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Coronavirus : les infos du vendredi 5 juin

Entreprendre - Coronavirus : les infos du vendredi 5 juin

(18h15) Déconfinement : Edouard Philippe sur la sellette…

Dans les couloirs des ministères, les rumeurs vont bon train. Pour relancer son quinquennat après la crise et retrouver un nouveau souffle, Emmanuel Macron pourrait utiliser la carte du remaniement et évincer son Premier ministre. A Matignon, les oreilles d’Edouard Philippe sifflent sans discontinuer. Concentré à sa tâche, l’intéressé n’en oublie pas pour autant l’heure d’après, et prend conseils auprès des ténors politiques, à commencer par Nicolas Sarkozy, qu’il a récemment invité à déjeuner.

Dans les coulisses, différents noms pour remplacer Edouard Philippe se murmurent. Celui de Jean-Yves Le Drian apparaît parmi les favoris. Bruno Le Maire, qui n’a pas fait mystères de ses ambitions, est également au centre de toutes les conversations. Cette deuxième option pourrait être vécue comme un véritable affront par l’actuel locataire de Matignon. Une chose est certaine, «il ne veut pas être chassé comme un malpropre» souligne un ministre à nos confrères de l’Express.

D’autant qu’Edouard Philippe n’a pas démérité. Le Premier ministre semble même sortir renforcé de cette crise, et son bilan est loin d’être mauvais, ce qui fait naître en lui une pointe d’autosatisfaction. «Il se dit qu’il est bien là et qu’il fait le job» précise un de ses proches. Et Jean-Pierre Raffarin de prêcher pour sa paroisse : «son profil sobre et sérieux n’est pas celui qui domine toujours dans la vie politique, mais il peut bénéficier du temps long» . Ce qui confortent certains dans leur idée : le chef de l’Etat ne se séparera pas de son actuel Premier ministre. «On sait ce que l’on perd, on ne sait pas ce que l’on gagne!» souligne Gérald Darmanin.

Celui qui a mis un point d’orgue a faire bonne figure, alors que le crise ébranlait le couple présidentiel, pourrait néanmoins devenir un sérieux concurrent pour le chef de l’Etat. Une belle entente de façade mais, en coulisses, chacun pourrait fourbir ses armes en vue de la prochaine présidentielle? Quelle stratégie adoptera le chef de l’Etat? Alors que certains murmurent qu’une date a déjà été fixée pour se séparer d’Edouard Philippe, Emmanuel Macron pourrait bien en décider autrement, déjouant ainsi tous les pronostics…

(17h09) Coronavirus : la véritable colère des médecins généralistes

SOS Médecins évalue à 16% le nombre de ses médecins contaminés par le Covid-19, tandis que l’Ordre des médecins estime qu’une trentaine de praticiens libéraux sont décédés en France. Des médecins généralistes reprochent au ministre de la Santé d’avoir trahi sa promesse de les équiper de masques FFP2.

Combien de médecins libéraux sont morts pendant l’épidémie du Covid-19? Combien ont été contaminés par le coronavirus? Il est impossible de disposer de données précises de la part des autorités sur ces personnels de santé qui ont pourtant été parmi les plus exposés au virus depuis le début de la pandémie.

Selon une étude de SOS Médecins, que révèle la cellule investigation de Radio France, 16% des 1.300 médecins regroupés dans ses 63 associations ont été contaminés, dont 20% à Paris. C’est bien plus que les médecins d’établissements de santé (des hôpitaux notamment) qui ont été touchés à hauteur de 10%, selon Santé publique France. SOS Médecins ne comptabilise pas de décès dans ses équipes, mais sept personnes sont hospitalisées pour une forme grave du Covid-19, dont trois sont encore dans un état sévère.

De son côté, le Conseil national de l’Ordre des médecins a décompté 40 décès, parmi lesquels une trentaine de médecins libéraux, sur près de 83.000 en activité. «Un chiffre sans doute en-dessous de la réalité», explique son vice-président Jean-Marcel Mourgues, «car les conseils départementaux de l’Ordre ne sont pas systématiquement prévenus par les familles de la cause du décès. Plus de 2.800 médecins généralistes auraient été contaminés par le virus, et une trentaine se trouveraient en réanimation, dont la moitié en situation grave», précise encore l’Ordre.

Une autre évaluation de la Caisse autonome de retraite des médecins de France (CARMF) estime à 46 le nombre de décès de médecins libéraux depuis le 1er mars. Parmi eux, 26 étaient en activité à temps plein et 20 étaient retraités, sans que l’on sache si ces derniers avaient repris une activité bénévole pendant la pandémie.

Ces tous derniers chiffres sont à prendre avec précaution, car les décès attribués au Covid-19 l’ont été sur la base des déclarations des familles des victimes, et non des certificats de décès qui ne mentionnent pas la cause de la mort. «Ils auraient pu fermer leur cabinet, mais l’immense majorité des généralistes libéraux a continué à assurer des consultations en présentiel. Ils sont allés se battre en se débrouillant pour trouver des masques. C’était suicidaire au début», estime Thierry Lardenois, médecin et président de la CARMF.

