Je m'abonne

Affaire Monaco : des crises bancaires et de l’immobilier sont-elles à craindre ?

Alors que plusieurs soupçons de corruption font vaciller un palais princier en conflit médiatico-judiciaire avec son ancien administrateur, les démêlés actuels ne seraient-ils pas en réalité les simples prémices d’une nécrose financière qui pourrait intervenir très prochainement ?

Entreprendre - Affaire Monaco : des crises bancaires et de l’immobilier sont-elles à craindre ?

Afficher le sommaire Masquer le sommaire

L’exil bancaire des gros déposants serait une conséquence majeure du passage de Monaco en zone grise. Par ailleurs, l’immobilier sur le rocher avoisine encore régulièrement les cent mille euros du mètre carré.

Les banques et l’immobilier sur la sellette

La place financière de Monaco, représentant environ 160 milliards d’euros, est répartie en trois tiers. Deux d’entre eux rassemblent des titres, et un constitue les dépôts. Ce sont à peu près 54 milliards d’euros qui sont logés dans les banques monégasques. Parmi celles-ci, l’on retrouve quelques entités locales, ainsi que des antennes de grandes banques étrangères.

Dans le Géostratégie magazine actuellement en kiosque, l’ancien directeur général du Siccfin (circuits financiers) Michel Hunault, lance à travers une tribune, un message d’alerte pour l’honneur de Monaco.

Parce que si Monaco continue de défrayer la chronique, tant pour des conflits personnels au sommet que pour des affaires de blanchiment mêlant les plus puissants, nul doute que nombre de déposants finiront par transférer leurs liquidités actuellement stockées dans des banques monégasques vers des places financières moins à risque – aux USA, au Moyen-Orient ou en Suisse par exemple…

De surcroît, le rapport MONEYVAL de décembre 2022 exhortait Monaco à durcir ses mesures anti-blanchiment, et aujourd’hui la menace d’être placé sur la liste grise du GAFI dans quelques semaines pèse de plus en plus lourdement. Au-delà des conséquences techniques qu’une telle décision induirait, un brutal climat de frilosité frapperait alors probablement le marché immobilier du rocher – les potentiels investisseurs étrangers étant généralement peu séduits par des secteurs qui sont pointés du doigt par les régulateurs de la finance internationale.

Lorsqu’il était en fonction, Michel Hunault avait mis en place une cellule anti-blanchiment spécialement orientée sur les crypto-actifs. Généralement, les États placés en zone grise ou risquant de l’être, rencontrent des problématiques de blanchiment ou de financement d’actes terroristes. Concernant Monaco, le premier point est de toute évidence celui qui a alerté les équipes de MONEYVAL.

L’origine du trouble

Au printemps 2023, le tout-puissant Claude Palmero est poussé vers la sortie. Cet administrateur des biens du palais princier, fils de son père, lui-même en son temps administrateur du prince Rainier, semble avoir été contraint de céder sa place à un certain Salim Zeghdar. Ce dernier, qui avait fait ses armes aux côtés de Palmero, a été confirmé à son poste par Ordonnance souveraine le 20 décembre 2023 et après plusieurs mois d’intérim. C’est probablement parce qu’il n’est pas un personnage médiatique, que nos confrères du Monde se sont peu intéressés à son cas dans leur grand dossier “Monaco : plongée dans les secrets financiers de la famille princière”, paru il y a quelques semaines. Pourtant, sur le rocher, l’ascension fulgurante de cet homme d’affaires fait des gorges chaudes. Nombreux sont ceux qui s’interrogent à propos de l’influence exacte qu’il exerce sur Albert II.

Le prince, justement contacté par Le Monde, ne manquait pas d’invectiver Palmero : “Les liens entre les princes de Monaco et les membres de la maison souveraine, qu’ils choisissent librement, ont toujours été bâtis sur la confiance. Or, avec le temps, cette confiance a été rompue et les devoirs qui en découlent ont été bafoués. Albert II laisse même entendre que son ex-administrateur manquait de transparence : “À de nombreuses reprises, et malgré des demandes répétées, je me suis trouvé dans l’impossibilité d’obtenir un état précis du patrimoine familial. Par exemple, en mars 2023, alors que je souhaitais apporter une aide financière à mon ancienne université, ce qui fut impossible, alors que Claude Palmero m’avait toujours assuré qu’il s’occupait de tout et que je devais lui faire confiance, comme mon père l’avait fait avec le sien.”.

Seulement voilà, en dépit de ces déclarations et de la récente manifestation organisée pour son anniversaire, le Prince semble perdre pied et ne pas être parvenu à couvrir Palmero d’un quelconque opprobre. L’image de ce dernier est d’autant plus difficile à déconstruire, qu’elle n’a jamais été bâtie. Il s’agit d’un homme de l’ombre, sans aucun scandale à son actif, et qui n’a aucunement fait l’étalage d’un train de vie fastueux.

Un de ses proches, contacté par la rédaction de Géostratégie magazine, s’exprimant sous couvert d’anonymat, va même jusqu’à le décrire comme un homme au train de vie austère : “Je ne l’ai jamais vu rouler avec une voiture de luxe. Ses bureaux sont modestes. À ma connaissance, ses seules grosses dépenses à caractère hédoniste sont réunies dans des voyages qu’il partage avec ses proches”.

Visiblement, les problématiques, comme les prises de position, s’entremêlent. Palmero laissent partout entendre qu’il n’acceptera pas de se laisser salir alors qu’il a toujours été d’une probité sans faille, et le prince n’a pas intérêt à ce que Monaco et ses privilèges soient davantage dans le viseur des institutions internationales. Quant aux quelques milliardaires monégasque détenant l’essentiel de leur fortune en immobilier, une dégradation de la situation pourrait bien conduire vers une diminution gigantesque de la valeur de leurs actifs.

Les semaines qui arrivent s’annoncent chargées pour Monaco, avec de multiples rebondissements en perspectives. Pour rester informés, retrouvez Géostratégie magazine (groupe Lafont-presse) en kiosque partout en France ainsi qu’à Monaco. Un dossier exclusif sur le sujet est à lire dans le numéro actuellement diffusé, et un hors-série entièrement consacré aux dessous de cette affaire sera bientôt publié.

Tom Benoit


Vous aimez ? Partagez !


Entreprendre est un média indépendant. Soutenez-nous en nous ajoutant à vos favoris Google Actualités :

Publiez un commentaire

Offre spéciale Entreprendre

15% de réduction sur votre abonnement

Découvrez nos formules d'abonnement en version Papier & Digital pour retrouver le meilleur d'Entreprendre :

Le premier magazine des entrepreneurs depuis 1984

Une rédaction indépendante

Les secrets de réussite des meilleurs entrepreneurs

Profitez de cette offre exclusive

Je m'abonne