Serait-ce un vendredi noir pour le Festival ? La pluie et la grisaille règnent depuis ce matin et surtout, la CGT a prévu une première action symbolique avec un rassemblement devant le luxueux palace Le Carlton, qui a subi un lifting impressionnant pendant 3 ans moyennant 300 millions d’euros de budget.
Mais pas question de manifester dans le périmètre ou aux alentours de la Croisette, la justice ayant tranché en ce sens. La crainte des organisateurs du Festival et de la municipalité de Cannes étant de néanmoins voir des débordements se produire, la sécurité a été renforcée en ce 19 mai.
Pour revenir au cinéma qui reste l’essentiel de cette quinzaine, la montée des marches hier soir a été marquée par celle de l’équipe d’ Indiana Jones et le cadran de la destinée, projeté hors compétition et qui a permis au grand public d’applaudir Harrison Ford avec à son bras sa ravissante épouse Calista Flockhart. Si ce film bénéficie des gros moyens habituels des blockbusters made in USA, j’ai été plutôt déçu par l’ensemble qui sent le déjà vu et finit par nous ennuyer par sa longueur (2 h 25) et son scénario trop riche en rebondissements et au bout du compte, bien compliqué… En ce qui concerne la compétition, Black Flies du cinéaste français Jean-Stéphane Sauvaire, avec Sean Penn et Tye Sheridan, a impressionné par son rythme, son intensité et la noirceur de son thème avec le vécu de deux ambulanciers au cœur des bas fonds de New York, plus précisément ceux de Brooklyn.
Dans la section « Un Certain Regard », la réalisatrice Stéphanie di Giusto a présenté Rosalie ou l’intimité d’une femme à barbe au début du XXème siècle, jouée par l’excellente Nadia Tereszkiewicz, César du Meilleur espoir féminin en février dernier pour Les Amandiers. Sur la scène du Théâtre Debussy où était projeté Rosalie jeudi soir, outre la cinéaste et son héroïne principale, le public a pu voir les autres membres du casting à savoir Benoît Magimeĺ, Benjamin Biolay, Juliette Armanet, Guillaume Gouix et Gustave Kerven. Comme nous l’explique Stéphanie di Giusto, « j’ai croisé le visage d’une femme hors du commun en la personne de Clémentine Dulait, une femme à barbe qui connut la célébrité au début du XXème siècle. Ce visage féminin avec une barbe me fascinait. J’avais des photos, un regard, un mystère à explorer. Après une longue recherche, je n’ai voulu garder de la véritable histoire d’une de ces femmes atteintes d’hirsutisme (c’est le nom scientifique de ce trouble) que ce qui me touchait. Je n’avais pas envie de faire un biopic. »
Sur le tapis rouge du Palais hier soir, il y avait, entre autres, Orelsan, Jean-Michel Jarre avec Gong Li, l’actrice l’actrice Frédérique Bel, les ex Miss France Iris Mittenaere et Flore Coquerel, le duo de réalisateurs Olivier Nakache et Éric Toledano, le chanteur Bilal Hassani, la chanteuse Yseult ou le top model Adriana Lima.
Côté projets et indiscrétions, je peux vous révéler que la réalisatrice Audrey Diwan commencera en octobre à Hong Kong le remake du célèbre film érotique Emmanuelle avec Noémie Merlant qui succèdera à Sylvia Kristel tandis que l’acteur Gilles Lellouche vient tout juste de commencer le tournage de son nouveau long métrage comme réalisateur, L’amour ouf, prévu en 2 parties avec une belle brochette d’acteurs : François Civil, Alain Chabat, Benoît Poelvoorde, Vincent Lacoste, Adèle Exarchopoulos et Jean-Pascal Zadi.
Et au programme de la compétition officielle aujourd’hui, 3 films au menu : Les herbes sèches du réalisateur turc Nuri Bilge Ceylan, Zone of Interest du metteur en scène anglais Jonathan Glazer et Les filles d’Olfa de la tunisienne Kaouther Ben Hania.
À demain… en direct de la Croisette !
René Chiche