Des médecins morts en exerçant leur fonction, il y en a aussi eu plusieurs dans le Grand Est, l’une des régions les plus touchées par l’épidémie. «Dans cette région fortement touchée, les généralistes ont été parmi les premiers en France, avec l’Oise, à voir des patients atteints du Covid-19, sans disposer de moyens de protection», affirme Jérôme Marty, du syndicat UFML (Union française pour une médecine libre). «On a eu des confrères qui ont eu 40 à 50 patients infectés par jour dans leur cabinet.»

Autre constat fait par le docteur Marty : «Ils étaient très proches de leurs patients, au sens littéral du terme, proches physiquement, ne comptant pas leurs heures. C’est ce type de médecins qui ont développé les formes les plus graves du virus dans les zones très touchées, et qui, malheureusement, en sont morts.»

Le manque de masques aurait été déterminant dans leur contamination. «50 à 60% d’entre elles viennent des microgouttelettes qui restent en suspension dans l’air», poursuit Jérôme Marty. «Si un médecin généraliste n’aère pas sa pièce, le taux de microgouttelettes se concentre, au fur et à mesure, que les patients entrent. S’il n’a pas de masque FFP2, c’est-à-dire de masque étanche, il respire ce bain viral toute la journée. Et si ça dure deux, trois, quatre ou cinq jours, au bout d’un moment, ça explose. Il reçoit une telle charge virale qu’il va faire une forme très symptomatique de la maladie, se retrouver en réanimation, et parfois en mourir.»

Cette carence de masques FFP2, la plupart des généralistes, contactés par France info, l’ont ressentie comme le signe d’un abandon de la part des pouvoirs publics. «C’est insupportable d’avoir réservé ces masques en priorité aux hôpitaux, et en deuxième partie aux médecins généralistes», s’insurge Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des médecins de France. «On a été en première ligne, et on est aujourd’hui très en colère.»

Même tonalité à SOS Médecins : «On méritait au moins la même protection qu’à l’hôpital, parce que nous étions fatalement plus exposés», regrette Serge Smadja, le secrétaire général de SOS Médecins, tout en se défendant de vouloir créer une quelconque polémique avec ses collègues hospitaliers.

Selon lui, les visites à domicile augmentent particulièrement les risques. «Quand on va chez les patients, taper le code de l’immeuble avec ses doigts, appuyer sur le bouton de l’ascenseur, toucher les poignées de porte, même si l’on fait les gestes barrière, même si l’on se lave les mains et que l’on met du gel, c’est encore plus dangereux qu’au cabinet médical, d’autant plus quand on n’a pas de masque étanche comme les FFP2. Les chiffres sont là pour le prouver.»

Interrogée, la direction générale de la Santé (DGS) a confirmé à France Info que «les masques filtrant de protection de type FFP2 ont été réservés exclusivement aux personnels soignants, en établissements de santé, pour la réalisation des gestes médicaux invasifs ou des manœuvres au niveau de la sphère respiratoire.»

Entre-temps, la stratégie du gouvernement a changé. Il n’est plus question de masques FFP2 pour les médecins libéraux, mais bien de masques chirurgicaux : «Chaque professionnel de santé recevant ce message, c’est-à-dire médecin généraliste, médecin spécialiste, infirmier diplômé d’État, sage-femme, masseur kinésithérapeute et chirurgien-dentiste, est invité à se présenter à son officine de proximité afin de retirer une boîte de 50 masques chirurgicaux du stock État.»

Pour justifier ce changement de stratégie, la DGS précise que les médecins libéraux doivent porter un masque chirurgical, ainsi que leur patient, selon le principe du «double masque». La note précise «qu’en l’absence d’acte invasif, ce principe permet de limiter l’exposition des soignants aux gouttelettes potentiellement infectieuses du patient.»

La note précise enfin que «de nouveaux approvisionnements issus du stock d’État seront assurés afin de permettre aux professionnels de santé de disposer de ces équipements en quantités suffisantes». Résultat, les médecins font avec. La plupart des généralistes interrogés ont eu recours au système D pour se procurer des masques. 

A SOS Médecins. Serge Smadja, le secrétaire général, raconte : «C’est grâce aux dons des sociétés de bricolage, d’agriculteurs, d’entreprises de publicité, de patients, qu’on a pu avoir des équipements. Les gens nous appelaient partout en France pour nous procurer des masques. C’était très difficile car chaque jour, on ne savait pas si on allait en avoir assez. Sans ces dons de masques, on n’aurait pas tenu.»

Entre lassitude et colère, certains médecins ont le sentiment d’avoir été trompés par les plus hautes autorités. «Ils nous ont annoncé qu’on allait avoir des masques et on ne les a pas eus. Ils ont mis un bon mois avant d’être honnête», fulmine Jean-Paul Hamon, de la Fédération des médecins de France. «Ils ne nous ont jamais dit qu’ils manquaient de masques. Ils étaient complètement à la rue. Ils ont fini par nous expliquer que des centaines de millions de masques avaient été commandés, mais que, comme ils étaient essentiellement fabriqués à Wuhan, ils avaient des difficultés à s’approvisionner parce que le monde entier en réclamait.»

Trois médecins membres du collectif C19, Emmanuel Sarrazin, le médecin de Tours, Philippe Naccache, et Ludovic Toro, soutenus par plus de 600 personnels de santé, ont porté plainte contre Olivier Véran, le ministre de la Santé. Ils ont saisi la Cour de justice de la République, seule instance habilitée en France à juger des actes commis par des membres du gouvernement dans l’exercice de leurs fonctions.

