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Le principe de « réassurance » va-t-il casser la croissance ?

Agnès Verdier-Molinié

La chronique d’Agnès Verdier-Molinié, Directrice de la Fondation iFRAP

Le gouvernement fait un pari, un pari risqué et non chiffré : celui de considérer que l’effet « confiance » suscité par l’utilisation du passe sanitaire va préserver l’activité et la croissance 2021. Dans une logique de « réassurance ».

Problème : pour l’instant c’est l’effondrement qui prime, on voit dramatiquement baisser depuis l’annonce du passe sanitaire dans la vie quotidienne la fréquentation dans le cinéma (-70%), les zoos, les parcs d’attraction… L’impact économique du passe sanitaire le plus coercitif d’Europe est sous nos yeux : les acteurs du tourisme se préparent pour certains à refermer, pour d’autres à essuyer une baisse entre 30 et 60% de baisse de leur chiffre d’affaires annuel.  

Beaucoup de Français et de touristes en France ne souhaitent tout simplement pas faire l’objet de contrôles kafkaïens. Qui a compris comment un étranger vacciné fait valoir sont passe sanitaire à l’entrée d’un restaurant ? Qui a compris comment on obtient le certificat de rétablissement du Covid censé rentrer dans le passe ? 

74 pages d’étude d’impact sur la loi relative à la gestion de la crise sanitaire et pas une ligne pour évaluer l’impact économique de la contrainte du passe sanitaire dans les restaurants, les parcs d’attractions, les zoos, les piscines de camping, les cinémas ?

Pas une ligne pour le coût pour ces entreprises et le coût pour l’Etat. Les sanctions pour les entrepreneurs sont bien, elles, largement détaillées : amendes, peines d’emprisonnement… Le Sénat s’en est ému et a demandé à juste titre « une évaluation hebdomadaire de l’impact économique de l’extension du passe sanitaire (…) en intégrant notamment une évaluation de la perte de chiffre d’affaires liée à l’application de ces dispositions »

Cela n’effraye visiblement pas Bercy. Pourtant, le coût pour les entreprises peut être estimé à plus de 30 milliards d’euros pour les secteurs concernés et à plusieurs milliards pour nos finances publiques. Le ministre des Finances le dit et le redit : Bercy compensera intégralement la perte de chiffre d’affaires. On comprend que les vannes du « Quoi qu’il en coûte » sont toujours ouvertes. Les vannes de la dette avec.

Clairement, l’Exécutif a fait voter le Parlement sur ce texte dans le brouillard budgétaire le plus total avec une étude d’impact qui ne porte d’impact que le nom. Le Conseil constitutionnel, saisi à la fois par députés, sénateurs et Premier ministre, demandera-t-il au gouvernement un chiffrage correct, prouvant son principe douteux de réassurance ? Se prononcera-t-il sur la liberté d’entreprendre ? On l’espère.


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