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Esther Duflo, première française et plus jeune prix Nobel d’économie

La Française Esther Duflo récompensée par le prix Nobel d’Economie, avec son époux l’Indien Abhijit Banerjee et l’Américain Michael Kremer, est seulement la 2e femme de l’histoire à recevoir cette prestigieuse distinction. En plus de faire notre fierté, elle mérite notre coup de chapeau !

Entreprendre - Esther Duflo, première française et plus jeune prix Nobel d’économie

La Française Esther Duflo récompensée par le prix Nobel d’Economie, avec son époux l’Indien Abhijit Banerjee et l’Américain Michael Kremer, est seulement la 2e femme de l’histoire à recevoir cette prestigieuse distinction.

Si les trois chercheurs ont reçu le prix Nobel 2019 d’Economie, c’est indéniablement parce qu’ils « ont introduit une nouvelle approche pour obtenir des réponses fiables sur la meilleure façon de réduire la pauvreté dans le monde », a annoncé l’Académie royale des sciences. Ces trois confrères sont ainsi reconnus mondialement comme des pionniers de l’Economie du développement avec un certain type d’expériences de terrain.

Une autre approche contre la pauvreté

Les chiffres sont là pour en attester. Près d’un milliard de personnes vivent avec moins d’un dollar par jour dans le monde. Et force est de constater que les stratégies politiques destinées à lutter contre la pauvreté semblent souvent incapables d’améliorer leurs conditions de vie. Cet échec serait dû en partie au fait que les experts ont pris l’habitude de décider à la place des pauvres de ce qui est bon pour eux sans prendre la peine de les consulter. Tout au long de leurs travaux, depuis maintenant des années, Esther Duflo et son mari Abhijit V. Banerjee essayent d’initier la démarche inverse. Tout leur propos est d’aborder le défi mondial du combat contre la pauvreté comme une série de problèmes concrets qui, une fois correctement identifiés et compris, peuvent être résolus un à un. 

Bio express

• Naissance à Paris le 25 octobre 1972

• Diplômée de l’Ecole normale supérieure de Paris

• Titulaire d’une chaire au Collège de France sur les « Savoirs contre la pauvreté »

• Doctorat d’Economie au Massachusetts Institute of Technology, Etats-Unis, 1999

• Professeur associée au Massachusetts Institute of Technology, 2002

• Professeur à vie à l’Université de Princeton, Etats-Unis, 2004

• Prix du meilleur jeune économiste de France, Cercle des économistes, 2005

• Médaillée du prix John Bates Clark d’Economie, 2010

• Conseiller du président Barack Obama sur les questions de développement, au Comité pour le développement mondial, 2013

• Mariage avec Abhijit Banerjee, 2015 (parents d’un enfant)

• Fondatrice de l’Abdul Latif Jameel Poverty Action Lab, ou J-PAL, un laboratoire de recherche en économie

• Prix Nobel d’Economie, 2019.

A la recherche de solutions concrètes

Dans cette nouvelle approche, ils ont été rejoints par le chercheur américain Michael Kremer, par ailleurs professeur de la chaire Gates des sociétés en développement à l’Université Harvard. Considéré comme l’un des plus brillants économistes internationaux en économie du développement, il a également fondé le WorldTeach, un organisme à but non lucratif qui a déjà envoyé 370 professeurs dans des pays en voie de développement. Les trois lauréats partagent donc une même vision du combat contre la pauvreté pour laquelle ils n’hésitent pas à proposer des solutions concrètes, loin de la pensée unique ou des combats partisans. C’est donc bien une approche de terrain, aussi objective qu’universelle qui a été récompensée cette année par ce Nobel de l’Economie.

Un goût prononcé pour l’humanitaire

Esther Duflo est la plus jeune femme française à recevoir cette distinction à 46 ans seulement. De ses parents – sa mère est médecin pédiatre et son père, Michel, est mathématicien -, la jeune femme née le 25 octobre 1972 à Paris, a hérité non seulement de l’intelligence, mais aussi des valeurs qui lui ont permis de développer empathie envers autrui et un goût prononcé pour l’action humanitaire. Brillante, elle choisit rapidement de faire l’Ecole normale supérieure, tout en travaillant comme bénévole dans différentes ONG.

Le saviez-vous ?

Dernier né des Nobel, ce prix Nobel de l’Economie, officiellement intitulé « prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel », a été créé en 1968 pour célébrer les 300 ans de la Banque de Suède. 

Le tournant de l’économie appliquée

Son diplôme en poche, en 1993, elle décide de partir à Moscou étudier et travailler sur l’histoire et l’économie de l’URSS. Sur les conseils de l’économiste français Thomas Piketty, elle prend le tournant concret de l’économie appliquée, puis soutient sa thèse de doctorat au département d’économie du MIT, consacrée à l’évaluation économique des projets de développement, avant de rejoindre le prestigieux établissement, qui la conduit peu de temps après aux portes de l’université de Princeton. 

Toujours une longueur d’avance

Preuve que le talent n’attend pas le nombre des années, Esther Duflo est très vite et très tôt repérée comme l’une des meilleurs économistes mondiales, dans un classement et une discipline où peu de femmes ont la chance d’être sous les feux des projecteurs. Après avoir reçu la distinction de meilleur jeune économiste de France, à 33 ans, elle décroche la médaille John Bates Clark qui distingue les économistes de moins de 40 ans. Sans oublier le magazine américain Foreign Policy qui la cite régulièrement dans sa liste des 100 premiers intellectuels mondiaux. Après avoir conseillé Barack Obama à la Maison blanche lors de son deuxième mandat en 2013, la chercheuse, avec son prix Nobel d’Economie à tout juste 46 ans, garde une fois encore une longueur d’avance sur ses pairs.

Son dernier livre

 « Repenser la pauvreté » d’Esther Duflo & Abhijit v. Banerjee, Points (2014).

Une vie consacrée à l’Economie

Si Esther Duflo réussit avec un tel brio son parcours, c’est aussi certainement parce que son existence  entière est consacrée à l’Economie, dans son cursus professionnel comme dans sa vie privée. Son mari, Abhijit Banerjee, 58 ans aujourd’hui, fut son professeur et son directeur de thèse. C’est ensemble qu’ils ont fondé une famille, avec la naissance de leur enfant en 2012, qu’ils se sont mariés en 2015 et qu’ils ont étudié les communautés pauvres d’Inde et d’Afrique, pour mesurer l’impact réel de micro-politiques sur la précarité. C’est également ensemble qu’ils ont fondé l’Abdul Latif Jameel Poverty Action Lab (J-PAL), un laboratoire de recherche en économie. Objectif annoncé sur le site de leur labo créé avec un troisième économiste, Sendhil Mullainathan : « lutter contre la pauvreté en veillant à ce que les politiques sociales s’appuient sur des preuves scientifiques ». De leurs méthodes de recherche expérimentale sur la pauvreté est née cette nouvelle dimension aujourd’hui mondialement reconnue de l’économie du développement. Chapeau bas Madame Duflo !

V.L.


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