Leur avocat, Maître Fabrice Di Vizio, estime que «le gouvernement n’a pas présenté jusque-là de preuves de commandes ou de contrats pour les équipements nécessaires de protection, comme des masques. Ces trois médecins ont également déposé plainte contre Agnès Buzyn, l’ancienne ministre de la Santé, et le Premier ministre Édouard Philippe. Leur avocat les accuse «de s’être abstenus de prendre à temps des mesures pour endiguer l’épidémie de Covid-19.»

(16h04) Déconfinement : La Poste va recruter «2 000 emplois saisonniers»

Le PDG de la Poste, Philippe Wahl, a affirmé, ce vendredi, sur France Info : «Nous allons lancer une campagne de recrutement pour 2.000 emplois saisonniers. Elle sera lancée, dès la semaine prochaine, en direction des jeunes. Je crois que, dans la relance économique, c’est très bien que La Poste puisse se mettre au service de l’économie, comme elle l’a fait avec ses colis pendant la crise», explique Philippe Wahl.

«Ces contrats de deux mois permettront au groupe de maintenir la totalité des bureaux de poste ouverts sur le territoire pendant les mois d’été et d’ouvrir 200 points postaux temporaires dans des zones touristiques pour soutenir l’emploi touristique pour deux mois.» explique-t-il.

«Actuellement, 96% des bureaux de poste sont ouverts», assure Philippe Wahl. Il explique que si des bureaux sont encore soumis à des horaires limités, «c’est qu’il reste encore des personnels en garde d’enfants». Il salue le travail des postiers et postières durant cette crise du coronavirus : «La Poste ne s’est jamais arrêtée, et la meilleure preuve de cela, c’est que, grâce aux élus, grâce aux forces de l’ordre, grâce aux volontaires de La Poste, grâce à nos salariés, la distribution des prestations sociales, début avril, a été réussie.»

Il temporise le nombre de droit de retrait ayant été déposé durant le confinement : «Le droit de retrait a été un frein marginal. Pendant une journée, il y a eu 2.305 droits de retrait sur les 220.000 salariés de La Poste», précise Philippe Wahl.

(14h52) Déconfinement : comment les boites de nuit envisagent de rouvrir

Alors que les bars, cafés et restaurants ont réouvert, ce mardi, les boîtes de nuit trépignent de pouvoir à nouveau accueillir les fêtards et fêtardes. Mais officiellement, rien n’est encore tranché. «On est en attente d’une annonce», indique à BFMTV.com Laurent Lutse, le président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih) pour les cafés, brasseries et établissements de nuit. En ce qui concerne le calendrier de réouverture, il évoque la date du 22 juin, troisième étape du déconfinement, sans aucune certitude. Mais pour lui, «la nuit doit revoir le jour».

«On est capable de recevoir notre public en toute sécurité», assure ce représentant de l’Umih, évoquant une possible distribution de masques pour tous ceux et toutes celles qui se présenteraient sans ce précieux sésame à l’entrée des discothèques. Thierry Fontaine, propriétaire de deux boîtes de nuit, à Lyon, et président de l’Umih Nuit, va même plus loin et estime, pour BFMTV, qu’il n’y a aucune raison pour que les discothèques ne puissent pas rouvrir le 22 juin. «Les Français ont envie de faire la fête, on le voit aux rassemblements sauvages qui se tiennent un peu partout.» Il y aurait même, selon lui, plus de bénéfices que de risques.

«Nous avons un service de sécurité, nous pouvons proposer des règles sanitaires et du point de vue de l’alcoolisation, nous pouvons encadrer les choses. Il n’y a que les personnes à risques qui pourraient, dans un premier temps, éviter de se rendre dans nos établissements.»

Ce patron de discothèques rappelle également que les boîtes de nuit disposent de dispositifs de désenfumage, dans le cadre de la sécurité incendie, permettant un renouvellement et un apport d’air extérieur. «Dans mes établissements, 100% de l’air est renouvelé toutes les huit minutes», assure Thierry Fontaine. «Quand les turbines se mettent en route, ce sont 17.000 m3 qui sont expulsés dehors. Pour certaines boîtes plus grandes, c’est le triple.»

Il suffirait, selon lui, que cette ventilation tourne en continu dès l’ouverture. «Il y a plein de pistes pour que l’on puisse rouvrir, il faudrait que le gouvernement connaisse un peu mieux nos métiers.» Il regrette l’absence de visibilité pour son secteur d’activité. «Une saison, ça se prépare. Comment voulez-vous vous organiser avec vos équipes, booker des artistes quand on vous prévient au dernier moment?»

Le point noir: les rapprochements collé-serré sur la piste de danse. Alors que les bars, cafés et restaurants ont rouvert, interdiction totale pour les clients de consommer debout. Une distance d’un mètre doit également être respectée entre chaque tablée, les groupes sont limités à dix convives et dans les zones «orange», seuls les établissements qui possèdent une terrasse ont le droit d’accueillir du public. 

