‘avaient plus vraiment lieu d‘être. À suivre…

Robert Lafont


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