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Charles Gave : « Pour la première fois depuis le début de l’Euro, il y a une divergence totale entre la volonté des Français et celle des Allemands »

Entreprendre - Charles Gave : « Pour la première fois depuis le début de l’Euro, il y a une divergence totale entre la volonté des Français et celle des Allemands »

Charles Gave est un financier et essayiste. Auteur de plusieurs ouvrages, il préside l’Institut des libertés, et a entrepris dans de multiples pays du monde, notamment en Asie. Régulièrement interrogé par sa fille Emmanuelle Gave, avocate, il connaît un succès remarquable en partageant son expérience et ses analyses économiques.

Tom Benoit : Comment est gérée la relation entre le système financier européen – l’Eurosystème – et les États de l’Union européenne ?

Charles Gave : Au départ, en aucun cas la Banque centrale européenne (BCE) ne devait acheter les obligations des États.

Pourtant, c’est ce qui se fait. Cela a même fait l’objet d’un grand plan présenté au milieu des années 2010.

À partir de Draghi un dilemme est apparu ; soit le traité était respecté et l’Euro s’effondrait, soit le Traité était trahi et la BCE achetait des obligations pour permettre à l’Italie de ne pas être en faillite. Il aurait été logique que la Bundesbank intervienne et s’oppose à cela. Ils ne l’ont pas fait. Aujourd’hui, en Allemagne, l’inflation atteint environ 7 %. Les Allemands ne l’accepteront pas longtemps. La Bundesbank va donc demander à ce que l’on remonte les taux. Sauf que ni la France ni l’Italie ne supporteraient cela. Donc, pour la première fois depuis le début de l’Euro, il y a une divergence totale entre la volonté des Français et celle des Allemands.

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Normalement, un pays membre de la zone euro ne devait pas dépasser environ 96 % d’endettement de son PIB.

Oui, il ne devait pas non plus avoir plus de 3 % de déficit. Rien de cela n’a été respecté.

Donc nous avons quasiment atteint dans la zone euro un point de non-retour.

Si les taux d’intérêt étaient à 7 %, compte tenu du niveau d’endettement, l’intégralité des recettes fiscales irait au service de la dette.

Il s’agirait là d’une crise de solvabilité.

Cela signifierait que la dette de plusieurs pays ne vaudrait plus rien.

Dans cette situation, on assiste généralement à un appauvrissement d’une grande partie de la population.

Et surtout, beaucoup de banques seraient en faillite. Si la valeur des réserves d’une banque arrive à zéro, l’organisme disparaît. La crise de liquidité est commune. Pour autant, lorsqu’il s’agit d’une crise de solvabilité…

Si le système comprend de petits organismes bancaires indépendants, cela peut même réguler le système en faisant diminuer le volume monétaire. Puisqu’aujourd’hui, quoi qu’il en soit, il y a trop de monnaie.

Le système financier

En quelque sorte, une banque détient l’accréditation de matérialiser dans le système financier, la richesse que quelqu’un va créer.

Oui, ceci est surtout le rôle des marchés financiers. La banque a plutôt vocation à mutualiser les risques en se situant entre les rentiers, les entrepreneurs… Une banque est un paratonnerre.

De 1960 à nos jours, notre société est passée de deux milliards à plus de sept milliards d’êtres humains. Durant ces dernières décennies, la croissance pouvait faire accepter tous les prétextes. Et à présent, on s’aperçoit que la société va devoir consommer différemment.

C’est une idée très malthusienne. Le vrai problème n’est peut-être pas là. Pour ce qui est de la France, le problème vient du poids de l’État qui est passé de 30 % à 60 % en trente ans. D’ailleurs, le problème ne vient pas de l’Euro, mais de la mauvaise gestion politique.

Les pays du BRICS n’auraient-ils pas intérêt, petit à petit, à créer un nouvel étalon, composé d’une indexation sur l’exportation de richesses – énergétiques notamment – et les réserves d’or…

J’ai écrit un ouvrage à ce propos il y a 4 ans.

La Chine, l’Ouzbékistan également, ont acheté beaucoup d’or durant ces dernières années. Pour autant, ces pays n’en détiendront jamais autant que les Américains à partir des années 40.

Les États-Unis déclarent détenir autant d’or qu’à l’époque ; j’en doute fortement. Personne n’a fait d’audit à ce propos.

Finalement, ça n’aurait plus grande importance puisque l’étalon-or n’est plus en vigueur.

Oui. Sauf que si à partir de maintenant les soldes entre pays débiteurs et pays créditeurs venaient à être soldés soit avec des émissions obligataires, soit avec de l’or, plus personne n’aurait besoin du dollar.


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12 commentaires sur « Charles Gave : « Pour la première fois depuis le début de l’Euro, il y a une divergence totale entre la volonté des Français et celle des Allemands » »

  1. Il oublie la dimension politique. Le dollar est roi parce que les USA sont tout puissants et contrôlent l’UE, et bon nombre d’autres pays. Jamais les US n’accepteront la perte de leur hégémonie, avant d’y être forcés par les armes, ce qui n’est pas avant une à plusieurs décennies.

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  2. Le problème « c’est qu’il y’a trop d’état » ! . C’est pas plutôt la seule chose qui ait amorti la chute.
    Sinon j’avais un deuxième commentaire à faire mais vous le trouverez dans mon livre.

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  3. « … J’en doute fortement »
    Et j’en passe.

    Discours affligeant, fait d’affirmations sans contradicteur, en particulier sans membre de « entreprendre » pour demander des arguments.
    On peut donc affirmer sans aucune justification tout et n’importe quoi ?

    Pas étonnant que ce monsieur ait financé un des valets des financiers, mr Zemmour (même s’il s’est retiré depuis, l’intention était là).

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    • Bien peu de monde arrivé à son niveau de connaissance économique dans le monde, c’est petit de le réduire ainsi sur un détail des dernières élections.

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  4. Il se trouve que la politique financière pour enrichir les pays de l ex union soviétique afin d équilibrer le système etait engagé sans y réfléchir aux conséquences que nous subissons aujourd’hui.

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  5. Charles Gave, le génie des changes, qui pendant dix ans a prédit que l’euro ne passerait pas la Noël.
    Il n’y a plus que sa fille à lui tendre le micro.
    C’est un charlot.

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  6. Aucun rigueur intellectuelle
    L etat a permis de sauver le system financiers en 2008.
    Le credit suisse en 2023.
    La vérité c’est que la moitié des « élites  » devraient être en prison.
    Gave se fiche du GR…pire il s’en gave.

    Répondre

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