«Un vigile devrait séparer les gens qui se rapprocheraient d’un peu trop près en dansant? C’est ridicule», dénonce Laurent Lutse, de l’Umih. Analyse similaire pour Jérôme Lacroix, propriétaire de deux clubs, à Poitiers, pour qui les règles de distanciation sont «antinomiques» avec le principe de la boîte de nuit. «Placer les personnes à un mètre les unes des autres, ce n’est pas possible. Si les clients ne s’y retrouvent pas, ne peuvent pas danser, ne peuvent pas être servis au comptoir, ça n’a pas de sens, regrette-t-il pour BFMTV.

Ce patron de boîtes de nuit, dans la Vienne, envisage différents dispositifs pour la réouverture de ses établissements: des distributeurs de gel hydroalcoolique disséminés un peu partout ou encore une prise de température à l’entrée de ses clubs. «Mais réorganiser la salle, cela paraît compliqué», ajoute Jérôme Lacroix.

«Que les espaces soient petits ou grands, ça ne change pas le problème. Le principe, c’est justement de pouvoir rapprocher les gens afin de créer une ambiance.» C’est également le point de vue de Thierry Fontaine, à la tête de deux discothèques dans le Rhône. «Nous avons sondé les professionnels du secteur: 75% d’entre eux assurent que rouvrir dans les conditions actuelles n’est pas viable.»

Quant à la possibilité de déplacer le bar ou la piste de danse en extérieur, lorsque les infrastructures le permettent, elle se heurte à d’autres difficultés. «Le bruit pose problème pour le voisinage, on ne peut pas risquer des plaintes pour tapage nocturne, voire une fermeture administrative», pointe Laurent Lutse, de l’Umih.

Déjà avant le confinement et la crise liée au Covid-19, les boîtes de nuit n’étaient pas au meilleur de leur forme. Fin mai, le patron du VIP Room, une institution parisienne, annonçait qu’il fermait ses portes définitivement. Jean Roch évoquait ainsi «des contraintes économiques et administratives» ainsi qu’une succession de périodes difficiles. 

En une quarantaine d’années, le nombre de clubs et boîtes de nuit a ainsi chuté de 70%, passant de 4.000 dans les années 1980 à quelque 1.200 aujourd’hui. «On est déjà une profession en plein marasme économique», poursuit Jérôme Lacroix. «Si la crise dure, dans les deux ou trois mois, la moitié des discothèques va disparaître. Et à la fin de l’année, on risque d’en compter moins de 500.»

Cet entrepreneur estime que ces établissements devraient pouvoir bénéficier des mêmes dérogations que le secteur ferroviaire (100% des sièges seront commercialisés dans les trains et TGV) ou le secteur aérien (l’Organisation de l’aviation civile internationale ne préconise pas la neutralisation d’un siège sur deux). «Quant à la limitation du nombre de clients, la solution est loin d’être gagnante», juge encore Laurent Lutse. «Si, pour une discothèque, l’équilibre économique est la jauge de 1.000 personnes, recevoir moins de monde ne sera pas rentable. Et certains préféreront ne pas rouvrir.»

(12h59) Coronavirus : l’épidémie est «contrôlée» en France…

Le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, a affirmé, ce vendredi, sur France Inter, à propos du coronavirus : «On peut dire qu’actuellement, raisonnablement, l’épidémie est contrôlée». Il souligne un ralentissement de la circulation du virus et la disponibilité des moyens de gestion de sa propagation.

Alors que la deuxième phase du déconfinement a débuté, ce mardi, le professeur Jean-François Delfraissy reste cependant prudent. «Le virus continue à circuler, contrairement à ce que j’entends parfois. Il continue à circuler, en particulier, dans certaines régions, plus évidemment en région parisienne que dans le sud-ouest de la France, mais il circule à une petite vitesse.»

«Là où on avait à peu près plusieurs dizaines de milliers de cas, autour de 80.000 nouveaux cas, par jour, début mars, on estime que l’on est, maintenant, autour de 1.000 cas, à peu près. Cela montre bien qu’il y a une réduction importante.»

Dans un nouvel avis mis en ligne, ce jeudi, le Conseil scientifique, chargé de guider les pouvoirs publics dans la gestion de la crise liée au Covid-19, recommande de se préparer à «quatre scénarios probables» pour les mois à venir, «allant d’une épidémie sous contrôle à une dégradation critique».

«On le dit très clairement, nous pensons que c’est le scénario numéro 1, c’est-à-dire un contrôle de l’épidémie, qui est le plus probable», explique le professeur Jean-François Delfraissy. «C’est lié à la fois aux conséquences du confinement et au fait que ce virus est peut-être sensible à une certaine forme de température. Malgré ce scénario optimiste, il convient de maintenir un certain nombre de mesures. On ne va pas passer du noir au blanc, mais on ouvre et on va continuer d’ouvrir, à partir du 22 juin, laisser un certain nombre de possibilités, et c’est bien. Il faut que la vie reprenne.»

« Si, après quelques semaines ou quelques mois, l’épidémie de Covid-19 reprend avec des malades qui arrivent de nouveau en réanimation, une série de mesures un peu strictes pourraient être prises, tout en conservant une forme de reprise de la vie, particulièrement dans les grandes villes et, surtout, en région parisienne, où « la majorité des décès et des formes graves est survenue», a précisé le président du Conseil scientifique.

