Avec « Le déserteur », le réalisateur Dani Rosenberg signe une œuvre forte et audacieuse pour son second long métrage (après « La mort du cinéma et de mon père aussi », sorti en 2020). Alors que le conflit entre Israël et les terroristes du Hamas se poursuit dans la bande de Gaza, ce film brille aussi bien par son thème que par la maîtrise de sa mise en scène.
Projeté en clôture lors du récent et excellent Festival du cinéma israélien de Paris qui s’est tenu au mois de mars, « Le déserteur » raconte l’histoire de Shlomi, un soldat israélien de 18 ans, qui fuit les champs de bataille pour rejoindre sa petite amie à Tel-Aviv. Errant dans cette ville à la fois envoûtante, libre, tolérante, paranoïaque et insouciante, il finit par se rendre compte que l’armée s’est mise à sa recherche, persuadée qu’il a été kidnappé. Avec un scénario très bien mené et qui ne tombe jamais dans le prévisible, « Le déserteur » nous emmène dans un périple haletant à travers Tel-Aviv.
Et le héros (formidablement campé par le comédien Ido Tako, qui irradie l’écran par son intensité, sa fragilité et son regard) symbolise une partie de la jeunesse d’Israël se battant contre des idéaux qui ne sont pas forcément les siens.
Pour le metteur en scène Dani Rosenberg, « Shlomi, le héros du » Déserteur », est l’incarnation parfaite de mes sentiments par rapport à mon pays. Il réagit exactement de la manière dont je réagirais, moi, si j’avais du courage. Cette anomalie de la vie israélienne et de ma génération – la volonté de fuir à tout prix notre existence sanglante – a guidé mon projet dès le départ. » S’il y a bien un film à découvrir absolument cette semaine (tourné avant la guerre à Gaza), il s’agit du « Déserteur ». Dans le contexte actuel, la désertion de ce jeune militaire de Tsahal prend une résonance cinématographique particulière. Ne « désertez » pas ce remarquable long métrage made in Israël.
René Chiche
« Le déserteur », sortie en salles le 24 avril. Durée : 1 h 38