Je m'abonne

La conjoncture économique et géopolitique est-elle favorable aux transmissions d’entreprises ?

Entreprendre - La conjoncture économique et géopolitique est-elle favorable aux transmissions d’entreprises ?

Afficher le sommaire Masquer le sommaire

Les entreprises évoluent dans un monde global, et sont de ce fait impactées par ses évolutions. Or, les bouleversements ont été aussi forts que nombreux au cours des dernières années, ce qui a nécessairement entraîné des conséquences sur les entreprises.

Toutefois, si ces changements ont pu avoir des répercussions négatives par bien des aspects, poussant certains dirigeants d’entreprises à mettre un terme à leur activité et à transmettre leurs sociétés ; ils peuvent aussi être une source d’opportunités, et de nombreuses compagnies ont ainsi pu y voir des occasions de croître et de se développer, notamment à travers une croissance externe. Ces opérations sont cependant complexes, et le contexte implique de réaliser ces opérations avec le plus grand soin, notamment pour ce qui est des aspects juridiques et des montages financiers.

Des évolutions majeures aux conséquences profondes

Au cours des dernières années, notre monde a connu des bouleversements majeurs, dont pour certains les conséquences restent en partie encore inconnues à ce jour. L’une des plus évidentes est bien entendue celle de la pandémie du Covid-19, que certains pourraient être tentés d’assimiler à un cygne noir tant l’arrivée d’un virus inconnu qui donnerait un tel coup de frein à l’économie de l’ensemble de la planète semblait improbable.

La pandémie, de par son ampleur, a provoqué des réactions diverses selon les pays, qui ont eu des conséquences importantes sur l’ensemble des économies, désormais interconnectées du fait de la mondialisation des échanges : l’arrêt de la production en Chine a pu entraîner des tensions sur les approvisionnements pour de nombreux biens, tout comme sa reprise en a créé sur les matières premières. En France, les confinements et les mesures décidées par le gouvernement, le « quoi qu’il en coûte », ont pu préserver les entreprises à court terme, mais n’ont cependant pas empêché un certain nombre de chefs d’entreprise de décider de cesser leur activité et de vouloir céder leurs entreprises.

À l’issue de l’épisode pandémique, la croissance, soutenue par l’intervention de l’État, a semblé un moment de retour avant que l’invasion de l’Ukraine par la Russie ne viennent à nouveau perturber l’économie mondiale. Il s’en est à nouveau suivi un contexte d’incertitude fort, extrêmement préjudiciable à de nombreux secteurs d’activité, ainsi qu’une très importante volatilité des cours et un retour qui semble pérenne d’un cycle inflationniste (même si, aux yeux de nombreux économistes, c’est bien la situation de 2018 qui pouvait sembler surprenante). À nouveau, les entreprises se sont trouvées face à une situation délicate, qui a poussé de nouveaux dirigeants à s’interroger sur la pérennité de leurs activités.

Le contexte politique a également pu entraîner des conséquences sur les stratégies des entreprises. En effet, le caractère imprévisible de l’administration Trump aux États-Unis, tout comme la période électorale en France, qui a vu des candidats aux programmes économiques flous, ou contenant des mesures sujettes à controverse, obtenir des scores importants, a provoqué, là encore, des réactions importantes des acteurs économiques, qu’illustrent, par exemple, la dégradation de la note de la dette souveraine française à la suite de l’épisode de la réforme des retraites, ou plus récemment les inquiétudes à propos de la menace de cessation de paiements outre-Atlantique.

À cela s’ajoutent enfin les incertitudes autour du changement climatique, dont les effets sont aujourd’hui de plus en plus présents.

Et qui appellent parfois à des changements de paradigme d’envergure dans un certain nombre de secteurs d’activités, évolutions amplifiées par les mesures prises ou prévues par les pouvoirs publics, français comme européens.

Un contexte d’une complexité inédite.

Aujourd’hui, un certain nombre d’entreprises doivent rembourser les PGE souscrits en 2020 et poursuivre leur activité, alors que l’inflation a le double effet de restreindre la demande en réduisant le pouvoir d’achat des consommateurs, tout en étant confronté à un renchérissement de leurs intrants. Le besoin de visibilité, de lisibilité du contexte, nécessaire aux entreprises, s’est ainsi vu considérablement réduit, ce qui entraîne nécessairement une plus grande timidité dans les stratégies d’entreprise, tout comme dans les business plans.

De même, les banques ont considérablement réduit l’accès au crédit, demandant davantage de garanties et augmentant, à la suite des taux directeurs, leurs propres taux d’emprunt. Il est par conséquent bien plus difficile aujourd’hui pour les entreprises de mettre en place des effets de levier que ce n’était le cas auparavant. Le conflit en Ukraine a probablement, de manière durable, fermé le marché russe à certaines industries pour lesquelles il s’agissait d’un débouché important.

Ces différents paramètres, financiers, géopolitiques et réglementaires parfois (comme le déploiement des réglementations écologiques), peuvent entraver le développement des entreprises et inciter des dirigeants à envisager une cession. Cependant, derrière ce contexte qu’il faut bien qualifier d’anxiogène à bien des égards, des opportunités peuvent aussi se dessiner.

Des évolutions sources d’opportunités ?

« Il y a crise quand l’ancien monde ne veut pas mourir et que le nouveau monde ne veut pas naître ». Cette célèbre phrase de Gramsci résume de manière frappante la situation actuelle. Car, effectivement, les bouleversements qu’a connus notre monde lors des dernières années peuvent s’assimiler à une fin. Mais c’est également un début, et l’adaptation au nouveau contexte peut être source de nombreuses opportunités pour les entreprises.

Ainsi, malgré la restriction de l’accès au crédit, le nombre d’entreprises dont les dirigeants souhaitent cesser l’activité peut permettre à des sociétés qui auraient une certaine trésorerie disponible de se renforcer via une croissance externe. Le montage de telles opérations, et notamment les volets juridiques et financiers, doivent cependant faire l’objet d’une attention accrue du fait des exigences plus importantes des établissements de crédit, désormais bien plus attentifs aux perspectives de rentabilité comme aux taux d’endettement des entreprises. Les cessions d’entreprises peuvent ainsi se trouver facilitées par la présence d’acteurs désireux de renforcer leurs positions, de s’implanter sur de nouveaux marchés ou d’acquérir des savoir-faire et des compétences qu’ils estiment indispensables.

Le contexte, pour des raisons semblables de repositionnements ou de renforcements, peut aussi rendre plus pertinentes des fusions d’entreprises, pour rationaliser tout ou partie des processus de production ou obtenir davantage de maîtrise sur la chaîne de valeur. Car, après tout, si Gramsci a eu une phrase célèbre pour décrire la crise, il est également l’auteur de celle-ci : « Je suis pessimiste par l’intelligence, mais optimiste par la volonté ».


Vous aimez ? Partagez !


Entreprendre est un média indépendant. Soutenez-nous en nous ajoutant à vos favoris Google Actualités :

Publiez un commentaire

Offre spéciale Entreprendre

15% de réduction sur votre abonnement

Découvrez nos formules d'abonnement en version Papier & Digital pour retrouver le meilleur d'Entreprendre :

Le premier magazine des entrepreneurs depuis 1984

Une rédaction indépendante

Les secrets de réussite des meilleurs entrepreneurs

Profitez de cette offre exclusive

Je m'abonne