Dans ce scénario, l’idée n’est « peut-être pas » de mettre la région parisienne « sous cloche », mais « en tout cas qu’on revienne à plus de télétravail, qu’on revienne à des conditions plus strictes dans les transports, qu’on revienne à une série d’isolements, avec leur accord bien sûr, des personnes les plus à risque », a expliqué Jean-François Delfraissy.

(12h28) Trois des auteurs de l’étude publiée par «The Lancet» se rétractent

«Trois des quatre auteurs de l’étude controversée, publiée dans «The Lancet», sur l’utilisation de l’hydroxychloroquine contre le Covid-19, ont demandé la rétractation de l’article», a annoncé la revue, ce jeudi soir. «Nous ne pouvons plus nous porter garant de la véracité des sources des données primaires», écrivent les trois auteurs à «The Lancet», mettant en cause le refus du quatrième, patron de la société les ayant collectées, de donner accès à la base de données.

Publiée le 22 mai dans The Lancet, l’étude concluait que l’hydroxychloroquine n’est pas bénéfique aux malades du Covid-19 hospitalisés et peut même être néfaste. Sa parution avait eu un retentissement mondial et des répercussions spectaculaires, poussant notamment l’OMS (Organisation mondiale de la santé) à suspendre les essais cliniques sur l’hydroxychloroquine contre le Covid-19. 

Mais finalement, après de nombreuses critiques mettant en cause la méthodologie de l’étude, y compris de la part de scientifiques sceptiques sur l’intérêt de l’hydroxychloroquine dans le traitement du Covid-19, l’OMS a annoncé, ce mercredi, la reprise des essais cliniques avec cette molécule.

Les critiques mettaient en particulier en cause les données sur lesquelles se fondaient l’étude (96.000 patients hospitalisés entre décembre et avril dans 671 hôpitaux) récoltées par la société américaine Surgisphere, dirigée par le quatrième auteur Sapan Desai. «Nous avons lancé une analyse indépendante de Surgisphere avec l’accord de Sapan Desai pour évaluer l’origine des éléments de la base de données, confirmer qu’elle était complète et répliquer les analyses présentées dans l’article », écrivent les trois autres auteurs dans le texte publié par «The Lancet».

Mais Surgisphere ayant refusé de transférer la base de données, en raison des accords de confidentialité avec ses clients (les hôpitaux à l’origine des données), «les experts missionnés n’ont pas pu conduire une revue indépendante et nous ont informés de leur retrait du processus d’évaluation par les pairs», ajoutent-ils.

(12h13) Bourse : confiance dans la reprise de l’activité économique

Le sentiment de marché reste dominé par la confiance dans la reprise de l’activité économique avec le soutien des banques centrales, amplifié, ce jeudi, par la Banque centrale européenne (BCE), et celui des Etats. Cette confiance l’emporte sur l’ampleur des dégâts causés par le confinement.  Les principales Bourses européennes évoluent en nette hausse, en ce début de séance, ce vendredi…

À Paris, le CAC 40 gagne 2,49% à 5.136,55 points, retrouvant son niveau du 6 mars, avant l’accélération de la chute des marchés liée à la pandémie de coronavirus. A Londres, le FTSE 100 prend 1,28% et à Francfort, le Dax avance de 2,29%. L’indice EuroStoxx 50 est en hausse de 2,47%, le FTSEurofirst 300 de 1,5% et le Stoxx 600 de 1,56%. Ce dernier se dirige vers une progression hebdomadaire de plus de 6% et devrait afficher, en clôture, trois semaines consécutives de hausse, ce qu’il n’est pas parvenu à faire depuis le début de l’année.

La baisse de jeudi (-0,72% pour le Stoxx 600) apparaît donc comme une simple pause et l’annonce par la BCE d’une augmentation de 600 milliards d’euros, supérieure au consensus, de ses achats d’actifs est perçu comme une incitation supplémentaire à la prise de risque, après le plan de relance de l’Union européenne (750 milliards) et celui de l’Allemagne (130 milliards).

«Les annonces de la BCE ont dépassé les attentes et il est clair qu’elles ont été bien accueillies par les marchés», constatent les responsables de la recherche Europe de Nomura dans une note. «La BCE a pris de l’avance et cela devrait limiter les interrogations sur la nécessité d’aller encore plus loin, au moins sur le court terme.» 

Ce sentiment positif occulte l’annonce d’une chute de 25,8% des commandes à l’industrie en Allemagne en avril.La publication du rapport mensuel sur l’emploi, aux Etats-Unis, sera le prochain test de la solidité de l’appétit pour le risque: le consensus table en effet sur 8 millions de suppressions d’emplois, en mai, et un taux de chômage de 19,8%.

(11h52) Coronavirus : chômage partiel de longue durée pour les secteurs en difficulté

Le dispositif de chômage partiel mis en place, en France, pour éviter les licenciements au plus fort de la crise liée au coronavirus ne va pas durer très longtemps, mais un système destiné à soutenir les entreprises confrontées à des difficultés durables sera mis en place au 1er juillet, a déclaré, ce vendredi la ministre du Travail, Muriel Pénicaud.

Dans sa forme actuelle, ce dispositif mis en place, en mars, et qui a bénéficié à près de 13 millions de salariés depuis, permet à l’Etat et à l’Unedic de rembourser aux entreprises les rémunérations qu’elles versent à leurs salariés placés en chômage partiel. Il a déjà été modulé, au 1er juin, et les entreprises participent désormais à hauteur de 15%.

«Mais on va créer un système d’activité partielle de longue durée pour soutenir des entreprises dont les perspectives de reprise d’activité sont plus tardives, par exemple, dans le tourisme, l’aéronautique, l’automobile, et, parfois, des entreprises même dans des secteurs qui vont mieux», a expliqué la ministre.

Les modalités de ce projet seront définies dans le cadre de discussions avec les partenaires sociaux qui doivent s’ouvrir mi-juin et qui porteront sur une série de sujets, dont la réforme de l’assurance-chômage, l’emploi des jeunes ou encore la formation.

A travers cette nouvelle formule, l’Etat viendrait compenser une partie de la perte de pouvoir d’achat des salariés d’une entreprise au sein de laquelle aurait été conclu un accord collectif sur la réduction du temps de travail liée à la baisse d’activité. Mais il y aura forcément des contreparties négociées en termes de maintien de l’emploi.

«Si, par exemple, il y a 20% d’activité en moins, au lieu de licencier 20% des salariés, tout le monde reste», a-t-elle précisé en notant que : «l’objectif est de passer le cap en évitant le maximum de plans sociaux». Selon la ministre, pour l’instant le nombre de plans sociaux en France est comparable à celui de l’année dernière «mais il y en a beaucoup qui se préparent, c’est pour ça que nous voulons sortir ce nouveau dispositif pour le 1er juillet, pour que ce soit une alternative » qui permette d’éviter « un tsunami de licenciements», explique-t-elle.

(10h39) Déconfinement : à Paris, le retour risqué des terrasses…

Après trois mois de fermeture, les bars et restaurants ont enfin pu rouvrir leurs portes. Partout dans l’Hexagone… Sauf en Ile-de-France, où seules les terrasses peuvent de nouveau recevoir des clients. Un premier pas vers une reprise d’activité de plus en plus urgente mais pas sans risque.  

À la Maison Becquet, une brasserie sur les quais du canal de l’Ourcq, dans le XIXème arrondissement de Paris, les habitués reviennent s’installer à la terrasse. Sur les tables, distancées du mètre réglementaire, on se raconte ses souvenirs d’avant le confinement. Les clients remercient les serveurs de «retrouver des plats bien meilleurs qu’à la maison» sur une terrasse plus conséquente qu’auparavant.

Contrairement au reste de la métropole, la réouverture des restaurants et des bars parisiens se limite, jusqu’au 22 juin au moins, aux espaces extérieurs. «Grâce au dispositif de la mairie, qui permet notamment aux cafés et aux restaurants d’étendre leurs terrasses sur les places de stationnement, on peut recevoir jusqu’à 90 couverts, maintenant, à l’extérieur, contre 45 auparavant», explique Sylvain Kuzmin, directeur de l’établissement.  

Malgré une terrasse plutôt remplie et la bonne humeur des clients, côté cuisine l’ambiance est plus morose. Si l’annonce de la réouverture des terrasses était «un soulagement» pour l’équipe, la relance du restaurant, après trois mois de fermeture totale s’est révélée «sportive». 

«Après un grand ménage, on a dû reprendre contact avec nos fournisseurs, et reprendre le lendemain d’un jour férié, c’était aussi courir après les stocks. Nous n’avons pas pu repartir avec l’intégralité de notre carte. Quelques-unes de nos machines n’ont pas supporté de rester à l’arrêt aussi longtemps. Il a fallu les faire réparer, les changer», raconte Aleksandra Stojanovic, propriétaire de l’établissement. 

Des coûts supplémentaires alors que la brasserie a déjà tiré un trait sur les mois les plus rentables de la saison. «Avril, mai, juin, on est aux alentours de 200.000 euros de chiffres d’affaires par mois. Sur le service de ce midi, on aurait dû avoir trois ou quatre fois plus de monde dans des conditions normales, mais ici, tout le monde est encore en télétravail. Beaucoup de nos clients ne sont pas revenus, personne ne fait la queue devant les terrasses», poursuit-elle en reconnaissant des inquiétudes pour l’avenir.

Au-delà de tout remettre en route, il a fallu composer également avec le nouveau protocole sanitaire. Fini les salières et poivrières qu’il faudrait désinfecter entre chaque client, les menus que l’on peut s’échanger. Désormais, les condiments sont en sachet individuel, les cartes en papier sont jetées après chaque client. 

C’est également le choix qu’a fait la brasserie Bellanger, dans le Xème arrondissement de Paris, à quelques pas de gare du Nord. «On va essayer de faire plastifier des cartes prochainement, on ne veut pas faire du tout jetable dans la durée. Ecologiquement cela n’a pas de sens», explique Antoine Casel, responsable logistique. Dans cet établissement, ouvert il y a un peu plus d’un an, la moitié des équipes est revenue travailler, à temps plein. Ici, le choix a été fait de tripler la taille de la terrasse qui peut désormais recevoir jusqu’à 70 clients.

«Lorsque le Premier ministre a annoncé que l’on allait pouvoir rouvrir nos terrasses, on s’est d’abord dit, ‘c’est une super nouvelle’, avant de se rappeler que l’on avait trois jours seulement pour tout réorganiser. Dès vendredi, on a su que la Mairie de Paris nous autorisait à élargir nos terrasses sur les espaces de stationnement. On a la chance d’avoir un long linéaire de 20 mètres devant l’établissement que l’on a pu occuper.»

«Résultat, 70 tables avec 1,33 mètre entre les clients, contre 100 places dans sa configuration habituelle. Et l’espoir d’être rentable: «Avec le dispositif de chômage partiel, on pourra peut-être même rentrer dans nos frais», espère le cogérant de l’établissement, conscient du privilège d’avoir pu augmenter sa capacité d’accueil en extérieur, mais qui n’oublie pourtant pas de faire entrer dans l’équation une inconnue: la météo. 

«Demain s’il pleut personne ne sera en terrasse. Qu’est-ce qu’on va faire des stocks?», pour Frank Delvau, président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH) de Paris Île-de-France, le constat est simple: «Il est urgent de repasser Paris en zone verte. Ouvrir simplement les terrasses, c’est continuer de mettre en danger tout un écosystème.» 

Sur les 18.000 restaurants parisiens, 12.000 seulement ont des extérieurs, et l’agrandissement est loin d’être possible pour tous: «un grand nombre d’adhérents n’a pas pu agrandir sa terrasse, parce qu’il fallait garder les parkings ou que le voisinage s’y est opposé alors que rares sont ceux qui disposent de véritables espaces. Pour beaucoup, la terrasse se résume à quatre ou cinq tables. Jamais en l’état cela ne pourra être rentable.» 

Pour le syndicat professionnel, «l’ouverture des salles de restaurant devrait se faire dès le 15 juin, sans quoi, 30 à 50% des établissements pourraient mettre la clé sous la porte dès septembre.» Un combat de plus pour l’UMIH qui s’est lancé dans un autre bras de fer contre les assureurs qui refusent pour l’heure d’indemniser les pertes des restaurateurs liées à la crise du Covid-19.

(09h57) Déconfinement : le retour en magasins reste encore timide

Seule la moitié des consommateurs a repris le chemin des magasins à la sortie du confinement. C’est ce qui ressort du baromètre du déconfinement établi par la start-up Mytraffic. Cette jeune pousse spécialisée dans l’analyse des flux piétons pour les commerces et les villes, en se basant sur les données de géolocalisation des smartphones, s’est penchée sur la fréquentation de quelque 630 zones commerçantes en France pendant cette crise. 

Et en comparant celle-ci avec la moyenne enregistrée, entre le 1er janvier et le 15 mars, les effets de la crise sanitaire sautent aux yeux. Lors de la première semaine de confinement, la fréquentation des zones commerçantes est ainsi tombée à 60% du niveau normal. Mais il faut dire que les journées du lundi et du mardi étaient encore à 80% et plus (le confinement est entré en vigueur le mardi 17 mars à 12h), alors que la fréquentation du week-end se situait de 35% à 40%.

En plein confinement, la fréquentation des zones commerçantes a ensuite oscillé entre 26% et 36% du niveau d’avant-crise selon les semaines. Selon les chiffres dévoilés par Mytraffic, lors de la semaine du 11 au 17 mai, c’est-à-dire la première semaine de déconfinement, celle-ci ne s’élevait donc qu’à 54% du niveau d’avant crise. 

Si l’on observe la semaine plus en détail, on s’aperçoit néanmoins que la fréquentation des zones commerçantes est montée en puissance de jour en jour: de 42% du niveau d’avant crise le lundi à 69% le dimanche, laissant présager un retour progressif dans les rues et en magasins.

D’autant que le retour dans les zones commerçantes est loin d’être uniforme. Il est ainsi plus rapide dans les ZAC et centres commerciaux de périphérie où la fréquentation a atteint la première semaine de déconfinement 66% du niveau d’avant crise quand dans les zones de centre-ville, elle n’était encore que de 50%. 

De quoi rassurer quelque peu les hypermarchés largement délaissés pendant le confinement au profit du e-commerce et des magasins de proximité. Le retour en magasins a également été plus lent dans les zones les plus touchées par la pandémie de Covid-19 comme à Paris où la fréquentation sur la semaine du 11 au 17 mai s’est établie à 53% du niveau d’avant crise ou à Strasbourg où elle ne s’élevait qu’à peine à 42%. A l’inverse, les zones commerçantes de Nice enregistraient déjà sur la même semaine une fréquentation à 70% du niveau d’avant crise.

Dans la capitale, le déconfinement a davantage favorisé les zones commerçantes qui profitent d’une vie de quartier importante que les lieux touristiques: la rue de Passy dans le XVIe arrondissement a retrouvé les deux tiers de sa fréquentation en temps ordinaire. 

A l’inverse, le Boulevard Haussmann et l’Avenue Montaigne n’étaient encore, à la sortie du confinement qu’à moins de 40% du niveau d’avant crise. La réouverture du Printemps et des Galeries Lafayette, la semaine dernière, va, peut-être, accélérer le retour des consommateurs Boulevard Haussmann.

(09h29) Jean-Baptiste Lemoine : «Aux réservations Citoyens!»

Invité sur BFMTV, à l’occasion d’une soirée spéciale vacances, le secrétaire d’Etat au Tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne, optimiste, veut faire mentir les prévisions : «Les professionnels sont prêts, ils ont des fourmis dans les jambes, l’été peut être réussi.» Alors que 56% des Français ont annulé ou reporté leurs vacances, le Secrétaire d’Etat au tourisme les appelle à partir en vacances.

«Il y a 15 jours, les Français ne savaient pas s’ils pourraient partir en vacances mais depuis le 28 mai, depuis que la phase 2 du confinement a été annoncée, on a vu un vrai frémissement», assure le Secrétaire d’Etat. «J’ai fait le point avec le président de la Fédération de l’hôtellerie de plein air, il me disait qu’on a fait, en quatre jours, autant de réservations que les 44 jours précédents.  «Aux réservations, citoyens!» a lancé le secrétaire d’Etat.

Pressé par les professionnels du tourisme à déconfiner plus vite, le Secrétaire d’Etat assure que l’ouverture des infrastructures progresse. «Les parcs de loisirs peuvent ouvrir depuis le 2 juin, les cafés et restaurants sont ouverts et en quelques jours nous sommes passés de 50 à 80% des hôtels ouverts.»

Mais de nombreux secteurs sont encore touchés, comme l’événementiel, le monde de la nuit, les congrès professionnels et, plus globalement, tous les rassemblements de plus de 5.000 personnes qui restent officiellement interdits jusqu’au 31 août prochain. 

Jean-Baptiste Lemoyne a d’ailleurs été interpellé à ce sujet. «Nos hôtels sont vides, nous perdons trop de temps par rapport à nos voisins», assure Jean-Bernard Falco, le président de l’AhTop, association représentative des acteurs du tourisme professionnel. «Nos événements et congrès sont annulés et les voisins veulent nous les prendre, il faut nous donner les moyens de nous battre.» Le professionnel estime que la date du 31 août, pour la fin de l’interdiction des rassemblements, est trop tardive.

Jean-Baptiste Lemoyne déplore cet état de fait mais assure qu’il ne peut pas aller plus vite. «On a toujours envie d’aller plus vite, mais il faut y aller, étape par étape. Rien ne serait pire que de lâcher les chevaux trop vite et faire face à une deuxième vague d’épidémie. Nous avons déjà supprimé la limite des 100 km et rouvert les bars et restaurants, nous continuons à avancer.»

(08h52) Déconfinement : France Télévisions doit réinventer Roland Garros

L’épidémie du coronavirus a eu raison du principal tournoi de tennis français, traditionnellement organisé entre la dernière semaine de mai et la première semaine de juin. Il est reporté du 20 septembre au 4 octobre. Un défi de taille pour France Télévisions.

Impossible pour la holding publique de rogner sur les droits versés à la Fédération française de tennis, estimés autour de 18 millions d’euros par an. Le contrat a prévu des clauses de force majeure : «Si l’événement a lieu, on doit le régler au prix convenu», explique Laurent-Eric Le Lay, le directeur des sports de France Télévisions. «Mais a-t-il la même valeur?», demande-t-il. 

La régie France Télévisions Publicité assure que «le report n’aura pas d’impact sur les recettes publicitaires». Laurent Eric Le Lay n’a pas d’inquiétudes sur l’audience. «L’intérêt sportif sera présent», assure-t-il. «Il y aura un phénomène de curiosité. Et puis les Français sont plus nombreux devant leur télévision en septembre qu’en mai, où le soleil les écarte du téléviseur.»

Mais le spectacle ne sera pas le même : les confrontations pourraient se tenir à huis clos, total ou partiel, et le public, déterminant pour l’ambiance des matches, pourrait être limité à 5.000 personnes. Ce qui fait gamberger le services des sports, car la présence du public est déterminante pour l’ambiance des matchs de tennis. Pour éviter que le téléspectateur ne s’ennuie, France Télévisions étudie des solutions de bruitages artificiels imitant les applaudissements!

«Par ailleurs, la présence ou non du public détermine les conditions dans lesquelles on va organiser la production du tournoi», ajoute Laurent-Eric Le Lay. C’est en effet France Télévisions qui dispose ses caméras, capte les images et les met à disposition des télévisions du monde entier. 

«Ma problématique, c’est de remplir les conditions sanitaires réclamées par l’Etat, les organisateurs de l’événement et la politique de France Télévisions», ajoute Laurent-Eric Le Lay, qui se penche notamment sur la promiscuité dans les cars régie, ces véhicules exigus bourrés de technologie où les salariés travaillent dans une grande promiscuité. 

«Quoi qu’il arrive, on va réorganiser ces cars : on ne peut pas mettre en danger la vie des collaborateurs», explique Laurent-Eric Le Lay. Même incertitude sur l’organisation des plateaux : le patron des sports de France Télévisions se ménage la possibilité d’abandonner la traditionnelle terrasse du cours Philippe Chatrier, cadre traditionnel des directs durant le tournoi, pour un studio niché au siège parisien de France Télévisions.

Mais,pour le téléspectateur, le dispositif d’antenne restera le même que les années précédentes. Tous les matchs seront couverts, à partir de 11 heures, sur Internet et, sur France 2, l’après-midi. En attendant, pour calmer les fans, France Télévisions propose, en ligne, des matches de légende, comme l’incroyable Tchang-Lendl, en 1989, des fiches sur les grands joueurs ou un jeu en ligne dédié à la balle jaune : pas de quoi compenser la fréquentation du site durant le tournoi.


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